Finies les blagues sur Massimo Moratti, président le plus dépensier d'Europe au tournant des années 1990 et 2000 (Alvaro Recoba, Ronaldo), oubliés les transferts mirobolants qui ne rapportaient pas de trophée (Dennis Bergkamp), effacés les trop nombreux accessits en Serie A (cinq podiums entre 1997 et 2005) et les retentissantes éliminations en Ligue des champions.
L'Inter a cloué le bec des moqueurs en réussissant un triplé que seuls Manchester United et le FC Barcelone avaient réalisé auparavant dans les grands championnats (l'Ajax Amsterdam, le PSV Eindhoven et le Celtic Glasgow ont aussi signé le triplé coupe-championnat-C1).
Moratti, le président trop bon avec Ronaldo ou Recoba, a eu sa revanche.
Il avait laissé partir Ronaldo au Real Madrid alors que les supporteurs intéristes y voyaient une immense trahison: le club n'avait-il pas payé, rubis sur l'ongle, le Brésilien pendant l'année et demie où il avait été blessé? Et il avait souvent passé les caprices et les irrégularités du génial uruguayen.
Son mode de gestion affectif a fini par payer: Moratti a pansé les plaies de Wesley Sneijder, jeté par le Real Madrid et choyé à l'Inter où il est devenu un des meilleurs joueurs du monde.
Le président a aussi vu un de ses chouchous, Javier Zanetti, présent au club depuis 1995, récompensé de son indéfectible fidélité en levant la "coupe aux grandes oreilles" dans le ciel de Madrid.
Rude tache pour Benitez -Zanetti, le capitaine symbole, 37 ans dont 16 en nerazzuro, est le chef de file d'un noyau de joueurs consacrés par la victoire en C1. Avec l'Argentin, un poker de joueurs, intéristes depuis cinq ou six ans, a conquis les cinq titres de champion de rang (le premier rétrocédé à l'Inter après la sanction contre la Juventus Turin).
Ses compatriotes Esteban Cambiasso et Walter Samuel sont arrivés en 2004 et 2005, le Serbe Dejan Stankovic en janvier 2004, et le gardien brésilien Julio Cesar en 2005.
Renforcé en 2009 par les arrivées de buteurs de la trempe de Diego Milito et Samuel Eto'o, le noyau dur a fini par conquérir l'Europe après des années d'éliminations peu reluisantes, dont une ternie par une bagarre générale à Valence (2007).