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Le théorème de Pythagore, de Thalès ou la constante d'Archimède... sur scène: Houria Lafrance, enseignante atypique d'origine algérienne, issue d'une fratrie de douze enfants et née dans un quartier pauvre de Lille, en France, casse les codes dans son collège pour réconcilier les jeunes avec "l'art" des mathématiques.
L'idée lui est venue en 2009. Elle réfléchissait sur des "démarches expérimentales" (rap, danse, tutorat....) menées deci delà quand elle a proposé à ses élèves nécessitant un soutien d'imaginer une situation mathématique avec de la proportionnalité: "Vous allez jouer des personnages et je dois retrouver l'action, le cadre et le problème".
Cette première fut une réussite. L'enseignante a donc réédité l'expérience, cette fois dans son collège à Saint-Orens, près de Toulouse (sud-ouest).
"Quand on apprenait une leçon, je demandais de la jouer sous forme d'impro. Il fallait que dans la scène, je retrouve la notion de maths", explique cette femme de 47 ans, y voyant un autre atout: "Les élèves apprenaient leurs leçons".
L'académie a regardé cette originalité avec circonspection mais n'y a finalement rien trouvé à redire, tout le programme étant effectué.
Certains collègues ou parents sont restés plus dubitatifs: "J'ai dû expliquer l'intérêt pédagogique. Qu'on n'allait pas seulement s'amuser. Qu'il y avait un apprentissage des mathématiques".
Aujourd'hui, sa démarche est entrée dans les moeurs. Mais toutes les notions mathématiques peuvent-elles se jouer? "Il faut avoir de l'imagination", répond l'enseignante aux cheveux bleutés, "il faut essayer et donner une certaine liberté aux jeunes ainsi qu'aux enseignants".
"Après si ça marche, ça marche. Si ça ne marche pas, ça ne marche pas, mais on a essayé", ajoute cette enseignante dont le travail vient d'être consacré: elle a été, à sa "grande surprise", élevée au rang de chevalier de l'ordre national du Mérite et recevra sa distinction des mains du mathématicien et député Cédric Villani, "le meilleur ambassadeur des maths".
Pourquoi le théâtre? Peut-être parce qu'enfant, la "numéro 8" de la fratrie rêvait de monter sur les planches.
Mais pour son père, "ouvrier qui trimait" et sa mère, mariée à 16 ans, "ne sachant ni lire ni écrire", c'était tout bonnement inconcevable.
"Il fallait qu'on réussisse. On n'avait pas le choix. Il fallait avoir le +nif+ (respect) des enseignants, de la France... Pour mon père, on représentait la famille", raconte Houria Lafrance, qui n'a jamais eu d'aide à la maison mais a toujours été poussée, notamment par son grand-frère, le numéro 4.
Au final, la fratrie a exaucé tous les souhaits du père, qui passa quatre ans dans un bidonville après son arrivée en France en 1962: un radiologue, un médecin urgentiste, trois infirmiers, un chargé de proximité dans les logements sociaux, un comptable, une éducatrice, un directeur de centre médico-social, une éducatrice spécialisée diplômée en sociologie et en passe de devenir assistante sociale, une enseignante et un agriculteur en Algérie.
"La réussite scolaire était une priorité pour mon père sans formation. Je voulais réussir pour moi en tant que fille, mais aussi en tant qu'enfant d'immigré car je me suis pris des claques", poursuit-elle. Collégienne, avec 18 de moyenne en maths malgré sa dysphasie, elle se souvient d'un professeur lui disant: "Toi, tu rentreras au pays te marier".
"J'étais timide mais j'ai compris que je devais réagir. Et je réponds avec ma réussite", souligne cette mère de trois enfants, mariée à un docteur en physique.
Aujourd'hui, le moteur de cette enseignante est d'agir pour atténuer "les disparités sociales et culturelles", notamment dans les quartiers difficiles.
En octobre, elle organisera une rencontre intitulée "En piste pour les mathématiques" dans un quartier défavorisé de Toulouse où elle a débuté professionnellement. "On ne montre que les difficultés de ces quartiers. Or il y a plein de réussites aussi. Et ce sont celles-là qu'il faut montrer", insiste-t-elle.
L'idée lui est venue en 2009. Elle réfléchissait sur des "démarches expérimentales" (rap, danse, tutorat....) menées deci delà quand elle a proposé à ses élèves nécessitant un soutien d'imaginer une situation mathématique avec de la proportionnalité: "Vous allez jouer des personnages et je dois retrouver l'action, le cadre et le problème".
Cette première fut une réussite. L'enseignante a donc réédité l'expérience, cette fois dans son collège à Saint-Orens, près de Toulouse (sud-ouest).
"Quand on apprenait une leçon, je demandais de la jouer sous forme d'impro. Il fallait que dans la scène, je retrouve la notion de maths", explique cette femme de 47 ans, y voyant un autre atout: "Les élèves apprenaient leurs leçons".
L'académie a regardé cette originalité avec circonspection mais n'y a finalement rien trouvé à redire, tout le programme étant effectué.
Certains collègues ou parents sont restés plus dubitatifs: "J'ai dû expliquer l'intérêt pédagogique. Qu'on n'allait pas seulement s'amuser. Qu'il y avait un apprentissage des mathématiques".
Aujourd'hui, sa démarche est entrée dans les moeurs. Mais toutes les notions mathématiques peuvent-elles se jouer? "Il faut avoir de l'imagination", répond l'enseignante aux cheveux bleutés, "il faut essayer et donner une certaine liberté aux jeunes ainsi qu'aux enseignants".
"Après si ça marche, ça marche. Si ça ne marche pas, ça ne marche pas, mais on a essayé", ajoute cette enseignante dont le travail vient d'être consacré: elle a été, à sa "grande surprise", élevée au rang de chevalier de l'ordre national du Mérite et recevra sa distinction des mains du mathématicien et député Cédric Villani, "le meilleur ambassadeur des maths".
Pourquoi le théâtre? Peut-être parce qu'enfant, la "numéro 8" de la fratrie rêvait de monter sur les planches.
Mais pour son père, "ouvrier qui trimait" et sa mère, mariée à 16 ans, "ne sachant ni lire ni écrire", c'était tout bonnement inconcevable.
"Il fallait qu'on réussisse. On n'avait pas le choix. Il fallait avoir le +nif+ (respect) des enseignants, de la France... Pour mon père, on représentait la famille", raconte Houria Lafrance, qui n'a jamais eu d'aide à la maison mais a toujours été poussée, notamment par son grand-frère, le numéro 4.
Au final, la fratrie a exaucé tous les souhaits du père, qui passa quatre ans dans un bidonville après son arrivée en France en 1962: un radiologue, un médecin urgentiste, trois infirmiers, un chargé de proximité dans les logements sociaux, un comptable, une éducatrice, un directeur de centre médico-social, une éducatrice spécialisée diplômée en sociologie et en passe de devenir assistante sociale, une enseignante et un agriculteur en Algérie.
"La réussite scolaire était une priorité pour mon père sans formation. Je voulais réussir pour moi en tant que fille, mais aussi en tant qu'enfant d'immigré car je me suis pris des claques", poursuit-elle. Collégienne, avec 18 de moyenne en maths malgré sa dysphasie, elle se souvient d'un professeur lui disant: "Toi, tu rentreras au pays te marier".
"J'étais timide mais j'ai compris que je devais réagir. Et je réponds avec ma réussite", souligne cette mère de trois enfants, mariée à un docteur en physique.
Aujourd'hui, le moteur de cette enseignante est d'agir pour atténuer "les disparités sociales et culturelles", notamment dans les quartiers difficiles.
En octobre, elle organisera une rencontre intitulée "En piste pour les mathématiques" dans un quartier défavorisé de Toulouse où elle a débuté professionnellement. "On ne montre que les difficultés de ces quartiers. Or il y a plein de réussites aussi. Et ce sont celles-là qu'il faut montrer", insiste-t-elle.