Hommage au peintre et dessinateur hors pair : Bouchta El Hayani, de retour aux sources

La Galerie 38 ouvre l'année 2012, avec une nouvelle rétrospective, en rendant hommage au maître de la peinture et dessinateur hors pair :  Bouchta El Hayani.
Du jeudi 9 février au jeudi 16 mars 2012, l'exposition "Bouchta El Hayani. Retour aux sources" propose de revisiter la collection des œuvres majeures de l'artiste, des années 70 jusqu'à aujourd'hui. Peintre libre, animé par la volonté de sortir des sentiers battus pour suivre sa propre voie intellectuelle et artistique, Bouchta El Hayani a su au fil des ans imposer son langage et devenir l'une des figures incontournables de la peinture contemporaine marocaine. A travers l'exposition "Bouchta El Hayani. Retour aux sources", la Galerie 38 propose de revenir sur le cheminement intellectuel et artistique de l'artiste.
Doté d'un don inné pour le dessin qu'il découvre dès ses premières classes de primaire, Bouchta El Hayani est sans conteste l'un des plus remarquables dessinateurs que compte le Maroc. Il n'a cessé de suivre sa voie. "Le seul choix que j'ai fait, c'est la peinture et aujourd'hui encore c'est ce qui me réconforte, là où je me sens bien", confie l'artiste. Fort d'un cursus à l'Ecole d'arts appliqués de Casablanca et d'un diplôme de Décoration et d'arts graphiques, Bouchta El Hayani refuse cependant de se cantonner à imiter les techniques ou les artistes en vogue. C'est ainsi qu'après s'être exercé à la couleur il se plonge dans le noir "parce que c'était une couleur proscrite des bancs de l'école". De cette période, la Galerie 38 offre aux visiteurs une série d'œuvres des années 70 et 80, mais aussi des dessins exceptionnels, source originelle des grands formats qu'il réalise des années plus tard.
La palette de l'artiste vire cependant en 1998. Il se rend alors à Paris à la Cité Internationale des Arts. Paradoxalement, Il lui faut venir à Paris pour découvrir l'Afrique, en particulier l'art africain empli de symboles, de couleurs "terre", de simplicité et de richesses qui lui font immédiatement écho. Ses toiles prennent alors une toute autre dimension. Maculées de signes, de symboles immémoriaux et de figures géométriques - comme le triangle, avec ses camaïeux d'ocres, ses jets ignés et cendrés, les toiles de Bouchta El Hayani renvoient le visiteur à un état ancestral et l'invitent à suivre un voyage à la fois intérieur et universel qui raconte le destin des hommes, son lien à la société et à la nature avec ses contradictions, ses moments d'opposition ou de cohésion.
Sa démarche artistique en dit long sur les questionnements qui envahissent l'esprit et l'âme de l'artiste. En recherche permanente tant sur l'esthétique de la peinture  que sur la spiritualité, l'Etre et son rapport au monde, Bouchta El Hayani est à l'image de sa peinture, "je me peins en totalité", dit-il lui-même. Empli d'humanité, émerveillé par ce qui l'entoure mais aussi tourmenté par le mal qui ronge le monde, la violence et la liberté de l'homme à se donner la mort ou prendre la vie d'autrui, Bouchta El Hayanni s'interroge. De là, a surgi de ses pinceaux l'homme emblématique, hiératique, "démasqué" et universel qui s'impose petit à petit sur ses toiles. Un homme sans couleur, sans cheveux, ni visage. Cet homme, "c'est moi" - dit instinctivement l'artiste, mais il s'agit surtout de l'homme universel face à son environnement. Chacun des visiteurs, happé par sa présence, se retrouve confronté à son propre reflet et par conséquent, seul face à lui-même.
A travers cette rétrospective inédite, La Galerie 38 propose une lecture nouvelle du travail de l'artiste en revenant sur ses œuvres fondatrices jusqu'à ses grands formats plus récents et propose ainsi aux visiteurs de s'immerger dans l'univers de ce peintre libre qui oscille avec brio entre abstraction et figuration.