Goulmima : “Tâachourt N’woudayn” ou la nuit du déguisement


Aziz Lafou
Jeudi 30 Décembre 2010

Goulmima  : “Tâachourt N’woudayn” ou la nuit du déguisement
Le neuvième jour du mois de Moharrem de l’année de l’Hégire a été, comme à l’accoutumée, spectaculaire au ksar  "Ighrem n’Igoulmimen" dans la province d’Errachidia. Des foules y ont  vécu, une nuit durant, au rythme du déguisement ou de "Tâachourt n woudayn", une tradition ancestrale et un rituel séculaire, suivi de tous. Les origines de cette pratique populaire remontent à l'histoire commune judéo-musulmane. L’occasion est propice pour les hommes, les femmes, tous âges confondus, de se distraire toute une nuit avec des chants et danses amazighs. C’est la nuit des masques qui ne tombent que vers une heure tardive au petit matin.
La fête commence après la prière d’Al Maghreb (prière du coucher). Des foules affluent en petits groupes de tous bords. Les habitants des autres ksours, voire des autres villes, les fidèles de cette tradition et même des touristes sont là. Une opportunité pour assister à l’une des festivités culturelles les plus marquantes au sud-est du pays. Toutes les rues sont animées. Un petit commerce se développe sur la place d’Igoulmimen. Des jouets pour les petits enfants, mais aussi des restaurants de fortune pour les adultes. Le spectacle démarre en beauté. La fête offre une grande place aux couleurs, puisque les costumes sont taillés à l’occasion, contribuant au déguisement.   Les étudiants du mouvement amazigh ne ratent pas une telle occasion pour manifester leur appartenance et identité. La culture marocaine est certainement le berceau d’expressions plurielles intarissables.  Tout le monde vibre, le temps d’une nuit festive, dans un respect total. Une expression assez  libre. Les carnavaliers masqués expriment en toute liberté leurs opinions. Un moment  où toutes les frustrations sont dévoilées sans pour autant connaître leurs auteurs. Le rituel culinaire,  du ksar "Igoulimimen"  est  un plat de couscous aux tripes salées "kourdas", avec œufs, fèves, lentilles, carottes et surtout un noyau de datte qui sera trouvé par le plus chanceux de la famille. Les connaisseurs de ces travestissements et accoutrements pensent que  "Tâachourt N’woudayn"  représente un symbole de cohabitation et de bon voisinage entre les juifs et les musulmans qui avaient vécu ensemble pendant des siècles dans l'allégresse et la sérénité jusqu'au point que le bébé de «Smiha », femme de confession juive, est allaité par Izza, l’amazighe, et vice versa. La nuit masquée a été des plus douces, des plus chaleureuses et des plus longues. 


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