Geraint Thomas Sang-froid gallois et sens de l'humour "so british"


Mardi 31 Juillet 2018

Geraint Thomas a conservé son calme et sa modestie, avec un sens de l'humour loin de l'image froide et distante que l'on peut avoir de lui, pour se défaire du rôle de coéquipier et devenir le premier Gallois vainqueur du Tour de France.
Dans le sport gallois, il y a les vedettes ultra médiatisées comme le joueur du Real Madrid Gareth Bale, ou le troisième ligne aile Sam Warburton, capitaine du XV du Poireau et des Lions britanniques aujourd'hui à la retraite.
Il y a désormais Geraint Thomas, ou "G" comme le surnomment ses amis et coéquipiers, fier Gallois de 32 ans arborant le drapeau national dimanche pour célébrer son premier Tour de France.
Comme Bale et Warburton, Thomas est passé par l'école Whitchurch dans le nord de Cardiff, mais c'est bien le seul point commun entre les trois sportifs.
Car si l'on met de côté sa résidence en Principauté de Monaco avec sa femme Sara Elen, le cycliste né en mai 1986 dans une famille d'ouvriers se situe à des années lumière du star système qu'incarnent Bale et Warburton.
"Il a toujours le même caractère. C'est quelqu'un qui a la capacité à ne pas s'éparpiller, il a cette faculté à s'isoler, à faire les choses simplement. C'est de la routine, mais de la routine hyper maîtrisée", note son directeur sportif chez Sky, Nicolas Portal, qui l'a côtoyé en 2010 en tant que coureur au moment de la création de la formation britannique.
Une isolation --il ne lit pas les pages cyclisme dans la presse, préférant s'attarder sur le rugby, une grande passion-- bénéfique, alors que l'ambiance autour de Sky aura été très tendue pendant tout le Tour de France, et que les coureurs bleu ciel et noir ont été la cible d'une partie du public.
"Il n'est pas agité quand il se fait huer sur un podium lorsqu'il gagne en haut de l'Alpe d'Huez. Forcément, ce n'est pas génial. Mais il arrive à se mettre dans la course", loue son directeur sportif.
"Quand on ne le connaît pas, c'est quelqu'un qui peut paraître froid", note Portal. Mais ce n'est pas du tout le cas. "Il a un humour vraiment gallois, comme les gars que l'on peut côtoyer lorsque l'on fait du rugby. C'est du second degré, assez fin", souligne Portal.
Sur le Tour de France, les occasions étaient toutefois rares pour percevoir cette facette de la personnalité de Thomas.
Une seule fois, il s'est permis un petit trait d'humour, lors du second jour de repos à Carcassonne, sur ses relations avec Chris Froome, quadruple vainqueur de la Grande Boucle, et coéquipier chez Sky depuis près d'une décennie. "Je m'entends bien avec lui... pour le moment".
Bon vivant, il a une fois déclaré: "Si je devais vivre comme un moine 24 heures sur 24, sept jours sur sept, je craquerais tout simplement". Et il sait parfaitement faire la part des choses entre compétition et décompression.
Ses anciens partenaires le décrivent comme un travailleur acharné. Et la plupart du temps au service de ses leaders.
"Même lorsque nous roulions ensemble à Barloworld, il était déjà prêt à se faire enterrer pour ses coéquipiers", souligne le Sud-Africain Daryl Impey, qui a débuté comme Thomas au sein de la formation britannique à la fin des années 2000.
Après avoir accroché à son palmarès Paris-Nice en 2016 et le Dauphiné cette année en juin, il a troqué ce rôle d'homme de l'ombre travaillant pour les autres contre celui de leader.
Thomas a découvert le vélo à l'âge de neuf ans, sur le vélodrome dans le club "Maindy Flyers" à Cardiff, la piste ayant ses faveurs à ses débuts.
Au physique costaud de pistard qui lui a permis de remporter l'or olympique en poursuite par équipes en 2008 à Pékin et en 2012 à Londres, il s'est métamorphosé par la suite en coureur complet pour la route.
"Geraint devait faire au moins une dizaine de kilos de plus que maintenant", estime Impey, présent sur le Tour de France avec Michelton. Un changement radical afin d'améliorer son rapport poids-puissance (1,83 m et un poids sous les 70 kilos) et devenir désormais lauréat de la Grande Boucle.


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