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et des opérateurs économiques. Partageant ces mêmes soucis, Libé s’est adressé à un fin connaisseur de la question, qui n’est autre que le
président du Centre marocain de conjoncture, Habib El Malki.
Cet économiste conjoncturiste, également président de la Commission administrative de l’USFP, tout en critiquant l’approche purement comptable prônée par l’Exécutif, a vu en
ce retour à l’indexation une illustration de l’absence de volonté politique de prendre à bras-le-corps les réformes économiques et sociales. Il considère également que cette «mesurette», qui n’est pas très opérationnelle, compliquera davantage l’existence des usagers à travers les ajustements bimensuels, à la hausse ou à la baisse.
Entretien.
Libé : Quelle évaluation faites-vous du système d’indexation partielle des prix des carburants que le gouvernement proclame de mettre en œuvre, et quel serait l’impact de cette mesure sur les ménages? Ne fallait-il pas attendre le début de 2014 pour mettre en application ce système, surtout lorsqu’on sait que les prix seront déterminés par rapport à un prix de référence qui doit pour sa part être fixé au niveau de la loi de Finances ?
Habib El Malki : Pourquoi le retour aujourd’hui au système d’indexation que le Maroc a abandonné à la fin des années 90 ? C’est l’illustration de l’absence de volonté politique de prendre à bras-le-corps les réformes économiques et sociales. Le gouvernement recourt à l’illusion en faisant croire que les choses changent. L’objectif est strictement comptable, d’ordre financier, et sans procéder au préalable à une évaluation de l’expérience passée ni à une étude d’impact sur les ménages et les opérateurs économiques. Ce système compliquera l’existence des usagers à travers les ajustements bimensuels, à la hausse ou à la baisse. Il n’est pas très opérationnel.
Pourquoi ne pas attendre la loi de Finances 2014? C’est l’occasion annuelle de débattre des nouveaux prix de référence du baril, qui est un paramètre essentiel dans le dispositif que le gouvernement compte mettre en œuvre. Dans la conjoncture actuelle, le système d’indexation sera inflationniste. Car la tendance lourde du prix du baril est à la hausse. Les facteurs géopolitiques sont plus déterminants que les facteurs strictement économiques. La situation au Moyen-Orient, gros producteur du pétrole, reste explosive et incertaine avec des développements imprévus. En plus, nous sommes à la veille de l’hiver, la demande saisonnière des pays développés augmente plus vite, donc pèsera lourdement sur le niveau du prix du baril.
Au-delà de ces effets sur le pouvoir d’achat des ménages, quel serait l’impact de cette mesure sur les opérateurs économiques, en particulier sur les entreprises ?
Ce qui est encore plus grave, c’est que l’entrée en vigueur du système d’indexation pénalisera les entreprises marocaines, et au-delà la compétitivité de l’économie nationale. A rappeler que 80% des subventions de la Caisse de compensation sont destinées au soutien des produits pétroliers dont l’essentiel est à usage industriel. C’est-à-dire que l’augmentation du coût de production de nos entreprises constituera un nouveau handicap et aggravera le recul déjà enregistré par le Maroc dans le classement régional et international en termes de compétitivité.
S’agit-il, à votre avis, d’un premier pas sur la voie de la réforme de la Caisse de compensation, à laquelle vous avez appelé à maintes reprises en tant que président du Centre marocain de conjoncture ?
Il est urgent pour le gouvernement de définir un cap sur la base d’une véritable politique de réforme par la concertation et le dialogue. Faire face aux fluctuations des marchés internationaux ne peut se réduire à des mesurettes à caractère conjoncturel. La réforme de la Caisse de compensation exige clarté et stabilité dans la vision. Seule une approche à caractère horizontal et vertical est capable de rassurer et d’ouvrir de nouvelles perspectives. Approche horizontale dans le sens de garantir l’accès aux soins, à l’éducation, au transport au bénéfice des familles vulnérables.
Approche verticale, c’est-à-dire procéder à une réforme profonde de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) en distinguant les produits de grande consommation et les produits de consommation supérieure apparentés à des produits de luxe. C’est un chantier dont la finalité consiste à réduire les inégalités sociales. Il est temps de l’ouvrir.