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Kristalina Georgieva : un certain nombre de tendances mondiales atténuent la concurrence au lieu de l’intensifier

Un affaiblissement de la concurrence risque de réduire l’efficacité des politiques monétaires et budgétaires, selon la DG du FMI

Vendredi 10 Décembre 2021

Kristalina Georgieva : un certain nombre de tendances mondiales atténuent la concurrence au lieu de l’intensifier
« Une saine concurrence est une excellente source de motivation car elle incite les entreprises et les individus à se dépasser », selon la Directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva.

« De ce fait, elle stimule l’innovation et l’emploi, accélère la croissance de la productivité et rehausse les niveaux de vie », a soutenu la patronne de l’institution de Bretton Woods dans une déclaration au Forum mondial sur la concurrence de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques).

Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, Kristalina Georgieva a d’emblée tenu à rappeler que « l’état de la concurrence a de profondes incidences sur la stabilité macroéconomique et financière, ce qui lui confère donc une pertinence directe pour la mission du FMI ».

La DG du FMI a par la suite estimé qu’« à l’heure où l’élaboration des politiques tend à se spécialiser, il est encore plus important d’étudier les répercussions que les actions auxquelles chacun de nous se consacre auront sur notre objectif commun de stimuler le dynamisme économique et la croissance ».

Ainsi qu’elle l’a relevé dans son allocution d’ouverture, « cela est d’autant plus vrai que le dynamisme engendré par la concurrence sera essentiel à la résilience des économies au lendemain de la pandémie ».

Cependant, il se passe qu’« un certain nombre de tendances mondiales atténuent la concurrence au lieu de l’intensifier », a constaté la DG précisant qu’elles apparaissent sous l’effet de forces de fragmentation qui influent aussi bien sur le commerce que sur la situation géopolitique.

Cela est préoccupant d’autant plus que « si rien n’est fait pour les freiner, ces tendances risquent de porter davantage atteinte à la concurrence et de compliquer le travail des responsables de la concurrence et des décideurs macroéconomiques», a prévenu Kristalina Georgieva sachant qu’elles présentent également des risques pour une reprise post-pandémique résiliente.

Comment alors vaincre cette fragmentation croissante et adopter l’approche coopérative nécessaire pour stimuler la croissance et favoriser une prospérité partagée ?

Mais avant d’évoquer les mesures pour en freiner la progression, la patronne du FMI s’est attardée d’abord sur les répercussions macroéconomiques néfastes d’un pouvoir de marché excessif.

L’occasion de rappeler que la progression du pouvoir de marché a porté préjudice à l’investissement et à la production au lieu d’y contribuer au cours des vingt dernières années.

Précisant au passage qu’« elle a été de plus en plus néfaste aux travailleurs en procurant aux grandes entreprises une influence démesurée sur les marchés de l’emploi, avec d’extraordinaires bénéfices à la clé ».

Pour l’organisation internationale dont elle est la DG, « la progression du pouvoir de marché explique pour 10 % au moins la baisse de la part des revenus revenant aux travailleurs dans les pays avancés », a-t-elle fait savoir.

Pour Kristalina Georgieva, il ne fait aucun doute qu’« un affaiblissement de la concurrence risque de réduire l’efficacité des politiques monétaires et budgétaires. Parce que les entreprises qui disposent d’un pouvoir de marché excessif ont souvent d’énormes réserves de liquidités, ce qui les rend moins réactives aux taux des marchés et aux mesures de relance budgétaire », a-t-elle en outre noté.

Par ailleurs, quand bien même des mesures de soutien décisives des pouvoirs publics ont aidé nombre de petites entreprises à survivre à l’impact de la pandémie, la DG du FMI constate que cette situation a donné lieu également « à une intensification des tendances anticoncurrentielles ».

Il se trouve que « cette hausse de la concentration des marchés due à la crise pourrait freiner l’investissement en capital et l’innovation. Cela pourrait entraîner une diminution de 1% du niveau du PIB dans les pays avancés à moyen terme, ce qui représente un sérieux coup dur car selon les projections, la croissance de ces pays devrait rester faible à moyen terme », a-t-elle expliqué.

Dans ce cas, et face à ce qui pourrait constituer une véritable menace pour bon nombre d’économies, comment les gouvernements peuvent-ils enrayer l’excès de pouvoir de marché et encourager une croissance plus forte et plus inclusive ?

Outre le renforcement du contrôle des fusions et la multiplication des enquêtes sur les marchés, la DG a estimé qu’il est prioritaire d’améliorer la compétitivité des marchés du travail et de renforcer les règles de portabilité et d’interopérabilité des données, entre autres.

S’attardant sur trois tendances qui portent atteinte à la concurrence et les moyens d’y remédier, Kristalina Georgieva a indiqué que la première d’entre elles est le découplage technologique.

En effet, « nous sommes de plus en plus confrontés à un « mur de Berlin numérique », bâti sur des restrictions à l’importation et à l’exportation, et à une diminution de la coopération en matière de recherche scientifique », a-t-elle souligné.

Les restrictions commerciales constituent la deuxième tendance mondiale, a poursuivi la DG du FMI. Avant de déclarer : « Nous savons tous qu’en réduisant la concurrence étrangère, nous nous retrouvons avec des chaînes d’approvisionnement soumises à de plus fortes tensions, des prix plus élevés pour les consommateurs, moins d’innovation et un potentiel de croissance diminué ».

D’après Kristalina Georgieva, la troisième tendance mondiale porte sur le changement climatique. Sur cette question, elle a appelé les pays « non seulement à s’unir pour enrayer le réchauffement de la planète », mais aussi à « tout mettre en œuvre pour éviter des mesures climatiques asymétriques ou non coordonnées ».

En concluant son intervention à ce forum, tenu récemment, la DG a insisté sur le fait que « la concurrence dans le monde repose autant sur les mesures prises par les pouvoirs publics de chaque pays que sur la coopération internationale ». Et pour vaincre la fragmentation à l’origine des tendances mondiales auxquelles elle a fait allusion, « nous avons besoin d’une coopération beaucoup plus forte, que ce soit dans les pays ou à l’échelle mondiale », a lancé Kristalina Georgieva.

Alain Bouithy

Alain Bouithy

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