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Tout a commencé par un débat du Parlement andalou consacré … aux tomates marocaines. Un dirigeant de la gauche verte espagnol prend la parole, s’enflamme sur «le danger vert» que représente le Maroc puis dérape. Il s’en prend violemment à la monarchie marocaine « détentrice de 80% de l’économie marocaine ». Les accusations graves, insultantes et diffamatoires s’enchaînent : trafic de drogue, émigration clandestine. Le rubicond est franchi. Le Maroc est touché dans ses symboles les plus sacrés.
Efe, l’agence de presse espagnole officielle, choisit de répercuter cette « information » qui ne s’arrête pas à la seule problématique de la tomate marocaine. Les insultes –celles-là même qui portent atteinte à la souveraineté et aux emblèmes du Maroc, sont reprises dans une dépêche signée Efe et diffusée sur le fil. Younès Moujahid, journaliste au bureau de Rabat de l’agence de presse espagnole depuis 1988, n’en croit pas ses yeux quand il découvre la dépêche en question. « Une erreur professionnelle en contradiction totale avec la charte éditoriale de Efe que tout le monde peut consulter sur le site de l’agence. La déontologie a été allègrement bafouée et jamais Efe n’avait publié jusque-là de tels propos diffamatoires. Efe était connue pour son objectivité. Il y a eu un revirement de taille qui s’est traduit par les multiples attaques de l’agence à l’encontre du Maroc, sa souveraineté, ses symboles », explique celui qui est aussi président du Syndicat national de la presse marocaine, SNPM.
La décision de Y. Moujahid est vite prise. Le 18 mars 2009, il démissionne de l’agence de presse espagnole. Il invoque la clause de conscience : Efe a changé de ligne éditoriale et ses nouveaux choix portent atteinte aux convictions et aux principes du journaliste. Le journaliste dépose plainte devant les tribunaux de Rabat. « Nous nous sommes appuyés sur l’article 15 du Code de la presse qui définit de manière précise la clause de conscience. La démission de Younès Moujahid équivaut dès lors à un licenciement abusif », fait valoir l’avocat Khalid Sefiani dont les plaidoiries en faveur de la liberté de presse font trembler dans les prétoires. Quelques mois passent, l’affaire suivant son cours. Jusqu’au moment où Efe appelle à une procédure de réconciliation avec Y.Moujahid et à des négociations. «Visiblement l’agence a compris qu’elle était face à une impasse. Et ce faisant, elle reconnaît de la manière la plus formelle son erreur professionnelle. Mieux encore, Efe reconnaît ses torts et son manquement à la déontologie après avoir repris sur son fil des accusations mensongères, diffamatoires, insultantes, » soutient M. Moujahid.
Le président du SNPM et sa défense ouvrent les négociations et acceptent le principe du désistement. Celui qui était journaliste à Efe, démissionnaire au nom de la clause de conscience, se voit remettre 850.000 dhs au titre de dommages et réparation. « C’est une somme dont je fais don à la section du SNPM au Sahara et aux œuvres sociales des journalistes », s’empresse de préciser Younès Moujahid avant de poursuivre qu’il n’était sûrement pas animé « par des raisons matérielles ».
Ce mardi 9 février, au siège du SNPM, à Rabat, et face à la presse, le président du SNPM et ex-journaliste au bureau de Rabat de Efe n’entend pas s’arrêter en si bon chemin. « Efe a reconnu son erreur. Une telle reconnaissance ne doit pas se faire entre quatre murs, entre nos avocats. L’agence de presse espagnole doit publiquement reconnaître ses torts et son atteinte au Maroc. Efe doit aujourd’hui avoir le courage intellectuel de présenter ses excuses au peuple marocain ». Une nouvelle bataille en perspective.