Q: Vous avez bien connu l'Afrique, comment est-ce, par comparaison, d'entraîner l'Arabie Saoudite?
R: "C'est différent, mais le travail en soi est le même, la qualité des joueurs est importante ici. Maintenant, pour réussir de grandes performances dans un tournoi, il faut collectivement être très fort, surtout contre les adversaires contre lesquels on va jouer. Nous avons un groupe difficile, mais nous avons confiance en nous. Et puis, comme avec les différentes sélections que j'ai eues, les joueurs sont habitués à avoir des objectifs assez élevés, la plupart d'entre eux jouent la Ligue des champions asiatique (...). Mes joueurs sont toujours sous pression de résultat dans leurs clubs. Al-Hilal Ryad a gagné deux C1 sur les trois dernières années, ça prouve leur niveau, même s'il y a des étrangers. Nous avons des joueurs performants, maintenant il faut qu'on soit au point collectivement le 22 novembre."
Q: Comment se passe votre vie en Arabie Saoudite?
R: "Très bien, je vis à Ryad depuis trois ans, j'ai resigné un long contrat (2027, NDLR), j'ai surtout prolongé parce que je suis dans de bonnes conditions. La fédération, je n'ai pas peur de le dire, est exceptionnelle depuis trois ans. Elle va faire avancer le football saoudien. Après, avec moi, sans moi, ce n'est pas la question, ils sont vraiment dans la bonne direction."
Q: En qualifications, vous avez gagné tous vos matches à domicile...
R: "A Ryad et à Jeddah, où la capacité du stade est de 60.000 spectateurs, on reçoit un soutien énorme. L'ambiance est très belle aussi pour les clubs. L'Arabie Saoudite, on s'y méprend un peu en Europe, mais c'est un grand pays de football, on a tendance d'une façon un peu simpliste à dire: +C'est l'argent+. Alors oui, il y a des moyens, mais c'est un pays de football, et pas seulement depuis hier. C'est un pays de 30 millions d'habitants qui n'a rien à voir avec ses voisins du Moyen-Orient (...). Ici, les joueurs sont tous nés en Arabie Saoudite, il n'y a pas de naturalisation."
Q: Quels sont vos meilleurs joueurs?
R: "J'accorde toujours plus d'importance au collectif, mais si on veut ressortir des joueurs on peut citer deux grosses individualités. Salma Al-Farajh, le capitaine de cette équipe et aussi capitaine d'al-Hilal, un profil à la Thiago Motta, un pied gauche avec une technique exceptionnelle, c'est un peu notre métronome. Et l'ailier Salem al-Dawsari, joueur offensif qui joue aussi à al-Hilal, capable de faire des différences."
Q: Comment voyez-vous vos deux premiers matches, contre l'Argentine de Messi puis la Pologne de Lewandowski?
R: "C'est merveilleux! Quand on fait ce métier, on a envie de jouer contre les meilleurs. Même si c'est difficile, c'est ce qui fait la beauté de ce sport, tout est possible."
Q: Vous a-t-on fixé un objectif, comme les huitièmes en 1994 pour la première participation des "Faucons Verts"?
R: "Non. Nous avons été reçus récemment par le prince MBS (Mohammed ben Salmane), il nous a félicités pour la qualification à la Coupe du monde et nous a dit qu'il n'y avait aucune pression, qu'il fallait montrer une belle image du football saoudien. Je pense que (...) c'est une communication parfaite et réaliste. Ce qui ne veut pas dire qu'il faut se mettre une bride, au contraire, il faut travailler pour réaliser quelque chose de beau."
Q: Vous vivez dans la région, que pensez-vous des polémiques sur ce Mondial au Qatar?
R: "Je veux bien qu'on donne des leçons, mais j'espère que tous ceux qui font des commentaires sont parfaits dans leur vie, qu'ils n'achètent pas des t-shirts fabriqués dans des pays où les travailleurs ont moins de droits. Le point positif de ces commentaires c'est que (l'émir) Tamim du Qatar dit qu'il va se servir des critiques pour avancer, et l'exposition au monde va le leur permettre aussi. Moi qui ai passé du temps dans ces pays-là, j'estime qu'il ne faut pas noircir le tableau. C'est bien de mentionner les droits de l'Homme, c'est certainement une vérité, mais ce pays va s'en servir pour s'améliorer."