Hassan II, Abderrahim Bouabid et le journal Al Mouharrir

Après la libération des prisonniers du 20 juin et les conséquences qui en ont découlé sur le plan politique et social, le Maroc devait entrer dans une nouvelle phase dans la gestion de ses conflits et gestations. L’USFP reprenait son souffle et reconstruisait ses outils organisationnels et médiatiques, dont son organe Al Moharrir dont il avait besoin. Dans ce contexte, le défunt Roi Hassan II avait invité le regretté Abderrahim Bouabid à le rencontrer à Marrakech. Quand A. Bouabid était rentré dans la résidence Royale, il s’était aperçu qu’il pénétrait dans un endroit ordinaire qui gardait son cachet architectural traditionnel, ses meubles, son toit et ses couvertures. Hassan II accueilla son hôte les bras ouverts, en dehors des contraintes protocolaires de rigueur. Et il lui a dit, selon une source proche de M. Bouabid : « Ceci est le foyer de mon grand-père qui constitue pour moi un modèle de conduite. J’en ai fait une résidence vu la nature du climat. Dans cet espace dont j’ai préservé le cachet originel, je passe mes moments de joie mais aussi ceux de ma peine. En réalité, enchaîne Hassan II, je n’ai pas trouvé autre meilleur endroit pour vous présenter mes excuses pour ce qui s’est passé ». La même source ajoute que la discussion entre les deux hommes s’est étendue pour englober un autre volet, celui qui se rapporte au journal Al Moharrir alors injustement suspendu. Hassan II ne voyait pas d’empêchement à ce que la presse de l’USFP reprenne du service sous un autre nom, mais le parti était attaché à la même dénomination. A la suite de cette discussion, Driss Basri était entré en ligne et avait reposé la question sur le secret et la raison pour laquelle le parti était attaché au même titre, alors que le Maroc avait réellement recouvré sa liberté. La réponse d’Abderrahim Bouabid n’a pas tardé à se manifester. « Devrions-nous éliminer le parti de l’Istiqlal parce que le Maroc a acquis son indépendance ? ». Le parti a décidé de publier un journal sous la dénomination provisoire « Al Ittihad Al Ichtiraki », après avoir examiné plusieurs autres propositions, entre autres.  Abderrahim Bouabid a pris la parole pour proposer : « Qu’on donne donc au journal provisoirement  le nom du parti en attendant que la colère du Roi soit dissipée », mais le provisoire dure toujours.