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"Penser qu'un Etat puisse chercher à dissuader des parents en infligeant de tels abus sur des enfants est inadmissible", a affirmé Zeid Ra'ad Al Hussein, en ouvrant une session du Conseil des droits de l'Homme à Genève.
L'administration américaine a révélé vendredi que sa nouvelle politique de tolérance zéro à la frontière avec le Mexique avait conduit depuis mi-avril 2.000 enfants à être séparés de leurs parents, arrêtés pour être entrés illégalement aux Etats-Unis.
Ces révélations ont déclenché une vive polémique aux Etats-Unis et conduit la Première dame américaine Melania Trump à plaider en faveur d'un accord rapide au Congrès pour adopter une réforme de l'immigration, en confiant "détester voir des enfants séparés de leur famille".
"Je suis profondément inquiet par les politiques adoptées récemment qui punissent des enfants pour les agissements de leurs parents", a dit M. Zeid dans son discours au Palais des Nations, siège de l'ONU à Genève, en dénonçant des "pratiques cruelles".
"J'appelle les Etats-Unis à stopper immédiatement la séparation forcée de ces enfants, et j'encourage le gouvernement à ratifier enfin la Convention sur les droits des enfants", a-t-il ajouté. Les Etats-Unis sont le seul pays à ne pas avoir ratifié ce texte qui protège les droits fondamentaux des enfants.
Face au tollé, le président Trump a accusé les démocrates d'être responsables de cette situation et a réclamé, pour y mettre fin, une vaste réforme sur l'immigration qui patine depuis des mois au Congrès.
"Les démocrates peuvent apporter une solution à la séparation forcée des familles à la frontière en travaillant avec les républicains à une nouvelle loi, pour une fois", a-t-il encore tweeté samedi.
La Maison Blanche revendique ouvertement cette politique, sans en nier l'aspect dérangeant.
"Personne n'aime voir des bébés arrachés des mains de leur mère", a dit dimanche une proche conseillère de Donald Trump, Kellyanne Conway, sur la chaîne NBC.
L'opposition démocrate s'est révoltée contre ce qu'elle estime être une manipulation et une politique qui provoque le malaise jusque dans les rangs républicains.
"Ils appellent cela +tolérance zéro+ mais un meilleur nom est +humanité zéro+ et il n'y a absolument aucune logique pour cette politique", a déclaré le sénateur Jeff Merkley (Oregon), à la tête d'un groupe d'élus démocrates qui a visité la frontière.
"Il est totalement inacceptable (...) de blesser des enfants et de les traumatiser afin d'envoyer un message politique à des adultes d'outre-mer", a-t-il ajouté.
Après avoir visité un supermarché transformé pour l'occasion en centre d'accueil pour 1.500 enfants de migrants, M. Merkley a affirmé que "blesser des enfants pour s'en servir de levier législatif est inacceptable". "C'est diabolique", a-t-il martelé.
Même ton chez l'ex-président démocrate Bill Clinton qui a tweeté: "Ces enfants ne doivent pas être utilisés comme un outil de négociation".
L'élue Sheila Jackson-Lee a accusé le président Trump de mentir lorsqu'il affirme qu'il ne fait que suivre à la lettre les lois en vigueur.
"Le président ne dit pas la vérité. Il n'y a pas de loi, il n'y a pas de politique qui permet d'arracher des enfants à leurs familles", a-t-elle affirmé.
"Je vous assure que nous allons nous battre jusqu'au bout pour mettre un terme à ce programme hideux qui malmène des enfants et représente un énorme abus à l'encontre des enfants", a-t-elle poursuivi.
L'ex-Première dame Laura Bush a, elle, ouvertement critiqué l'approche républicaine. "J'habite un Etat frontalier. Je comprends le besoin de renforcer et protéger nos frontières internationales, mais cette politique de la tolérance zéro est cruelle. Et ça me brise le coeur", a écrit Mme Bush, qui vit au Texas, dans un éditorial publié par le Washington Post.
Le rythme des séparations s'est nettement accéléré aux Etats-Unis depuis début mai, lorsque le ministre américain de la Justice Jeff Sessions a annoncé que tous les migrants passant illégalement la frontière avec le Mexique seraient arrêtés, qu'ils soient accompagnés de mineurs ou pas. Or les enfants ne peuvent être envoyés dans la prison où sont détenus leurs proches, ce qui conduit aux séparations.