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«12 octobre 2027 : Le gouvernement annonce un couvre-feu par la voix de son ministre des origines pour les personnes dites différentes» ronronne le flash d'infos à la radio d'une voiture. «Elles devront porter un badge de reconnaissance sur leurs vêtements». Ainsi commence le dernier clip du trompettiste Ibrahim Maalouf. Un journal radiophonique fictif qui fait froid dans le dos.
Pour cette reprise sensible et mélancolique du célèbre titre de Beyoncé, le musicien met en scène ses craintes. Il dresse une contre-utopie de la France en 2027. Un futur proche qui rappellerait les heures les plus sombres de l'histoire. Une once d'espoir subsiste tout de même grâce à des groupuscules féminins, «dissidents et non armés», qui «encouragent le mélange entre les populations «différentes» et les Français de souche», comme le rappelle le bulletin d'information.
Réalisé à la veille des élections régionales où le Front national a obtenu le meilleur score de son histoire, et alors que la droitisation des discours gagne tous les camps politiques, le clip fait froid dans le dos. «J'ai souhaité à la fois dénoncer l'imminence d'une crise sans précédent, et montrer qu'il ne faut surtout pas baisser les bras», précise le trompettiste qui, quatre jours après les attentats de Paris, a été arrêté à la Gare du Nord parce qu'il était fiché par Interpol. L’artiste s’apprêtait à quitter la France pour Londres où il devait donner un concert.
Interrogé par le quotidien français «Le Figaro» s’il peut y avoir un lien entre sa vidéo et les dérives graves de l'état d'urgence, dont il a été lui-même victime, Ibrahim Maalouf répond par la négation : «Non, ce n'est pas lié à l'état d'urgence. Et ma malheureuse situation est insignifiante par rapport à ce qui se passe en France. L'état d'urgence est nécessaire car le pays est en danger. Les flics avaient bien fait leur travail quand ils m'ont arrêté. Mais c'est la douane qui a fait du zèle en voulant me sortir du train alors qu'ils n'avaient aucune raison de le faire. Il faut effectivement faire attention à ce que certaines personnes n'abusent pas de la force dont elles disposent lors de l'état d'urgence. Mais le clip est vraiment à associer aux propos fétides qui se répandent dans la société», explique-t-il.
Toujours dans le même entretien, Ibrahim Maalouf explique ce qui l’a conduit à mettre en scène dans cette vidéo une France divisée en deux et ultra sécuritaire : «Depuis 2011 environ, je sens quelque chose venir, dit-il, une énorme vague, un mouvement nauséabond et triste, qui tend à critiquer et à tirer la sonnette d'alarme sur la notion de multiculturalisme», précise le jeune musicien dans ledit entretien. «Ces derniers temps, cela s'est exacerbé et cela me fait très peur. Ce n'est pas à ça que ressemble la France dont j'ai toujours rêvé, ce n'est pas ça la France de Voltaire, Hugo ou Apollinaire !», se révolte-t-il, avant de préciser que ce qui lui a vraiment mis le pied à l'étrier pour cette vidéo, ce sont les fameux propos tenus par Nadine Morano sur le plateau de l'émission «On n'est pas couché», lorsqu'elle a déclaré que «la France est un pays de race blanche». «Que de tels propos puissent être tenus sans être inquiété par la justice, cela montre qu'il y a un dysfonctionnement quelque part», lance-t-il.
Notons que pour cette reprise de «Run the World» de Beyoncé, Ibrahim Maalouf a fait appel à la danseuse franco-marocaine Hajiba Fahmy qui accompagne la chanteuse américaine dans ses tournées depuis plusieurs années.
Née à Valence, c’est là-bas que Hajiba Fahmy commence la danse dès l’âge de 6 ans. Selon «Yabiladi.com», passionnée, Hajiba se rend à Paris, à 16 ans, où elle prend des cours de danse contemporaine au Conservatoire de Paris pendant 5 ans. Après une tournée au Canada et à Londres, elle auditionne pour le chorégraphe Jean-Claude Gallotta, en France. Elle commence à travailler sur scène avec des artistes comme Dany Brillant, Orelsan ou encore Sh’ym. Lors d’un shooting pour Issey Miyake, elle rencontre celui qui deviendra son agent : Bruno Perret. Ce dernier lui fait passer un casting pour la chorégraphe Blanca Li. Elle ne le savait pas encore, mais c’était pour la campagne de H&M avec une « artiste américaine ». Le soir même on lui apprend qu’elle est prise et que c’est pour Beyoncé. Elle pensait travailler avec Beyoncé sur un seul projet, mais Queen B, impressionnée par son travail et son sérieux, lui proposa de participer à sa tournée et l’aventure Beyoncé commença pour elle.