"On est déçu. On a gagné, mais pas assez", commente Joshua Grant, 10 ans, après la victoire des Bafana Bafana contre la France. "Au moins, nous nous sommes battus jusqu'au bout", ajoute-t-il. Le garçon compte garder son maillot vert et or "jusqu'à la dernière minute de la finale. Et même après..."
"Malheureux" que le rêve ait pris fin, Isaac Booysen entend lui aussi suivre le reste de la compétition avec une ferveur inchangée: "Même sans les Bafana, le Mondial représente tellement pour l'Afrique du Sud." A la mi-temps, les Sud-Africains ont crû au miracle. Avec deux buts à zéro, ils avaient une chance... Dans les tribunes, Noirs, Blancs, métis et Indiens rythmaient chaque action avec leurs vuvuzelas. Et arrêtaient de respirer sur le même souffle, lorsque les Bleus s'approchaient de leur cage. Toute la nation est saisie d'une fièvre qui transcende les divisions raciales, depuis les semaines qui ont précédé le coup d'envoi du Mondial.
"C'est une coupe africaine". "L'Afrique du Sud n'avait plus connu une telle énergie et une telle liesse depuis la libération de Nelson Mandela" en 1990, a noté mardi le président Jacob Zuma, assurant que les bénéfices de la Coupe du monde "se feront sentir bien après le dernier coup de sifflet." Une opinion partagée par ses concitoyens, fiers de la consécration que représente la grand-messe sportive, seize ans seulement après la chute de l'apartheid.
"On a déjà gagné la Coupe du monde. Peu importe si les Bafana ont perdu: la Coupe est là, dans notre merveilleux pays", lance Musa Dlamini, venu avec sa femme et ses deux filles drapées dans les drapeaux de la Nation arc-en-ciel. Pour lui comme pour de nombreux Sud-Africains, "c'est une Coupe africaine: maintenant nous allons soutenir le Ghana. Et s'ils perdent, on soutiendra le football". "Je soutiens n'importe quelle équipe africaine", confirme Joanne Farrell, une résidente blanche de Johannesburg enchantée par l'ambiance dans son pays: "Ce Mondial est un tel facteur d'unité. On est tous ensemble, peu importe nos origines".