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Nadia a un problème. Elle mesure 1m67 et pèse seulement 40 kg. Elle a l'apparence d'une gamine de 15 ans. Depuis l’adolescence, elle ne cesse de faire l’objet de plaisanteries de son entourage. Aujourd’hui encore, elle souffre de ces remarques désobligeantes. Nadia rêve de quelques kilos de plus, d’un corps fort et plantureux.
Elle n’est pas la seule, beaucoup de Marocaines souhaitent prendre du poids. Grossir est devenu très tendance. Amina, 29 ans, serveuse dans un café, en sait quelque chose : « Dans mon travail, je sens que les regards se posent davantage sur moi. D’ailleurs, ne remarquez-vous pas que les patrons de plusieurs cafés ont commencé à n’embaucher que des filles bien
potelées ».
A la Kissaria de Derb Soltan, Nadia et sa mère peinent à trouver leur chemin. Elles ont l’air perdu dans cette marée humaine qui a envahi le lieu. Elles ont rendez-vous avec Aziz, un des commerçants de produits de beauté. Il semble que ce dernier dispose d’une recette magique. Des comprimés miracle qui font prendre du poids avec effet immédiat et qui sont baptisés « Dardak ». « Cette boîte contient 100 gélules. Tu vas prendre cinq comprimés par semaine, ces derniers doivent être pilés et mélangés avec du Pervital (un sirop stimulant l’appétit vendu en pharmacie). Si l’effet escompté tarde à venir, tu en prends dix ou vingt par semaine », indique-t-il.
Aziz est fier de son produit de contrebande et n’hésite pas à en vanter les vertus médicales. Il affirme qu’il provient d’Espagne via la Mauritanie et le Sud du Maroc, notamment Laâyoune. Il n’hésite pas non plus à révéler qu’il s’agit d’un produit vétérinaire destiné à l’alimentation bovine. Pourtant, la réalité est autre. Selon M. Meftah, un pharmacien de Casablanca : « Dardak est un produit « made in Morocco ». Il s’agit d’une association des corticoïdes (hormones stéroïdes naturelles) et des stimulants (complexes vitaminés). Beaucoup de commerçants parlent de ses origines espagnoles uniquement pour augmenter leurs ventes. Mais, ce n’est que du bluff. C’est l’un des composants de ces gélules, à savoir le corticoïde qui provient d’Espagne ».
M. Meftah nous a, par ailleurs, indiqué que «le corticoïde en question est prescrit pour un traitement symptomatique des manifestations allergiques. Il n’est délivré en pharmacie que sur prescription médicale, compte tenu de ses contre-indications. Le corticoïde n’est pas recommandé pour une utilisation quotidienne prolongée et son administration ne doit pas dépasser les six jours durant lesquels le patient doit suivre un régime sans sel ». Et d’ajouter : «Un traitement prolongé de corticoïdes stimule la prise alimentaire et induit une hyper insulinémie qui favorise le stockage des graisses ».
Le phénomène des médicaments induisant une prise de poids n’est pas nouveau au Maroc. Dans les années soixante-dix, Periactine avait connu un grand succès. Après ce fut au tour de Niron et de Pernabol. D’autres médicaments vont faire leur apparition dès les années 2000 et vont beaucoup faire parler d’eux. C’est le cas d’Aractine, d’Apetine, d’Antrouk, etc. Aujourd’hui, si Dardak a le vent en poupe, c’est grâce à ses effets immédiats. Une semaine de traitement est suffisante pour gonfler une baudruche. Mais attention, danger !
« Dardak peut développer des infections et des maladies graves, comme des insuffisances rénale ou cardiaque», conclut M. Meftah.