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Johannesburg racontée par ses piscines AFP
Jeudi 27 Février 2014
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C'est peut-être en maillot de bain que Johannesburg se visite le mieux. Temple des affaires né avec les mines d'or, ses tours abritent une poignée de piscines, plutôt petites et récentes mais portant glorieusement la lente renaissance du centre-ville. Première étape possible, un petit bassin de poche niché au-dessus du coffre-fort des locaux d'une ancienne banque française, désertés après les sanctions internationales contre le régime raciste d'apartheid en 1985 et réhabilités seulement en 2007. Même en plein été austral, l'eau reste un tantinet glacée mais le calme au rendez-vous dans cet hôtel quatre étoiles rénové à l'insu de la plupart des hommes d'affaires qui peuplaient autrefois le quartier et n'y remettent que rarement les pieds. Les sièges d'Anglo American et BHP Billiton, poids-lourds de la bourse de Johannesburg, sont pourtant toujours au coin de la rue. Mais avec l'envolée de la criminalité dans les années 1990, le Central Business District (CBD) s'est largement vidé au profit de la banlieue aseptisée de Sandton, nouvelle plaque-tournante économique du pays, à vingt kilomètres plus au nord. Il faut la mémoire de Basil Landau, 85 ans, ancien administrateur de la French Bank for Southern Africa Ltd, pour se rappeler le bourdonnement de la ville à l'heure où les bureaux se vidaient. "Passé six heures du soir, le CBD redevenait très calme", se souvient-il. Sous l'apartheid, explique l'architecte Brian Mckechnie, il ne serait venu à l'idée de personne de vivre au CBD, sauf la semaine pour les bourreaux de travail ou les propriétaires de garçonnières, quelques retraités ou les habitants du quartier à la mode d'Hillbrow bâti à partir des années 1960. Aujourd'hui, le CBD grouille toujours de vie, mais a des allures de ville africaine avec son linge pendu aux fenêtres, ses vendeurs ambulants, ses immigrants, ses mamans avec le bébé au dos. Historiquement, Johannesburg a été édifiée à partir de 1886 au bord des mines d'or. Cette vocation première pour l'argent, les mines, le commerce, les tribunaux explique pourquoi le centre-ville, malgré le soleil, une altitude de 1.800 mètres, l'absence de fleuve ou de plage, compte aussi peu de piscines. "Ce n'est pas comme Londres où il y a un mélange avec des quartiers résidentiels ou New York où tout le monde vit en appartements", explique Nechama Brodie, auteur d'un best-seller sur l'histoire de Johannesburg, "The Joburg Book". "Une large proportion de la classe moyenne blanche, celle qui votait et à laquelle le gouvernement prêtait attention, avait déjà ses propres piscines", dit-elle, dans leur jardin à l'extérieur du CBD, minuscules taches bleues constellant le paysage que l'on aperçoit depuis l'avion avant d'atterrir à Johannesburg. Et "il faut juste se rappeler que le CBD n'a jamais été résidentiel jusqu'à ses vingt dernières années quand on a commencé à voir beaucoup de propriétés vacantes, des squatteurs ou des bureaux convertis en appartements", ajoute Mme Brodie. Dans les années 1930, quand la ville s'est donnée des airs de Chicago, quelques magnifiques piscines Art Déco ont fait leur apparition dans des tours de luxe, et même un solarium en haut de la Peter House, inspiré par Le Corbusier mais rapidement rendu à un usage de débarras. "Les gens prenaient trop de coups de soleil", raconte l'architecte Brian Mckechnie. Les années 1930 ont aussi donné au CBD sa seule piscine municipale à Ellis Park, à l'époque strictement réservée aux Blancs et aujourd'hui aussi propre que populaire avec son entrée à 10 rands, soit moins d'un euro pour patauger au bassin enfants ou plonger dans le bassin olympique.
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