Le 15 octobre, musiciens réunionnais et marocains ont donné un concert inoubliable à l’IFA. Ce soir-là, il y avait tellement de monde que la salle polyvalente s’est avérée trop petite pour cette affluence exceptionnelle. Aussi, une bonne partie du public a-t-elle pris place sur les gradins du Théâtre de verdure de l’Institut. Et comme de nos jours, les nouvelles technologies font des miracles, celle-ci a pu suivre le concert sur grand écran.
Lo Griyo est un groupe réunionnais dont la musique de transe est une fusion où l’on retrouve les musiques maloya, gnawa, salegy, jazz, les musiques brésiliennes ou encore la musique électro. A travers le nom qu’ils ont donné à leur groupe, ces musiciens se réclament des griots tradionnels de l’Afrique de l’Ouest et de leurs homologues réunionnais (Gramoun Baba, Lo Rwa Kaf, Gramoun Lélé, Firmin Viry…) dont ils perpétuent la parole et s’approprient le message tout en renouvelant leur répertoire voire leur identité et leur imaginaire.
Lors du Festival Sakifo 2007, Lo Griyo a remporté la première édition du Prix Alain Peters décerné à une valeur sûre ou un espoir de la musique de l’océan Indien.
Et à l’issue de ce concert, les représentants des deux groupes nous ont fait les déclarations suivantes :
-Bouhssine Foulane (musicien d’Agadir) :
«Comme vous venez de le voir, nous avons fait une fusion entre tamazighte et Tagnaouite. Il y a beaucoup de similitudes entre la maloya (Île de La Réunion), tachelhite et tagnaouite (Maroc). Et cela nous a fait plaisir. On a pu ainsi introduire des formes nouvelles de musique et des instruments traditionnels (loutar, ribab et percussion) qu’on a fusionnés avec la kora, le saxo et la clarinette contralto.
Le résultat obtenu nous permet de dire que la musique amazighe est très ouverte et en plus, nous avons, à Agadir, d’excellents musiciens capables de réussir toute fusion avec d’autres musiques du monde».
-Sami Pageaux-Waro (groupe Lo Griyo)
«C’est super! Lo Griyo est en train de retrouver ses sources puisque, quand j’ai proposé des morceaux de Lo Griyo, c’était avec une allitération gnawa, amazighe. Il y a aussi des rythmes chaâbi, dans Lo Griyo.
C’est Brahim (directeur artistique du Festival Timitar) qui est venu voir le concert de Lo Griyo à la Réunion. Et il a vraiment aimé ce qu’on a fait. Du coup, il m’a demandé si on serait intéressé de rencontrer des musiciens amazighs à Agadir, et à la Réunion dans un deuxième temps. C’est de là qu’est donc partie l’idée de la création. Surtout que la rencontre dure une année. Là, c’est le début. Après, ce qui est bien, c’est qu’ils vont venir goûter un peu la maloya chez nous à La Réunion. Et après La Réunion, normalement, on joue à Timitar si tout va bien.
C’est un peu Brahim qui organise tout ça. Et c’est lui qui a d’ailleurs choisi les musiciens puisque quand on est arrivé, on ne les connaissait pas du tout, ni Mehdi, ni Foulane, ni Khalid. En une semaine de travail, on a réussi à faire ce que le public a pu apprécier ce soir. Moi, je chante en créole réunionnais et eux chantent en arabe ou en amazigh.
Cette fusion ne peut que nous nourrir puisqu’on retrouve un peu des sources de Lo Griyo. De plus, on a fait pas mal de rencontres. C’est vrai que là, la rencontre est pertinente. Car tout de suite, ça a marché, les rythmes sont pareils, les mélodies se ressemblent… Et les uns et les autres, on a vite assimilé le répertoire et proposé des idées... C’est vraiment fluide. C’est donc très bien».