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« Le gouvernement, les collectivités territoriales, la société civile et les citoyens doivent faire un effort pour prendre soin des étrangers qui vivent parmi nous », a souligné le président de l’OMDH, Boubker Largou, saluant la décision Royale pour que ces étrangers bénéficient du Fonds spécial pour la gestion du Covid-19.
« Nous considérons qu’il faut mettre en œuvre cette décision à caractère humanitaire d’autant plus que nous avons remarqué notamment dans la région de l’Oriental une indifférence à l'égard de cette catégorie de demandeurs d'asile, de réfugiés, de migrants irréguliers ou dont la situation a été régularisée », a-t-il précisé. Pis encore, a-t-il poursuivi, « les autorités avaient regroupé beaucoup d’entre eux dans au moins deux centres, dont le Centre Arkman (à Nador) déjà surpeuplé. Si l’objectif de cette opération est de les protéger et de les prendre en charge, c’est tant mieux, mais s’il s’agit de les expulser vers la frontière, nous appelons les autorités à revenir sur cette décision surtout dans cette conjoncture difficile marquée par la propagation du Covid-19 ». Et d’ajouter : « Nous avons également attiré l'attention sur le fait que l'arrivée de nombreux demandeurs d'asile à notre pays est toujours en cours et nous demandons de ne pas les expulser, mais de les soumettre au confinement sanitaire pour préserver leur santé et éviter tout risque épidémique pour nos concitoyens ».
« Dès le début de la crise sanitaire dans notre pays, l’OMDH n’a cessé d’attirer l’attention des autorités compétentes sur la situation des établissements pénitentiaires qui souffrent de la surpopulation carcérale d'une part, et de la présence nombreuses personnes (plus de 40 %) en détention provisoire », a souligné Boubker Largou dans une déclaration à Libé. Et d’ajouter que ce qui a encore alimenté les préoccupations des associations de la société civile est la propagation de la pandémie dans de la prison locale d’Ouarzazate, malgré toutes les mesures de précaution prises par la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR) pour éviter toute contamination au sein des prisons.
Le président de l’OMDH s’est dit également inquiet au sujet du grand nombre des personnes interpellées pour violation des mesures de confinement et de l’état d’urgence sanitaire d’une part, et pour la diffusion de fake news d’autre part. « Nous appelons à ce que ces personnes soient poursuivies en liberté provisoire pour éviter les encombrements dans les prisons », a-t-il affirmé.
L’une des questions qui taraude les responsables de cette ONG est celle concernant les Marocains bloqués à l’étranger dont la situation empire de jour en jour, notamment les Marocains bloqués aux présides occupés de Sebta et Mellilia. Boubker Largou a appelé les autorités à trouver une solution à ces Marocains et à les rapatrier incessamment.
L’OMDH a également mis en garde contre les coupures des lignes téléphoniques et d’Internet par les entreprises dans le cas où les familles n'ont pas pu payer leurs factures à distance, et reporter cela jusqu'à la fin du confinement sanitaire, en raison de la nécessité de ces moyens pour l’enseignement à distance ou pour la communication avec les membres de la famille. « Nous avons reçu des réclamations à propos de cette pratique, en particulier à Casablanca. Pour cela, nous insistons sur la nécessité de l'arrêter jusqu'à la fin du confinement, pour encourager les gens à rester chez eux durant cette période difficile », a précisé le président de l’OMDH.
S’agissant de l’état d’urgence sanitaire, Boubker Largou a insisté sur la nécessité de respecter les droits de l’Homme dans la mise en application des mesures de couvre-feu conformément aux dispositions des conventions internationales des droits de l’Homme et celles de la Constitution mettant l’accent sur le respect des droits fondamentaux durant l’état d’exception, tout en sachant que l’état d’urgence sanitaire est beaucoup moins grave que l’état d’exception.
Si le président de l’OMDH a exhorté les citoyens à éviter de relayer des fake news et tout ce qui pourrait entraver la mise en œuvre des mesures relatives à l’état d’urgence sanitaire, il a en même temps appelé les autorités à accepter « les critiques objectives » qu’on pourrait y adresser dans le cadre sa gestion de cet état d’urgence, car « la presse et la société civile sont un pilier essentiel pour le succès de ces mesures », a-t-il fait savoir.
Last but not least, l’OMDH a exprimé sa solidarité avec les journalistes qui ont été exclus par le ministère de l’Intérieur d’exercer leurs fonctions durant la période de couvre-feu nocturne depuis le début du Ramadan. « Cette décision a suscité notre surprise d’autant plus que la presse nationale s’est montrée à la hauteur de la situation durant le premier jour de l’état d’urgence sanitaire », a martelé Boubker Largou, tout en se félicitant du fait que le ministère de l’Intérieur ait rectifié le tir.