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« J’ai eu l’impression que ce mercredi soir, les rues de Rabat étaient moins remplies que d’habitude, et qu’il y avait du monde dans les cafés. Comme un soir de Clasico », sourit cette journaliste de télévision, une passionnée des émissions de débat. Dans sa tête, les questions se bousculent. Les Marocains aiment-ils le débat politique ? La télévision est-elle à même d’organiser de tels face-à-face ? Et le personnel politique est-il suffisamment outillé pour se lancer dans l’aventure des débats cathodiques ?
Ahmed Zaïdi, le président du Groupe parlementaire socialiste à la Chambre des députés, est formel : oui, de tels débats politiques peuvent avoir lieu, à la télévision chez nous. Le député de gauche sait de quoi il parle. Dans une autre vie, il a été homme de télévision durant plus de 20 ans. « Oui, nous pouvons avoir ces débats politiques sur les télévisions publiques mais pas avec les cahiers des charges actuels élaborés par le ministre de la Communication. Ce sont des cahiers des charges qui consacrent la mainmise du gouvernement sur l’audiovisuel public. Chez nous, les médias audiovisuels publics n’ont jamais été libres. Ils étaient sous le contrôle d’administratifs qui prenaient leurs ordres je ne sais où. Aujourd’hui, la situation n’est guère meilleure. Avec ces nouveaux cahiers des charges qui prévoient la diffusion intégrale des discours et conférences du chef de gouvernement, c’est tout simplement le gouvernement qui veut contrôler les médias publics en dictant aux journalistes ce qu’ils doivent faire. Ceci est d’autant plus dangereux que ces cahiers des charges sont le fait d’un chef de gouvernement et de son ministre de la Communication qui défendent une vision idéologique très claire ».
«Se réapproprier
les règles du débat»
Les nouveaux cahiers des charges, ceux-là mêmes qui ont soulevé un vif débat dans la société - les députés de la Chambre basse ont sommé Mostafa El Khalfi, le ministre de la Communication, de s’expliquer devant la commission parlementaire de l’information et de la culture- prévoient l’organisation de six débats politiques hebdomadaires, diffusés par Al Oula et 2M. Pour Fatiha Layadi, députée battant pavillon PAM, ce sera mission impossible ou presque. « Nous allons avoir un gros problème. D’abord, et il faut bien le dire, les hommes et les femmes n’aiment pas aller à la télévision. Ensuite, il convient de se demander de quel débat politique nous parlons. Toutes les thématiques seront-elles abordées ? le personnel politique et les télévisions peuvent-ils aller jusqu’au bout ? Est-ce qu’au contraire les télévisions continueront d’aborder que certains sujets?», s’interroge celle qui a conduit la liste nationale du parti du tracteur. Pas question pour cette ancienne journaliste ayant fait carrière à la fois dans la presse écrite et à la télévision –elle a été rédacteur en chef du JT de 2M- de se voiler la face. «Nous n’avons plus la culture du débat. Nous avons perdu le sens de l’écoute de l’Autre. Il est essentiel aujourd’hui pour nous de se réapproprier les règles du débat avant d’y aller ».
La culture du débat se cultive. Telle est la conviction d’Ismaïl Alaoui, l’ancien secrétaire général du PPS, aujourd’hui à la tête du conseil de la présidence de cette formation politique. « Nous n’avons pas, nous autres hommes et femmes politiques, de culture du débat. Une telle culture ne tombe pas du ciel, elle se cultive. Mais de la même manière, on ne s’improvise pas animateur télé de débat politique. C’est un métier », fait remarquer M. Alaoui.
«Un champ des libertés
audiovisuelles menacé»
En ces temps de changement (agité), la télévision peut-elle jouer un rôle dans la réhabilitation de l’action politique ? « C’est un formidable outil. Mais attention, c’est un outil capable du meilleur comme du pire. Mais je ne ferais jamais des journalistes des boucs émissaires ou des apprentis sorciers » déclare celui qui a été le leader du parti des anciens communistes.
L’Usfpéiste Ahmed Zaidi est loin de partager cet optimisme. Pour ce membre du Bureau politique du parti de la Rose, débat politique et télévision ne font pas bon ménage. « J’en veux pour preuve tous ces journalistes marocains qui font carrière à la télévision sous d’autres cieux et qui brillent par leur compétence. Evidemment nos télévisions peuvent mieux faire. Mais dans l’atmosphère actuelle, les choses se compliquent davantage. Avec ce gouvernement, le champ des libertés audiovisuelles est dans une situation difficile. Il est urgent de rectifier le tir de ces nouveaux cahiers des charges qui sont en totale contraction avec toute réforme audiovisuelle allant dans le sens de la liberté, de l’indépendance et du professionnalisme ».