Inaudible, la voix d’Alger dans le concert des nations

La résolution 2756 du CS conforte la position du Maroc infligeant un nouveau revers à la junte algérienne


Mourad Tabet
Vendredi 1 Novembre 2024

Inaudible, la voix d’Alger dans le concert des nations
La scène était désolante pour la junte militaire algérienne jeudi 31 octobre 2024 au sein du Conseil de sécurité (CS) de l’ONU. Elle s’est finalement rendu compte à quel point elle était politiquement et diplomatiquement isolée sur la scène internationale.

En effet, le CS a adopté le même jour le projet de résolution n°2756/2024  préparé par le penholder américain et qui proroge le mandat de la Minurso jusqu’au 31 octobre 2025 sans prendre en compte les amendements proposés par la junte algérienne.

Ce projet de résolution a été adopté par 12 voix pour et deux abstentions (Russie et Mozambique), alors que l’Algérie n’a pas pris part au vote.  Aucun pays n’a voté contre.

Le fait marquant de cette séance plénière du Conseil de sécurité est l’intervention du représentant de la France qui a réitéré la position de son pays à propos de la question du Sahara marocain, reprenant la phrase du Président Emmanuel Macron dans la lettre qu’il a envoyée à S.M le Roi Mohammed VI en juillet dernier et lors de son discours prononcé mardi dernier devant les parlementaires marocains : «Le passé et l’avenir du Sahara s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine».

Par ailleurs, le Maroc s’est félicité de l'adoption de cette nouvelle résolution qui «intervient dans un contexte marqué par la trajectoire irréversible imprimée par S.M le Roi Mohammed VI au dossier de l'intégrité territoriale du Royaume, à travers les soutiens croissants de membres permanents du Conseil de sécurité et de pays influents à la marocanité du Sahara et à l'initiative marocaine d'autonomie et la poursuite des retraits des reconnaissances de la pseudo-rasd», a souligné le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger.

«La résolution, adoptée ce jour, préserve tous les acquis du Maroc. Elle introduit également de nouveaux éléments importants pour l'évolution future du dossier au sein des Nations unies», a affirmé la même source.

En effet, le nouveau texte consacre le cadre, les parties et la finalité du processus politique. Ainsi, le Conseil de sécurité rappelle de nouveau que les tables rondes constituent le seul et unique cadre pour parvenir à une solution politique au différend régional sur le Sahara marocain.

De plus, la résolution identifie clairement les parties au différend, notamment l'Algérie qui est citée dans la résolution autant de fois que le Maroc. De même, le Conseil de sécurité réaffirme que la solution politique ne peut être que réaliste, pragmatique, durable, et basée sur le compromis, des éléments cardinaux de l'initiative marocaine d'autonomie, dont la prééminence a été réaffirmée.

Par ailleurs, la résolution 2756 consacre des évolutions importantes qui confortent la position du Royaume. En effet, dans le premier ajout, le Conseil "s’est félicité du momentum récent et a demandé instamment à ce que l'on construise autour".

La nouvelle résolution a infligé  un nouveau camouflet à la junte militaire algérienne. Son représentant au Conseil de sécurité a proposé deux amendements. Le premier a trait à l’élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l'Homme au Sahara marocain et le deuxième porte sur la visite du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme. Ces deux amendements ont été rejetés y compris par la Russie qui est en froid avec la junte militaire algérienne.

«Malheureusement, mon frère algérien a fait un show mal scénarisé », a commenté Omar Hilale, représentant permanent du Maroc aux Nations unies à New York lors d’un point de presse organisé à l’issue de l’adoption de la nouvelle résolution.

«Le représentant de l’Algérie a essayé de recourir à l’émotion quand il a parlé des droits de l’Homme, mais son message n’était pas audible, car il émane du représentant d’un pays qui viole les droits de l’Homme, muselle la presse, persécute les opposants, emprisonne même les chanteurs et les chanteuses et opprime le peuple kabyle. Comment un pays comme l’Algérie peut-il se prévaloir de donner des leçons sur les droits de l’Homme ?», s’est-il interrogé. Et d’ajouter : « Le fait que le CS n’a pas appuyé ces deux amendements signifie un échec pour la diplomatie algérienne et sa politique visant à diviser le CS. En plus, l’Algérie n’a pas respecté le penholder en proposant à la dernière minute des amendements mis en bleu, chose inhabituelle dans les pratiques de l’ONU ».

«Ce sont des attitudes irresponsables qui prouvent tout simplement que ce qui intéresse l’Algérie c’est le Maroc. Alger n’a pas agi de cette manière sur les questions discutées par cette instance depuis qu’il a siégé au sein du CS en janvier dernier en tant que membre non permanent. Aucun amendement n’a été mis en bleu en affrontant le penholder. Cela prouve l’implication et la responsabilité de l’Algérie dans ce dossier », a-t-il martelé.

Quant au refus de l’Algérie de prendre part au vote de ladite résolution, Omar Hilale a déclaré : «J’ai parlé tout à l’heure d’un show mal scénarisé et d’une sortie de scène lamentable, car le fait de ne pas voter la résolution a été la risée des diplomates et des responsables du secrétariat se sont demandé : que fait l’Algérie ? Elle a, d’une part, raté le coche pour s’opposer à ladite résolution et montrer qu’elle est très attachée aux questions des droits de l’Homme. Elle a, d’autre part, raté le coche en ne participant pas au vote. Dans les pratiques onusiennes, quand un pays membre du CS ne participe pas au vote, cela veut dire qu’il est impliqué directement dans cette question soumise au vote. L’Algérie donne la preuve aussi bien par la manière que par le contenu et la mise en scène qu’elle est partie principale dans ce conflit ».

Selon le diplomate marocain, et pour la première fois, le CS a introduit un lien direct entre la relance du processus politique et le respect du cessez-le-feu violé constamment par les pantins polisariens en connivence avec la junte militaire d’Alger. Il a également fait savoir que le CS a mis l’accent sur l’importance et l’urgence de la coopération avec le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme, tout en saluant particulièrement les efforts constants du Royaume dans la promotion et la protection des droits de l’Homme dans ses provinces sahariennes à travers le rôle joué par le CNDH et ses représentations régionales à Laâyoune et à Dakhla.

De même, le CS a appelé à la nécessité de recenser la population séquestrée dans les camps de Tindouf, ainsi qu’à mettre fin au détournement des aides humanitaires internationales par la milice séparatiste et le Croissant-Rouge algérien, et ce à travers l’acheminement de ces aides directement à la population séquestrée conformément aux pratiques des organisations humanitaires internationales.

Par ailleurs, Omar Hilale a abordé la proposition soufflée récemment par l'Envoyé personnel du SG de l’ONU pour le Sahara, Staffan de Mistura, lors d'un briefing à huis clos au Conseil de sécurité de l'ONU concernant la partition du Sahara entre le Maroc et les séparatistes du polisario comme étant l'une des solutions pour résoudre définitivement ce conflit.

Selon Omar Hilale, la lecture des résolutions du CS doit également se faire à l’aune de ses silences. «C’est le cas présentement avec le silence total du CS à propos de l’intervention de Staffan de Mistura devant le CS le 16 octobre dernier ».

D’après lui, cette idée farfelue a été proposée par la junte militaire algérienne par le biais de son ancien président  feu Abdelaziz Bouteflika, le 2 novembre 2001, à Houston, à l’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU d’alors, James Baker, comme cela est consigné dans le rapport du Secrétaire général du 19 février 2002, paragraphe 2.

Pis encore, l’ancien ambassadeur algérien Abdellah Baali avait adressé, le 22 juillet 2002, une lettre au président du Conseil de sécurité dans laquelle il expliquait que l’Algérie était disposée à examiner la proposition concernant une possible partition du territoire du Sahara à laquelle le Maroc avait opposé un niet catégorique.

Mourad Tabet


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