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A19 ans, Jannick Sinner, qui a donné du fil à retordre à Rafael Nadal en quarts de finale de Roland-Garros mardi, n’a pas perdu son temps en délaissant les pistes de ski pour les courts de tennis il y a six ans. Il y a moins de trois ans pourtant, le longiligne Italien (1,88 m pour 76 kg) à la tignasse rousse n’était même pas classé. Ce n’est qu’en février 2018, à la faveur de ses premiers tournois sur les circuits ITF puis Challenger, les divisions inférieures du tennis professionnel, qu’il apparaît pour la première fois au classement ATP. A ce moment-là, Sinner ne s’est mis sérieusement au tennis que depuis quatre ans. Avant, entre huit et douze ans, c’est sur une paire de skis qu’il faisait partie des meilleurs espoirs italiens. Rien de plus normal pour un enfant des Dolomites, né à quelques kilomètres de la frontière autrichienne, dans la station de sports d’hiver de San Candido, dans le Sud-Tyrol. Sinner joue déjà au tennis à cette époque, après que son père lui a offert sa première raquette à trois ans à peine, mais il ne pratique que deux fois par semaine. Le virage arrive à treize ans, quand il décide de quitter ses montagnes natales pour rejoindre l’académie de Ricardo Piatti, formateur reconnu du tennis italien, qui a aussi travaillé avec Ivan Ljubicic et Novak Djokovic, sur la côte ligure, à Bordighera, cette fois à deux pas de la frontière française. Le ski, “c’était dangereux. Une mauvaise chute peut hypothéquer une saison entière, explique-t-il dans une interview accordée au tournoi parisien. Le tennis, vous pouvez y jouer toute l’année”. Mais “le plus important, c’est qu’au tennis, vous voyez votre adversaire. Vous pouvez voir qui vous affrontez. Vous savez si vous êtes devant au score, ou derrière, si vous allez devoir changer quelque chose ou pas, développe Sinner. En ski, vous descendez tout seul et vous ne savez pas si vous êtes plus rapide ou plus lent que les autres, vous ne voyez que des portes rouges et bleues, et vous faites des virages en espérant ne pas tomber.” Avec son parcours atypique, Sinner n’a disputé aucun Grand Chelem en juniors, traditionnelle antichambre du tennis professionnel. Mais son goût pour le face-à-face s’est traduit par une progression éclair au classement ATP. En 2019, dès sa première saison quasi-complète sur le circuit ATP, il grimpe de plus de 470 places: classé au-delà du 550e rang mondial en début d’année, il la termine dans le top 80 (78e) - ce qui en fait le plus jeune aussi haut en fin d’année depuis Nadal en 2003 (17 ans, 47e) - après son sacre au Masters NextGen, qui réunit les meilleurs joueurs de moins de 21 ans. Un an plus tôt, il n’y était qu’en spectateur! En 2020, il s’invite donc jusqu’en quarts de finale dès son quatrième Grand Chelem. Et même dès son premier Roland-Garros, une première depuis Nadal en 2005. Le tout en s’offrant deux top 20, David Goffin (13e) au premier tour et Alexander Zverev (7e) en huitièmes de finale. Ses atouts ? Sa frappe fluide, en coup droit comme en revers. “Parfois c’est comme s’il faisait un autre sport. La balle part tellement vite de sa raquette. Il est encore fin, pas tellement costaud. Mais sa balle va vraiment, vraiment vite”, décrit son compatriote Paolo Lorenzi, selon des propos rapportés par l’ATP. Il y a aussi sa capacité à garder la tête froide, comme l’énonce sa biographie ATP: “Sa meilleure qualité est de rester calme”. “Parfois je suis nerveux, comme d’autres joueurs. Mais j’essaie de rester calme, ce que je réussis la plupart du temps. Mon caractère, c’est d’être assez calme sur le court”, confirme Sinner. “Même si je suis très content intérieurement, je ne le montre pas beaucoup, complétait-il après son accession aux quarts de finale. Il y a encore beaucoup de travail, physiquement, techniquement, sur tout. C’est un long chemin. “De sa décision d’adopter le tennis à la place du ski, “je crois que c’était le bon choix”, dit-il avec la même retenue. On ne peut que lui donner raison.