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M. Oualalou a expliqué que le pays s’est engagé, depuis plusieurs années, dans une dynamique importante, qui a permis certaines avancées économiques et sociales. Pourtant, cette haleine a commencé à s’essouffler et un sentiment de malaise a réussi à gagner les esprits. «Pour s’en sortir, il faut réhabiliter le politique», a-t-il lancé.
Fathallah Oualalou pense que l’économie nationale doit répondre à trois défis financiers, à savoir le financement de Caisse de compensation, la couverture sociale et les retraites. Il a aussi noté que la lutte contre la pauvreté et l’exclusion représente l’un des défis majeurs à relever.
Evoquant la question de la crise financière mondiale, le Premier secrétaire adjoint de l’USFP a indiqué que la crise alimentaire et celle de l’énergie ont eu plus d’effets sur le Maroc que la crise financière mondiale actuelle. Cependant, il pense que cette crise nous interpelle au niveau de ses conséquences proches et lointaines qu’il résume en quatre points : la réhabilitation de la politique, la mutation «des cercles dirigeants», la naissance de nouvelles forces mobilisatrices et enfin l’émergence d’une nouvelle gouvernance.
Pour consolider sa position au niveau international et régional, le Maroc a besoin de jouer sur deux stratégies : d’abord celle de proximité avec ses voisins proches, en l’occurrence l’UMA, l’Europe et l’Afrique. Et celle éloignée avec les nouveaux «cercles dirigeants», a-t-il conclu.
De son côté, le Professeur Baniyahya, un constitutionnaliste, estime qu’il y a urgence des réformes, mais il croit que «celui qui pense que le changement de la Constitution, du code électoral ou de la loi sur les partis politiques changera quelque chose, il se trompe lourdement». La question centrale, selon lui, est d’abord «l’Etat de droit» et «la gestion politique».
L’intervenant a rappelé que la question des réformes et de la modernisation de l’Etat est un vieux débat qui alimente la vie politique marocaine depuis un siècle. «Elle s’éclipse souvent, mais elle réapparaît toujours, avec des réponses qui sont constamment partielles et non définitives et qu’on n’a jamais répondu à la question centrale, à savoir comment faire participer le peuple marocain à la gestion des affaires publiques?», a-t-il précisé.
M. Baniyahya pense qu’engager le débat sur la reforme politique et constitutionnelle, aujourd’hui, c’est s’interroger sur les règles du jeu politique. «C’est réviser, remodeler, revoir ces règles», a-t-il martelé.
Si le Maroc est un régime parlementaire classique avec une prédominance de l’Exécutif et du Roi, notre constitutionnaliste a noté que ce dernier détient le monopole des ressources stratégiques et le pouvoir souverain. Il est le chef de l’Exécutif, le représentant suprême de la Nation et le délégataire de la justice. «La Constitution fait donc du Roi l’institution centrale de dispositif constitutionnel. Il est un acteur supérieur, transcendant et sacré. Et du coup, tous les organes prédéfinis dans la constitution n’exercent leur pouvoir que par délégation, car tout le pouvoir est concentré par le Roi», a-t-il expliqué.
Cette situation a des conséquences. D’abord, la dualité entre celui qui théoriquement exerce le pouvoir légalement et celui qui le substitue, ce qui rend les institutions et les compétences ambiguës. Il y a aussi le fait que le 1er ministre ne détermine pas et ne désigne pas la politique gouvernementale. Le gouvernement n’a pas de programme propre, il applique le programme Royal et la volonté du Roi. «On arrive à un flou dans la politique gouvernementale et à une confusion dans les responsabilités», avant de conclure qu’il faut «rendre au Parlement son pouvoir et au Roi le sien».
Évoquant la question de la politique étrangère du Maroc et sa capacité à préparer le Maroc de demain, Abdelouhab Maalmi, ancien ambassadeur, a estimé que la réponse est «Oui, sur le plan du discours et sur certaines orientations. Et non ou pas tout à fait, si on considère le style, les lacunes et les faiblesses».
Au niveau du discours, M. Maalmi a souligné que la politique étrangère marocaine a connu, depuis l’avènement du Roi Mohammed VI, le développement d’un discours cohérent et homogène reposant sur une position qui entend projeter le Maroc dans un monde à trois cercles concentriques : celui de voisinage, de solidarité et de partenariat. «Si cette politique semble réussir dans les deux premiers cercles, elle a échoué dans celui le plus fondamental, à savoir le cercle de voisinage». La preuve : les relations conflictuelles et les tensions incessantes avec l’Espagne et l’Algérie.
Le Pr Maalmi a souligné que la politique étrangère est axée sur quatre priorités : le dossier de Sahara, les partenariats stratégiques (UE et USA), la présence du Maroc sur la scène africaine et les accordes de libre-échange. Pourtant, cette politique a montré ses limites. «On continue à la penser comme un domaine réservé», a-t-il noté.
Pour répondre à la question de départ, M. Maalmi pense que le Maroc doit s’inspirer de deux modèles : celui de la Turquie et le couple franco-allemand qui, selon l’intervenant, nous ressemblent sur plusieurs points (position géographique, profondeur stratégique, contentieux territoriaux…). Combiner ces deux modèles et concentrer plus d’efforts sur le couple maroco-algérien, telle semble être la bonne recette pour une diplomatie de demain.