Juncker appelle à passer des discours sur le Brexit à des accords concrets

Les Britanniques exhortés à négocier s’ils veulent conserver l’accès au marché unique


Mercredi 14 Mars 2018

Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a jugé mardi qu'il était temps de passer des "discours" sur le Brexit à leur traduction dans des textes juridiques afin d'organiser concrètement le retrait du Royaume-Uni et sa future relation avec l'UE.
Dans un discours devant le Parlement européen, M. Juncker a aussi demandé aux Britanniques "plus de clarté", notamment sur la manière d'éviter le retour d'une "frontière dure" en Irlande, soulignant qu'il ne s'agissait pas d'"une question irlandaise mais d'une question européenne".
A près d'un an de la date programmée du Brexit, "il est maintenant temps de traduire les discours en traités, les engagements en accords, les vastes suggestions et souhaits sur la future relation en solutions réalisables", a dit le chef de l'exécutif européen devant les eurodéputés réunis à Strasbourg.
Mme May "doit nous donner plus de clarté sur comment le Royaume-Uni voit sa future relation avec l'UE", a-t-il insisté, alors que la dirigeante conservatrice a déjà précisé ses souhaits dans un discours début mars, confirmant sa détermination à quitter le marché unique et l'union douanière.
M. Juncker s'exprimait en amont d'un sommet européen, programmé les 22-23 mars à Bruxelles, au cours duquel les 27 doivent adopter leur position pour négocier le cadre de la relation post-Brexit entre l'UE et le Royaume-Uni, notamment sur le plan commercial.
Ce volet crucial des tractations avec Londres n'a pas encore démarré, les discussions s'étant jusqu'ici concentrées sur la préparation du traité scellant le Brexit, avec de lourds dossiers comme la facture du divorce, le sort des expatriés et l'avenir de la frontière irlandaise.
Le négociateur en chef au nom de l'UE, Michel Barnier, a mis sur la table fin février un document de 120 pages, qui traduit en langage juridique les compromis parfois ambigus entre les deux parties qui avaient été conclus en décembre sur ces trois thèmes.
Mais le Royaume-Uni a vertement réagi à ce projet de texte, assurant qu'elle n'accepterait "jamais" ses dispositions concernant la frontière entre l'Irlande et la province britannique d'Irlande du Nord, qui menacent selon elle l'intégrité du pays.
Bruxelles propose la mise en place d'"un espace règlementaire commun" incluant l'UE et l'Irlande du Nord, au cas où aucune autre solution satisfaisante ne serait proposée par le Royaume-Uni.
"Nous sommes prêts à travailler" sur les autres options, "mais nous devons recevoir des propositions concrètes du Royaume-Uni d'abord", a dit mardi M. Juncker.
Pour sa part, le négociateur en chef de la Commission européenne pour le Brexit, Michel Barnier, a invité mardi les Britanniques à négocier s’ils veulent conserver accès au marché unique dans l’avenir, plutôt que répéter leurs "lignes rouges".
L’ancien ministre français des Affaires étrangères réagissait devant le Parlement européen au rejet par la Première ministre britannique Theresa May de l’ébauche juridique d’un accord de retrait qui doit être discutée par les Etats membres lors de leur prochain sommet des 22 et 23 mars prochains.
"Tous les modèles de coopération avec les Etats tiers sont sur la table. Ils sont disponibles. Nous sommes ouverts aux affaires, c’est le Royaume-Uni qui ferme les portes en confirmant des lignes rouges", a-t-il déploré.
Il a pris acte de la volonté britannique de sortir du marché intérieur, de quitter l’union douanière, de retrouver une autonomie réglementaire et de ne plus être lié par la Cour européenne de justice une fois son départ acté.
"Mais alors, il faut se rendre à l’évidence. On ne peut pas à la fois vouloir le statut d’un pays tiers et des avantages appartenant à l’Union et uniquement à l’Union. On ne pourra pas utiliser le marché intérieur à la carte", a-t-il affirmé.
Michel Barnier a souligné que les normes et règlements européens, dont le Royaume Uni veut s’affranchir, constituent des "choix de société" qui déterminent la nature des relations avec les pays tiers.
Il est revenu sur le règlement suggéré par la Commission sur la question de la frontière entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande qui deviendrait la seule frontière terrestre du Royaume-Uni avec l’UE.
Le projet d’accord prévoit, pour préserver les accords de paix entre les communautés irlandaises, le maintien de la liberté de circulation entre les deux Etats mais un rétablissement des contrôles douaniers en mer d’Irlande, une solution immédiatement rejetée par Theresa May.
"Cette solution, nous sommes prêts à la remplacer par une meilleure", a rappelé Michel Barnier, mais le délai est "court".


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