Froid et misère se liguent contre les habitants des montagnes

“Notre souci majeur est de se procurer le bois de chauffe devenu de plus en plus cher alors que le pillage de la forêt se fait sous nos yeux”


Kamal Mountassir
Samedi 14 Décembre 2013

Froid et misère se liguent contre les habitants des montagnes
L’hiver frappe à la porte et le froid est déjà là. La montagne grelotte et  commence à en souffrir. Du Rif au Grand Atlas en passant par le Moyen Atlas, les habitants des zones montagneuses mènent une lutte quotidienne pour se réchauffer et subvenir aux exigences d’une rude période de froid à l’approche de l’hiver. Mais qu’a fait le gouvernement Benkirane pour soulager les citoyens de ces zones reculées et enclavées au milieu des chaînes de montagnes ? Qu’a-t-on  fait pour améliorer le cadre et la qualité de vie des habitants de ces régions depuis le drame d’Anfgou ? En fait, rien. Des ONG ont pris l’habitude à l’approche de l’hiver et la chute des neiges d’aller depuis cette catastrophe distribuer des vêtements et des vivres alors que le gouvernement poursuit sa politique de l’autruche, quant à la création d’une véritable agence de développement des zones montagneuses à l’instar de celle du Nord ou encore  des provinces du Sud.
Mais qui empêche le gouvernement de le faire d’autant que cela ne coûtera rien à l’Etat ? Ces zones sont riches en minerais et en forêts de cèdre et autres arbres et disposent d’un potentiel touristique naturel extraordinaire  qui reste inexploité pour des raisons qu’on ignore. La montagne est riche. Riche de ses femmes, ses hommes mais aussi par ses potentialités économiques qui sont spoliées et pillées sous le regard indifférent voire complice des autorités. Le bois de chauffe vaut de l’or et fait souvent défaut aux foyers situés en montagne. Le ravitaillement en produits de première nécessité  est difficilement accessible.  L’enclavement et l’inexistence d’infrastructure font de la montagne un véritable enfer alors que les conditions requises peuvent bien faire le bonheur des habitants de ces régions.
Dans les hauteurs, les habitants grelottent de froid et sont livrés à eux-mêmes pendant que Benkirane & Co se livrent à une gymnastique verbale au Parlement et à travers les médias. Des discours populistes sur une éventuelle réforme de la Caisse de compensation qui préconise, dit-on, une aide directe aux citoyens les plus démunis. Est-ce une utopie ou une manigance politicienne ou encore une propagande électoraliste  qui ne dit pas son nom ?
« Notre souci majeur est devenu le bois de chauffe qui coûte de plus en plus cher alors que le pillage de la forêt se fait devant nos yeux. Et quand l’un des nôtres se hasarde à aller chercher quelques branches pour se réchauffer, il est tout de suite poursuivi en justice»,  s’indigne un habitant des tribus d’Ait Hnini dans la région de Khénifra. « On ne pense qu’au bois de chauffe. Nous n’avons pas les moyens de se le payer, donc on prend le risque d’aller chercher quelques bûches en forêt pour sauver notre vie et celle de nos enfants. Le bois de chauffe est trop cher pour nous. C’est désormais un luxe. La tonne de bois coûte entre  1300 et 1600 DH, ce qui n’est pas à notre portée »,  a affirmé à Libé un habitant des régions montagneuses de la province d’Ifrane.
Et cette situation prévaut dans la plupart des hauteurs marocaines lors des saisons glaciales où le bois de chauffe devient plus important que la nourriture devant l’indifférence du gouvernement. Et ce ne sont pas les actions caritatives louables ou encore les projets de l’INDH qui vont résoudre les problèmes de la montagne.  Il est impératif que le bois de chauffe soit subventionné dans ces régions enclavées durant l’hiver dans une large proportion.  Les communes  doivent introduire des articles dans leur budget pour subventionner le bois de chauffe. On a souvent constaté que des présidents de communes rurales se permettent l’acquisition de luxueuses berlines ou de somptueux 4x4 alors qu’ils refusent catégoriquement de prévoir l’achat de bois de chauffe  pour les citoyens démunis.
La création de l’agence de développement s’impose aujourd’hui plus que jamais. Et la montagne n’a pas besoin de charité. Elle est capable d’installer une autosuffisance avec les richesses innombrables dont elle dispose.


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