L'ONU accentue sa pression sur la Birmanie

Permettre le retour des réfugiés et l’accès à l’aide humanitaire dans l'Etat Rakhine


Mercredi 8 Novembre 2017

 Le Conseil de sécurité de l'ONU a appelé lundi la Birmanie à mettre un frein à sa campagne militaire dans l'Etat Rakhine et à permettre aux centaines de milliers de réfugiés musulmans Rohingyas exilés au Bangladesh de revenir chez eux.
Renonçant à une résolution sous la pression de la Chine, proche soutien de la Birmanie, le Conseil de sécurité a adopté une déclaration conjointe qui condamne la violence ayant poussé les Rohingyas à fuir en masse la Birmanie depuis fin août.
Quelque 900.000 musulmans Rohingyas de Birmanie sont entassés aujourd'hui dans des conditions insalubres dans des camps de tentes dans le sud du Bangladesh. L'exode de plus de 600.000 d'entre eux depuis fin août a été qualifié par l'ONU d'"épuration ethnique".
Dans leur déclaration, les 15 membres du Conseil de sécurité, dont Pékin, expriment leur "grave préoccupation" devant les violations des droits de l'Homme, "incluant celles commises par les forces de sécurité de la Birmanie" et réclament la traduction en justice de leurs auteurs. Ces violations incluent des meurtres, des abus sexuels et la mise à feu des maisons et des biens des Rohingyas dans l'ouest birman.
Le texte appelle les autorités birmanes "à s'assurer qu'il n'y ait plus d'usage excessif de la force dans l'Etat Rakhine, à restaurer l'administration civile et à appliquer l'Etat de droit".
Pays à majorité bouddhiste, la Birmanie a démenti toute volonté de nettoyage ethnique, assurant ne vouloir que neutraliser des éléments Rohingyas extrémistes. L'ambassadeur birman à l'ONU, Hau Do Suan, a dénoncé devant le Conseil ses nouvelles pressions et estimé qu'elles pourraient "exacerber les tentions religieuses" dans son pays.
Le document de l'ONU reprend trois demandes principales de l'ONU formulées depuis plus de deux mois et restées sans grand effet: arrêt des violences, accès sans entrave pour l'aide humanitaire dans l'Etat Rakhine et retour des réfugiés dans leurs zones d'origine.
La déclaration réclame aussi au secrétaire général des Nations unies un rapport dans un mois, et souligne la nécessité de mettre en œuvre les conclusions d'une mission de l'ex-patron de l'ONU Kofi Annan en faveur d'une meilleure reconnaissance des droits des Rohingyas apatrides.
Selon des diplomates, la déclaration reprend la plupart des éléments qui étaient contenus dans un projet de résolution présenté le mois dernier par le Royaume Uni et la France. La Chine aurait menacé d'utiliser son veto si une résolution était mise au vote mais a accepté, après négociations, d'approuver une déclaration unanime du Conseil de sécurité, selon ces sources.
La déclaration du Conseil de sécurité n'évoque pas l'éventualité de sanctions si aucune réponse n'est donnée à ses demandes. Une absence de menaces critique par plusieurs ONG.
La politique du Conseil de sécurité devrait être "dictée par les besoins des victimes et la réalité du terrain" et non "par des objections chinoises", a souligné Akshaya Kumar de l'ONG Human Rights Watch.
"L'important c'est le contenu" et l'unanimité du Conseil, a fait valoir le représentant adjoint britannique à l'ONU, Jonathan Allen, en minimisant la décision de faire adopter une déclaration plutôt qu'une résolution.
"Nous jugerons la Birmanie sur ses actes, elle a 30 jours avant le rapport demandé au secrétaire général", a-t-il précisé.
"Cela fait près de 10 ans que le Conseil de sécurité n'avait pas adopté un texte sur la Birmanie", a renchéri l'ambassadeur français aux Nations unies, François Delattre. Le diplomate s'est félicité d'un "message fort et unanime pour mettre un terme au nettoyage ethnique" des Rohingyas et "résoudre l'une des pires crises humanitaires" actuelles.
Selon lui, une déclaration à l'unanimité a plus de poids qu'une résolution adoptée avec une abstention chinoise.


Lu 443 fois

Nouveau commentaire :

Votre avis nous intéresse. Cependant, Libé refusera de diffuser toute forme de message haineux, diffamatoire, calomnieux ou attentatoire à l'honneur et à la vie privée.
Seront immédiatement exclus de notre site, tous propos racistes ou xénophobes, menaces, injures ou autres incitations à la violence.
En toutes circonstances, nous vous recommandons respect et courtoisie. Merci.

Dossiers du weekend | Actualité | Spécial élections | Les cancres de la campagne | Libé + Eté | Spécial Eté | Rétrospective 2010 | Monde | Société | Régions | Horizons | Economie | Culture | Sport | Ecume du jour | Entretien | Archives | Vidéo | Expresso | En toute Libé | USFP | People | Editorial | Post Scriptum | Billet | Rebonds | Vu d'ici | Scalpel | Chronique littéraire | Chronique | Portrait | Au jour le jour | Edito | Sur le vif | RETROSPECTIVE 2020 | RETROSPECTIVE ECO 2020 | RETROSPECTIVE USFP 2020 | RETROSPECTIVE SPORT 2020 | RETROSPECTIVE CULTURE 2020 | RETROSPECTIVE SOCIETE 2020 | RETROSPECTIVE MONDE 2020 | Videos USFP | Economie_Zoom | Economie_Automobile | TVLibe









L M M J V S D
  1 2 3 4 5 6
7 8 9 10 11 12 13
14 15 16 17 18 19 20
21 22 23 24 25 26 27
28 29 30 31      





Flux RSS
p