En proie au chaos depuis la chute du régime de Kadhafi, la Libye compte deux Parlements - et deux gouvernements - qui se disputent le pouvoir, l'un basé à Tripoli et l'autre à Tobrouk (est), ce dernier étant le seul reconnu par la communauté internationale.
En dépit de l'absence des représentants du Parlement de Tripoli, soutenu par Fajr Libya, une coalition de milices en partie islamistes, les parties libyennes ont paraphé samedi soir à Skhirat au Maroc un accord de sortie de crise après plusieurs mois de négociations sous l'égide de l'ONU.
Cet accord "de paix et de réconciliation" prévoit notamment la formation d'un gouvernement d'union nationale et la tenue de nouvelles élections. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, attend désormais "avec impatience la conclusion rapide d'un accord complet", a indiqué dimanche son porte-parole dans un communiqué.
Ces accords dessinent "les institutions et les mécanismes de prise de décision" jusqu'à l'adoption d'une nouvelle Constitution, a souligné l'émissaire de l'ONU pour la Libye, Bernardino Léon, lors de la cérémonie de paraphe, en présence de représentants du Parlement de Tobrouk, de représentants de municipalités, de partis politiques et de membres de la société civile libyenne.
Il a également souligné que la porte restait "ouverte" pour "ceux qui n'étaient pas présents" et que les points de contentieux qui subsistent pourraient être discutés après la fin du Ramadan.
Parmi ces divergences figure le souhait des membres du Parlement de Tripoli de voir figurer le "respect de la magistrature" dans les accords, une possible référence à la Cour suprême qui avait décidé en novembre dernier d'invalider le Parlement basé dans l'est du pays.
Dans une lettre adressée samedi à Léon, le Congrès général national (CGN), le Parlement de Tripoli, s'est dit prêt à envoyer une délégation au Maroc afin de "présenter les modifications" souhaitées par Tripoli.
Depuis juillet 2014, les combats quotidiens entre forces rivales libyennes ont fait des centaines de morts. A Benghazi quatre personnes ont été tuées et 15 autres blessées dimanche dans l'explosion d'une roquette. Ce tir n'a toujours pas été revendiqué.
Des djihadistes du groupe Etat islamique (EI) ont revendiqué de précédentes attaques à la roquette dans la deuxième ville de Libye, où les unités de l'armée, alliées à des milices locales, combattent des groupes islamistes depuis plus d'un an. Nouvel acteur apparu ces derniers mois en Libye, le groupe jihadiste Etat islamique, qui contrôle déjà de vastes pans de territoires en Irak et en Syrie, s'est notamment emparé en juin de la ville de Syrte, à 450 km à l'est de Tripoli.
Dans une vidéo diffusée sur Internet, il a annoncé en revanche avoir été chassé de la ville de Derna (est), souvent présentée comme son fief en Libye, à l'issue de combats avec des groupes armés, promettant d'y revenir pour "venger" ses combattants.