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"Six mois et six millions de personnes forcées de se déplacer, ça fait en moyenne un million par mois, c'est une souffrance horrible", décrit à l'AFP Mamadou Dian Balde, directeur régional du Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), chargé du Soudan.
La guerre entre les forces régulières fidèles au chef de l'armée Abdel Fattah al-Burhane et les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo a fait plus de 9.000 morts depuis avril, selon un bilan de l'ONU sans doute très sous-estimé, et forcé près de 6 millions de personnes à fuir, dont 1,2 ont quitté le pays.
Un nombre immense sur un court laps de temps, "des populations très fières qui se retrouvent en train de quémander", "des vies totalement bousculées"... Le manque d'attention sur cette situation "n'est pas normal", juge Mamadou Dian Balde, alors que les yeux du monde sont tournés vers Gaza. D'autant que le nombre de ceux qui fuient est reparti à la hausse avec l'avancée des FSR qui concentrent leurs efforts sur Nyala, deuxième ville du pays, au coeur du Darfour.
Et Washington s'est alarmé jeudi d'informations sur une "attaque imminente et de grande ampleur" des paramilitaires soudanais à El-Facher, chef-lieu du Darfour-Nord. De plus en plus d'habitants du Darfour sont poussés vers le sud, vers le Tchad il y a quelques semaines et maintenant vers le Soudan du Sud. "Il y a quelques jours, c'était 1.500 (personnes) par jour, maintenant c'est 2.000, 3.000 par jour" qui arrivent au Soudan du Sud, souligne le responsable du HCR, montrant le message posté jeudi sur X depuis cette frontière par sa collègue Dominique Isabelle Hyde. "J'ai été témoin de scènes dramatiques à la frontière avec le Soudan. 10.000 personnes cherchant refuge sont arrivées en trois jours", a écrit la responsable des relations extérieures du HCR. La priorité est une cessation des hostilités, insiste Mamadou Dian Balde, qui "espère un miracle, que les négociations de Jeddah arrivent à arrêter les combats".
Des pourparlers entre les belligérants ont en effet repris fin octobre en Arabie saoudite, alors que les précédentes tentatives de médiation n'ont abouti qu'à de brèves trêves, systématiquement violées. En attendant, "il faut alléger la souffrance (des réfugiés), en donnant des ressources à ces personnes dont le nombre ne fait qu'augmenter", plaide-t-il. Le plan de réponse humanitaire de l'ONU réévalué en août demandait environ 1 milliard de dollars en anticipant un nombre de 1,8 million de réfugiés d'ici fin 2023.
Ce plan n'est financé qu'à 38% alors que "les besoins grandissent", insiste le responsable onusien. Et que "la plupart des réfugiés vont dans les parties les plus pauvres du Soudan du Sud et du sud du Tchad". Là où les communautés locales ne peuvent pas absorber ces nouvelles populations, le HCR se résout à construire de nouveaux camps, comme au Tchad où 400.000 nouveaux réfugiés sont venus s'ajouter aux 400.000 présents depuis l'atroce guerre de 2003 au Darfour.
"C'est la dernière chose que l'on veut faire" mais "nous avons besoin de créer de nouveaux camps, parce que les populations sont à la frontière" dans "des conditions extrêmement miséreuses", assure Mamadou Dian Balde. Le responsable onusien n'oublie pas pour autant les communautés locales. "On veut du développement", dit-il. "Il faut investir ces endroits parce que si on ne donne du soutien qu'aux réfugiés, cela va créer des tensions et les tensions peuvent se traduire en violence".