Sur les 23 Bleus convoqués pour le Mondial en Afrique du Sud, ils sont sept (Mandanda, Sagna, Evra, Diaby, A. Diarra, Cissé, Govou) à pouvoir revendiquer des liens familiaux très étroits avec l'Afrique. Deux d'entre eux, le capitaine Evra (Dakar) et Mandanda (Kinshasa) y sont même nés avant de gagner l'Europe et la France.
A ces sept +Français d'Afrique+ peuvent également venir se greffer les six joueurs originaires des DOM-TOM (Gallas, Abidal, Clichy, Malouda, Anelka, Henry), eux aussi sensibilisés par ce moment historique.
"Cela ne concerne pas seulement les joueurs d'origine africaine, expliquait ainsi Thierry Henry lors du stage de préparation des Bleus à La Réunion. C'était bien d'offrir une Coupe du monde à l'Afrique du Sud, de par l'histoire de ce continent et de ce qu'il a pu donner au football mondial".
Pour les autres, des souvenirs vont forcément remonter à la surface et notamment des histoires personnelles souvent complexes.
La passerelle entre la France et leur pays d'origine a ainsi parfois tenu à peu de choses, à l'image du parcours atypique de Bakary Sagna. C'est en remportant un jeu télévisé que le père de l'arrière droit d'Arsenal a pu financer son voyage vers la France avant d'y faire venir toute sa famille. C'est ainsi que Bakary est né de parents sénégalais à Sens (Yonne).
Evra a lui dû décliner les sollicitations du Sénégal, mais se félicitait en novembre dans un entretien au Figaro de cette "main tendue au continent".
Depuis le début du rassemblement des Bleus, les conversations entre joueurs ont d'ailleurs souvent porté sur ce voyage si particulier.
"Entre nous, on en parle, mais même ceux qui ne sont pas d'origine africaine sont fiers de faire partie de cette première Coupe du monde en Afrique, indiquait Djibril Cissé à La Réunion. Certains mettent pour la première fois les pieds en Afrique." A écouter l'ancien Auxerrois, il est facile de comprendre son acharnement à tout faire pour participer au Mondial, lui qui, exilé en Grèce (Panathinaïkos Athènes), était encore très loin de la sélection il y a trois mois.
"Etant Africain d'origine, c'est spécial, avait-il ajouté. Ma famille est encore là-bas en Afrique, en Côte d'Ivoire, à Abidjan. Mes tantes, mes oncles. C'est beau d'être là, de pouvoir participer à ce Mondial", rapporte l’AFP. "Cela fait un moment que je ne suis pas retourné au Bénin, mais j'ai des attaches avec ce pays, de la famille, confie Sidney Govou. Disputer cette Coupe du monde ici, dans un pays chargé d'histoire, c'est une dimension supérieure pour moi. C'est un regret personnel de ne pouvoir découvrir un peu plus le côté culturel et social du pays." Le vœu du Lyonnais devrait toutefois être exaucé, une visite d'un township de Knysna étant prévue dimanche avec remise d'un chèque de 100.000 euros, somme de départ, pour la rénovation d'un terrain de football.
Car il est difficile d'évacuer des esprits la dimension politique et sociale d'une Coupe du monde en Afrique du Sud, le pays de Nelson Mandela et de la lutte contre l'apartheid.
"J'ai déjà rencontré Nelson Mandela deux fois. Quand je lui ai serré la main, j'ai ressenti son incroyable aura. Certains êtres humains dégagent plus de choses que les autres", avouait ainsi Evra en novembre.