L'Italie durcit le ton contre les ONG qui secourent des migrants

Haftar veut empêcher l'entrée de navires étrangers dans les eaux libyennes


Samedi 5 Août 2017

L'Italie a averti les ONG secourant les migrants en Méditerranée centrale qu'elles ne pourraient pas poursuivre leur mission si elles ne se conformaient pas au "code de conduite" élaboré par Rome.
"Si les ONG ne signent pas (le nouveau code de conduite), il est difficile de voir comment elles pourront continuer à opérer", a déclaré le ministre de l'Intérieur Marco Minniti dans une interview au quotidien de Turin La Stampa.
Son avertissement est intervenu au lendemain de la saisie par la justice italienne du bateau de l'ONG allemande "Jugend Rettet", en raison de soupçons sur ses liens directs avec des passeurs de migrants au large des côtes libyennes.
L'ONG fondée par des étudiants allemands a dénoncé jeudi le fait de ne plus pouvoir "sauver des vies". Une porte-parole de cette organisation a déclaré à l'AFP que son avocat italien allait faire appel de la décision de la justice italienne.
"Pour nous, le sauvetage de vies humaines est et restera notre première priorité", s'est défendue sur son compte Twitter "Jugend rettet" (la jeunesse sauve), sans réagir aux accusations très précises de la justice italienne sur son mode opératoire.
L'ONG allemande a refusé de signer le "code de conduite", tout comme Médecins sans frontières. En revanche, quatre des neuf ONG secourant des migrants en Méditerranée se sont engagées à le respecter: Save The Children, MOAS, une ONG basée à Malte, Pro-Activa Open Arms (Espagne) et Sea-Eye (Allemagne).
Le "code de conduite" stipule que des bateaux comme le "Iuventa", saisi mercredi, devraient accueillir à bord un policier italien qui surveillerait leurs activités.
Dans le cadre d'une enquête démarrée en octobre 2016, le procureur de Trapani en Sicile, qui a ordonné la saisie "préventive" du Iuventa, soupçonne l'équipage de ce bateau d'avoir adopté des "comportements favorisant l'immigration illégale". Le navire a été bloqué mercredi à Lampedusa, île au sud de la Sicile et au nord de la Libye.
Le procureur Ambrogio Cartosio a expliqué mercredi lors d'une conférence de presse, photos à l'appui, que des membres d'équipage du Iuventa étaient soupçonnés d'avoir pris à bord à plusieurs reprises des migrants sur des canots pneumatiques amenés directement par des trafiquants. L'enquête laisse penser que la pratique était "fréquente", mais pour des motifs purement "humanitaires".
Dans un cas, les passeurs sont même arrivés à la rencontre du Iuventa avec une vedette des garde-côtes libyens.
Les enquêteurs affirment que l'ONG allemande a aussi ramené des barques en eaux libyennes en les tirant avec son propre canot pneumatique, afin que les passeurs puissent les réutiliser.
Selon la police, l'ONG a en outre affiché ouvertement sa défiance vis à vis du centre de coordination des garde-côtes italiens (qui donne le feu vert aux secours de migrants), avec une insulte affichée à sa proue ou le fait de hisser le drapeau libyen.
Par ailleurs, le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l'est libyen et chef d'une force autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL), a ordonné à ses troupes d'empêcher l'entrée de navires étrangers dans les eaux libyennes, selon un porte-parole.
"Le maréchal Khalifa Haftar a donné des ordres à l'état-major de la marine d'empêcher l'entrée de tout navire étranger dans les eaux territoriales libyennes sans autorisation de l'ANL", a indiqué jeudi à l'AFP Khalifa al-Obeidi, porte-parole du commandement général de l'ANL.
Le maréchal Haftar, ainsi qu'un exécutif parallèle basé dans l'Est de la Libye, contestent la légitimité du gouvernement d'union nationale (GNA) et de son chef, le Premier ministre Fayez al-Sarraj, installé à Tripoli et qui est le seul reconnu par la communauté internationale.
"Les ordres ont effectivement été donnés aux bases navales de Tobrouk, Benghazi", dans l'est du pays et à celle "de Ras Lanouf", au centre, a encore précisé M. al-Obeidi.


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