Inauguration de l’autoroute Marrakech-Agadir : Vers le désenclavement du Sud

SAR le Prince Moulay Rachid a présidé, lundi après-midi à la commune de M’zoudia dans la province de Chichaoua, l’inauguration de l’autoroute Marrakech-Agadir longue de près de 230,5 km pour un investissement de 8 milliards de dirhams.
Après avoir suivi la présentation du projet par le ministre de l’Equipement et des Transports, Karim Ghellab, et le directeur général de la société des autroroutes du Maroc, Othman Fassi-Fihri, SAR le Prince Moulay Rachid a coupé le ruban symbolique inaugurant l’autoroute.  
SAR le Prince Moulay Rachid a ensuite emprunté l’autoroute en voiture sur une distance de 200 mètres  aller et retour.
Il est à noter que Karim Ghellab a présenté à cette occasion à Son Altesse Royale un livre sur l’autoroute Marrakech-Agadir.
Tout en atténuant l’enclavement d’une région à fort potentiel économique et en reliant deux pôles touristiques importants, Marrakech et Agadir, la réalisation de cette autoroute aura des retombées économiques sur le développement des secteurs touristique et agricole, les échanges commerciaux avec l’Europe et l’attractivité des investissements.
Le projet contribuera à l’amélioration de la sécurité routière, la réduction des temps de voyage et des coûts de transport. Grâce à ce nouvel axe autoroutier, le trajet Agadir-Tanger qui nécessitait autrefois plus de 14 heures est réduit de moitié, Casablanca n’est plus qu’à 4 h d’Agadir et  2h de Marrakech.
L’autoroute Marrakech-Agadir comprend 7 échangeurs, 4 aires de service et 6 gares de péage.
Les principaux ouvrages comprennent 1 tunnel, 13 viaducs, 90 ponts et 55 passages pour piétons et pour véhicules.
L’autoroute Marrakech-Agadir compte le premier tunnel réalisé sur les autoroutes au Maroc,  situé au niveau du PK 8 + 300 de la section Imintanout-Argana. D’une longueur de 562 m couverte d’une hauteur libre de 5,50 m, cet ouvrage comporte deux tubes monodirectionnels à 2 voies de 3,50m. A l’instar des ouvrages routiers modernes, ce tunnel est équipé de systèmes de sécurité  et d’exploitation qui en garantissent un fonctionnement optimal.
Le tunnel permet le franchissement des hauts plateaux du Haut-Atlas à une altitude de 950m. Son coût global, équipements compris, est de 243 millions (HT).  
Il est à noter que la société ADM (Autoroutes du Maroc) s’est engagée avec le Haut Commissariat aux Eaux et Forêts et à la lutte contre la  désertification pour la réalisation d’un programme de reboisement de l’arganeraie sur une superficie globale de 920 ha, soit près de 200.000 jeunes plants, lequel sera effectué pendant la période 2008-2011, soit un reboisement supérieur aux superficies détruites. Le coût global de ce programme est estimé à 10 millions de dirhams.  
ADM a également mené une action sociale dans les communes et régions traversées par l’autoroute consistant en la réalisation d’aménagements complémentaires dans les écoles. L’objectif étant de sensibiliser les élèves, pour leur propre sécurité, à un nouvel  environnement modifié par la construction de l’autoroute.
Ces actions ont été menées dans le cadre d’un partenariat avec la Fondation Mohammed VI pour l’Environnement dans le cadre  du programme «Eco-Ecole» visant la sensibilisation des jeunes au principe de sécurité en liaison avec la circulation sur l’autoroute.
A noter que l’autoroute a été ouverte à la circulation lundi en fin d’après-midi.

Ils ont dit

Karim Ghellab
Ministre de l’Equipement
et des Transports 

« Aujourd’hui, l’autoroute va être inaugurée par SAR le Prince Moulay Rachid conformément aux délais impartis et à la date annoncée, c’est-à-dire avant juin 2010. Et grâce à Dieu et à une parfaite conjugaison des efforts des cadres du ministère, d’ADM, des entreprises, des bureaux d’études, nous avons pu respecter ce délai. Cette autoroute sera ouverte à la circulation aujourd’hui, juste après la cérémonie d’inauguration, à la fin de cette journée (lundi). La longueur de l’axe réalisé est de 175 km sachant que l’autoroute Marrakech-Agadir est longue de 225 km et que  les 50 km précédents ont été déjà ouverts à la circulation. Donc, l’autoroute, qui arrive aujourdh’ui à Agadir et sera ouverte à la circulation aura un impact très important sur l’économie des régions de Marrakech, d’Agadir et du Sud. La durée de voyage sera réduite d’une façon sensible. Aujourd’hui, le voyage entre Marrakech et Agadir qui est de 4h passera à 2h. Ce qui fait un gain de 2h. Ceci aura un grand impact sur les régions du Souss, de Marrakech et le Sud du Maroc en général et l’économie touristique puisque le produit balnéaire d’Agadir sera intégré au produit culturel de Marrakech de sorte que le produit touristique atteindra un niveau qui permettra de drainer un grand nombre de touristes. L’économie du Souss qui est une région très dynamique dans un certain nombre de domaines : (pêche, agriculture, agro-alimentaire, etc), sera intégrée aux autres régions du Royaume et en particulier la région de Casablanca  qui a aussi une dynamique particulière dans le domaine économique. Tout ceci aura un impact important sur la compétitivité de la région du Souss et du Sud du Maroc du fait que le coût du transport baissera environ de 20% grâce à la réalisation de l’autoroute, ce qui  permettra de générer des milliers d’emplois qui seront créés grâce à cette autoroute».

Brahim Hafidi
Président de la région
Souss-Massa-Drâa

«C’est une journée historique. Tous les opérateurs économiques de la région Souss-Massa-Drâa attendaient cette autoroute qui va contribuer à l’économie de la région. Comme vous le savez, nous avons trois secteurs économiques clés : l’agriculture, les fruits et légumes qui sont produits essentiellement dans notre région et acheminés vers les marchés nationaux et internationaux. Donc, l’autoroute va jouer un rôle très important pour faciliter le transport et la même  chose pour les produits de la mer. Nous attendons également une nette amélioration de notre tourisme surtout national, car cette autoroute va relier deux villes touristiques du Royaume. Il y aura également une facilité de voyage pour notre communauté résidant à l’étranger puisqu’aujourd’hui, la ville d’Agadir est reliée par autoroute à toutes les capitales européennes, ce qui va rendre le voyage de cette communauté beaucoup plus facile».

Abderrahim Oummani
Président du Conseil
régional du tourisme
Agadir Souss-Massa-Drâa

«C’est une valeur ajoutée pour l’économie de la région et particulièrement pour le tourisme parce qu’elle va booster le tourisme national vers Agadir et aussi vers Marrakech. Vous savez qu’actuellement à Agadir, nous avons 23%  de quote-part du tourisme national au niveau de la destination Agadir. C’est la deuxième clientèle après les Français. Nous pensons déjà pour 2011 à 35% de quote-part et la clientèle nationale deviendra la première clientèle d’Agadir. Ça va aussi faire travailler les hôtels de 2e et de 3e lignes ainsi que les résidences touristiques. Pour le volet tourisme international, nous sommes en train de travailler sur un produit combiné entre un tourisme culturel comme le cas de Marrakech et un tourisme  balnéaire à Agadir. Bien sûr, il y a  des croisières qui viennent à Agadir et qui peuvent aller sur Marrakech. C’est ça qui est très important et très intéressant. Et je pense que nous pouvons drainer une clientèle qui souhaite combiner le culturel et le balnéaire. En tout cas, l’autoroute est une excellente chose, et je pense qu’elle aura un impact très positif au niveau de l’économie régionale et surtout sur le plan touristique».

Tariq Kabbage
Maire de la ville d’Agadir

«Cette autoroute aura un impact positif sur la ville d’Agadir et sa région. Tout le monde connaît les conditions de circulation entre Marrakech et Agadir par l’ancienne route, une route dangereuse où il y a un trafic important, car la région du Souss est la première région productrice de légumes et d’agrumes du Maroc, dont beaucoup de légumes pour l’exportation passaient par cette route ainsi que les agrumes pour le marché intérieur. Donc, des centaines de camions tous les jours dans des conditions dangereuses, et je ne dis pas qu’aujourd’hui tout sera réglé, parce qu’il faut que les véhicules soient à la hauteur. L’autre problème, c’est par rapport au tourisme. Je pense qu’il y aura une répercussion très positive parce que beaucoup de touristes marocains voudront venir à Agadir, et le tourisme national est très important pour  nous, pour notre avenir, pour notre développement. Et durant les vacances, beaucoup de gens ne vont pas à Agadir à cause de la qualité  de la route. Des gens, qui, quand ils partent, ne savent pas s’ils vont arriver ou pas; là disons que la probabilité est beaucoup plus importante. En ce qui concerne le tourisme étranger, je crois que la facilité Marrakech-Agadir est très importante. Des trouristes pourront partir d’Agadir  à Marrakech et réciproquement. C’est très important pour nous. Donc, sur le plan économique, cela aura un impact très positif sur le développement de la ville, sur la région parce qu’il n’y a pas qu’Agadir comme zone touristique, il y a aussi des villes comme Ifni, Mirleft qu’il faut développer. Plus au Nord, nous espérons le développement de Taghazout. Et nous avons besoin aujourd’hui d’une station forte au Nord qui puisse accueillir tous ceux qui vont vouloir venir à Agadir et peut-être avoir aussi une résidence secondaire. Le problème d’Agadir aujourd’hui, c’est qu’il y a peu de foncier disponible et là, il est non construit, mais non disponible à cause de ce qu’on appelle toujours la spéculation. ll faudrait ouvrir, en dehors d’Agadir bien sûr, de nouveaux espaces qui permettent aux Marocains, aux étrangers de venir vivre sous un climat qui est un des meilleurs au monde. Donc, voilà de ce point de vue-là, l’autoroute est une très grande chose pour nous. Et ce qui est important surtout, c’est qu’ils aient prévu que l’autoroute ouvre au mois de juin, et effectivement, ils ont respecté le délai. Cela prouve que nous avons des ingénieurs capables de faire de grandes choses, de les contrôler et je crois que ça aussi, c’est quelque chose qu’il faut relever. Le ministère de l’Equipement a été à la hauteur, il faut dire les choses comme elles sont. Malgré les difficultés, c’est un tronçon difficile et dangereux ; ils ont trouvé les solutions et je suis heureux et fier que notre ministère ait pu suivre ça. Bien sûr, il y a d’autres chantiers que le ministère essaie d’ouvrir pour sécuriser notamment la qualité du parc automobile au niveau du pays et j’espère qu’il arrivera à faire ce qu’il a entrepris depuis plusieurs années».