Comment le club aux sept Ligues des champions, vainqueur du scudetto en 2011 avec ce même entraîneur, en est-il arrivé là ? Il y eut d'abord la résurrection de la Juventus l'an passé, qui a survolé le Championnat sans perdre le moindre match grâce à des investissements massifs sur le marché des transferts. Mais il y a surtout des finances exsangues qui ont poussé le propriétaire du club Silvio Berlusconi, autrefois si enclin à dépenser des sommes folles pour recruter des stars, à vendre cet été ses deux meilleurs joueurs, Thiago Silva et Zlatan Ibrahimovic, au PSG.
Une situation symbolisée par son trio d'attaque actuel composé de jeunes pousses (Emmanuelson, Bojan et El Shaarawy) qui n'a pas pesé bien lourd dimanche soir face à la défense expérimentée de l'Inter. Dont fait d'ailleurs partie l'unique buteur de ce derby, Walter Samuel (34 ans), à l'opportunisme qui tranche avec la stérilité offensive des Rossoneri, malgré un extravagant taux de possession de balle (66,3%) et une seconde période passée presque entièrement en supériorité numérique après l'expulsion de Nagatomo.
A noter que, sur 20 tentatives milanaises, 14 furent des frappes lointaines. Signe qu'outre la crise de résultats, le club réputé pour sa qualité de jeu ancestrale vit surtout une crise identitaire. Son entraîneur est donc logiquement sur le sellette. Et l'ironie de l'histoire, c'est que son successeur pourrait bien être son plus grand détracteur en interne. Filippo Inzaghi, ancienne gloire aujourd'hui coach des moins de 16 ans, a en effet déjà publiquement mis en cause Allegri.
Surtout, le quatrième meilleur scoreur de l'histoire du Calcio a un argument pour lui : un sens du but que personne n'a jamais osé lui contester. Et qui manque aujourd'hui cruellement aux joueur du Milan.