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Un cinéaste et un écrivain, les deux issus du même lieu, le fameux quartier mythique Hay Mohammadi et dont l’abréviation sur les CIN marocaines est connue par les initiales HM. Cinq cents mètres séparent à peine l’habitation des deux auteurs et quatre à cinq ans de différence d’âge entre eux. Ils ne se sont jamais rencontrés auparavant. Ils ne se sont connus que plus tard, lorsque Najib Abdelhak, devenu journaliste, commence à écrire sur le cinéma, lui le dévoreur de films comme il se plait à s’appeler. Une habitude et une passion venue de sa fréquentation régulière et obsessive du cinéma Saada, la salle du quartier que Mohamed Mouftakir, le cinéaste fréquentait lui aussi. Mais tout ça n’est que de l’histoire. Ce qui semble étrange et intéressant à la fois, c’est la démarche adoptée par chacun des deux auteurs pour aborder leurs œuvres. Une démarche où le temps, l’espace et les personnages prennent le dessus sur l’intrigue. Ces éléments diégétiques jouent un rôle important pour tisser la trame narrative sans artifice ni maniérisme superflus. Dans les deux œuvres, il n’y a pratiquement ni intrigue à deviner ni mystère à dévoiler, à l’image du quartier natal des auteurs, où les gens n’ont rien à se cacher les uns les autres, où tout le monde connaît tout le monde. Les gens de Hay Mohammadi sont par essence des personnages felliniens, vivant leur complexité au-delà de toute notion de bien et de mal, s’accrochant à la vie avec tout ce qu’elle a de meilleur et de pire, vivant dans un temps appelé les années 70, une période très déterminantes dans l’histoire du pays et dont la génération fait le Maroc d’aujourd’hui. Les personnages de « L’Orchestre des aveugles » et « Des Territoires de Dieu » évoluent dans un espace ouvert et fermé à la fois, un espace qui les écrase mais qui leur permet aussi de s’évader, de s’envoler aussi bien dans la réalité que dans le rêve et le songe. Des personnages qui ne se jugent pas mais qui s’acceptent malgré leurs conflits permanents, des conflits qui donnent droit et raison à leur existence. Regarder ce film ou lire ce roman est un véritable moment de plaisir. Un plaisir intense duquel le spectateur sort complètement changé. Le doute cèdera la place au grand questionnement et aux interrogations multiples sur le Maroc de demain. « L’Orchestre des aveugles » et « Les Territoires de Dieu » sont un beau voyage de plaisir, d’émotions et de réflexions. A ne pas rater sous aucun prétexte.