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était l’invité de l’émission « Hiwar »
diffusée sur la chaîne française France 24 le vendredi 20 janvier 2017. Ci-dessous la traduction intégrale de l’entretien.
Pour l’émission Hiwar, nous avons le plaisir de recevoir le Président de la Chambre des représentants, Habib El Malki. C’est le premier entretien qu’il accorde depuis son élection à la tête de cette institution, laquelle élection a suscité un débat politique au Maroc.
Que répond Habib El Malki aux critiques après son élection à la présidence de cette Chambre ?
Comment va-t-il réagir face aux efforts de Benkirane qui tente de former son nouveau gouvernement ?
El Malki et son parti exigeront-ils des portefeuilles ministériels en contrepartie d’un soutien à Benkirane ?
Quelle attitude adoptera le Maroc vis-à-vis du Polisario au sein de l’Union africaine?
Professeur d’économie, il a encadré nombre de thèses universitaires. Il est l’un des dirigeants de l’USFP. Personne ne conteste ses mérites académiques. Il a occupé de nombreux postes ministériels et a su préserver sa position à la direction du parti en dépit des secousses qui ont ébranlé l’USFP au cours des dernières années. Il est actuellement au cœur d’un débat politique après son élection
à la présidence de la Chambre des représentants. Mon invité aujourd’hui, Habib El Malki, a bien voulu nous accorder son premier entretien après son élection.
France 24 : Bienvenu Monsieur Habib El Malki.
Après les élections au sein du Parlement, vous occupez le troisième rang le plus important dans la hiérarchie du pouvoir au Maroc. Comment expliquez-vous cette réalité alors que l’USFP n’a obtenu que 20 des 395 sièges au Parlement ? Peut-on affirmer que la démocratie n’est finalement qu’une simple opération arithmétique ?
Habib El Malki : Je ne crois pas que la démocratie se résume seulement en chiffres. La démocratie est avant tout une orientation politique et un respect des choix stratégiques. La démocratie, en tant que méthode, contribue à la recherche de solutions en vue de surmonter ce qui peut entraver l’évolution du processus démocratique. Ce qui s’est passé dernièrement répond parfaitement à cette orientation, car le système électoral marocain ne permet à aucun parti politique d’avoir une majorité absolue. Une majorité simple exige, donc, la recherche des alliances qui, elles-mêmes, appellent à des concertations, des négociations et des réunions. Ce qui rend complexe à la rigueur la formation du gouvernement.
Mais à votre avis, peut-on dire que les alliances au sein de la Chambre des représentants vont faciliter ou entraver la formation de ce gouvernement ?
Je ne pense pas qu’elles puissent constituer une entrave dans ce cas. Par contre, il faudrait préserver le fonctionnement normal des institutions constitutionnelles, vu la conjoncture difficile et instable que nous traversons. L’ensemble de ces facteurs nous incitent à chercher tous les moyens dans le cadre de la Constitution, des constantes et des lois, pour faire en sorte que les institutions soient le cadre approprié pour une solution idoine.
Mais cela n’exige-t-il pas une harmonisation entre les institutions législative et exécutive, voire le gouvernement qui tarde à voir le jour ?
Le pouvoir législatif est indépendant de l’Exécutif. Il y a un précédent dans notre pays datant des années 90, quand Abdelouahed Radi a été élu Président de la Chambre des représentants avant la formation du gouvernement d’alternance présidé par Abderrahmane El Youssoufi. Nous ne devons pas surestimer cela à travers une lecture spécifique et réductrice de la loi. De nature, c’est la majorité parlementaire qui pourra aider à la formation du gouvernement et non le contraire. C’est la logique même.
Dans quel camp se positionnera l’USFP par rapport à ce gouvernement en gestation? Fait-il partie de la majorité ou de l’opposition, sachant que le chef du gouvernement a écarté l’USFP de l’équipe gouvernementale?
Je ne pense pas qu’il ait avancé cette idée officiellement. Ce que je veux confirmer encore une fois, c’est que les dirigeants de l’USFP lors de leur première réunion avec Abdelilah Benkirane, le chef du gouvernement désigné, ont affirmé que le parti est prédisposé à travailler avec lui, et qu’il facilitera sa mission en vue de la formation d’un gouvernement fort, responsable et homogène. Nous lui avons également réitéré cet engagement lors de la dernière session de la Commission administrative nationale. Nous aspirons à faire partie des composantes de la nouvelle majorité.
Est-ce que vous espérez obtenir des portefeuilles ministériels ?
Cela dépend des consultations que nous souhaitons commencer le plus tôt possible. C’est une revendication légitime et naturelle pour tout parti politique.
Pensez-vous que le gouvernement Benkirane verra le jour alors qu’on évoque d’autres scénarios alternatifs ?
Cela fait partie des prérogatives de S.M le Roi, car il est le garant du bon fonctionnement des institutions selon la Constitution. Cela dépend aussi des intentions d’Abdelilah Benkirane.
Comment envisagez-vous la collaboration entre Abdelilah Benkirane et vous ?
En réalité, je réitère ce que j’ai déjà dit après mon élection à la tête de la Chambre des représentants lors de la première session plénière. J’ai affirmé que nous voulons une collaboration dans le cadre du respect des prérogatives de chaque institution. Sans collaboration entre les institutions législative et exécutive, il est extrêmement difficile de répondre aux attentes du peuple marocain dans cette conjoncture difficile aux niveaux national, régional et international. Cela ne peut être réalisé que dans le respect de la Constitution de 2011.
D’aucuns ont exprimé leur crainte quant à la formation d’une majorité à la Chambre des représentants, composée de partis qui ont voté pour vous à l’exception du PJD. Comment pourront fonctionner les institutions constitutionnelles face à une majorité gouvernementale sur la base d’un cadre de confluences et de divergences?
Nous ne devons pas anticiper les évènements. Je suis certain qu’Abdelilah Benkirane trouvera les initiatives idoines, car il jouit d’un esprit de responsabilité, et il est doté de suffisamment d’intelligence pour surmonter cette situation, par l’adoption d’initiatives constructives au service des intérêts de la Nation.
L’acte constitutif de l’UA a été ratifié récemment au Parlement, ce qui ouvre la voie au retour du Maroc au sein de sa famille africaine. Pensez-vous que les chances de ce retour soient grandes ?
Bien sûr que ces chances sont grandes, car le travail accompli par S.M le Roi depuis des années a donné un nouveau souffle et un contenu tangible à la coopération Sud-Sud. Les tournées effectuées par S.M le Roi depuis des années et surtout l’année dernière, ont confirmé que les racines du Maroc sont africaines, et que l’Afrique d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celle d’autrefois. Nous vivons dans une nouvelle Afrique. Le Maroc était victime d’un complot ourdi durant les années 80, car l’Afrique, elle-même, était victime de la guerre froide entre les deux blocs. Du fait que le caractère idéologique marquait toutes les positions et les décisions.
Quid de l’article qui stipule la nécessité de respecter les frontières héritées de la colonisation ?
Malgré la déclaration officielle de l’indépendance du Maroc en 1956, je vous rappelle qu’il n’a récupéré Tan Tan et Tarfaya que vers la fin des années 60. Cela n’empêche pas le Maroc de retrouver sa place et son rôle dans une institution continentale telle que l’UA.
Comment réagira le Maroc face à quelques membres au sein de l’UA tel que le Polisario ou certains pays qui continuent à le soutenir ?
Le dialogue, et encore le dialogue est à même de dévoiler les vérités historiques, géographiques, humaines et culturelles sur la marocanité du Sahara. Je pense que le dialogue constitue le moyen idéal qui permettra de dévoiler ces vérités.