Henry, joker mais pas amer

Remplaçant de luxe en équipe de France depuis le début de la préparation pour le Mondial, Thierry Henry a tenu mercredi à mettre les points sur les «i»: cette décision lui avait été annoncée par Raymond Domenech et il est bien décidé à jouer le jeu et se mettre au service du groupe.
L'évidence avait déjà sauté aux yeux lors des rencontres amicales contre le Costa Rica (2-1) et la Tunisie (1-1): sauf retournement de situation de dernière minute, +Titi+, meilleur buteur de l'histoire des Bleus (120 sélections, 51 buts), débutera le Mondial sur le banc de touche. Mais le joueur du FC Barcelone n'avait pas encore explicité aussi clairement ce changement de statut, visible sur le terrain. Canal+ avait révélé dimanche que le sélectionneur avait spécialement fait le déplacement en Catalogne pour lui annoncer la nouvelle, ce que Henry a confirmé.
"Oui, le coach est venu me voir à Barcelone, il m'a dit que je ne commencerai pas la Coupe du monde, une chose que j'ai accepté et c'est tout à fait normal, j'ai terminé la saison sans jouer à Barcelone", a-t-il indiqué, rapporte l’AFP.
La sentence a beau être lourde à avaler, Henry savait bien que son manque de temps de jeu au Barça, doublé d'une prestation catastrophique lors de la venue des champions d'Europe espagnols (défaite 2-0), le 3 mars au Stade de France, le condamnait tôt ou tard à cette régression.
"Il y a une logique dans le football qu'il faut respecter. Sur les quatre derniers mois, j'ai beaucoup moins joué à Barcelone, il y a un joueur devant comme Nicolas Anelka, le coach a fait son choix", a-t-il ajouté.
Et à l'heure d'entamer sa 4e phase finale de Coupe du monde, un record de plus pour ce monument du football français et "une fierté", Henry semble prêt à tous les sacrifices.
"Quand tu es un compétiteur, que tu aimes le foot, et en l'occurrence c'est ma passion, tu as toujours envie de jouer mais il faut respecter les choix du coach, a-t-il expliqué. Il y a des gars sur le terrain qui donnent le maximum pour le maillot, il faut les mettre dans les meilleures dispositions. La compétition se gagnera à 23. Peu importe qui joue".
Le discours a beau être éculé et s'apparenter à une langue de bois qu'affectionnent particulièrement les footballeurs, il ne semble pas feint dans la bouche de Henry. Depuis le début du stage de préparation, l'ancien roi d'Arsenal, souvent perçu comme arrogant et hautain, apparaît serein et joue collectif.
"J'ai beaucoup travaillé pour rester devant pendant 12 ans mais il y a une logique qui s'est instaurée après ma saison à Barcelone. Mais je ne m'en plains pas, on n'est pas là pour savoir si ça va me faire plaisir ou non", a-t-il déclaré.
Au vu des difficultés rencontrées par Anelka dans le nouveau système en 4-3-3, rien n'est pourtant définitif et Henry pourrait très bien finir par profiter des malheurs de +Nico+. D'autant qu'il aborde, dit-il, pour la première fois une phase finale, sa 7e (Mondial et euro confondues), sans pépin physique.
"C'est l'une des seules où je ne suis pas arrivé avec un mal quelque part, a-t-il affirmé. Je suis bien physiquement, dans les prises de balle, les appels. Je n'ai pas joué plus de 45 minutes et en général on peut piocher vers la 70-75e minute mais je me sens bien." De là à poursuivre l'aventure en bleu après le Mondial, il y a un pas que Henry, 33 ans le 17 août et déjà annoncé en pré-retraite dans le championnat nord-américain, ne veut pas encore franchir.
"On ne peut jamais dire jamais, on ne peut jamais dire que c'est la dernière mais bon...". Raison de plus pour ne pas bouder son plaisir, même dans un rôle de joker.