Frappes russes à Alep et contre des rebelles soutenus par les Etats-Unis

Des diplomates américains "dissidents" réclament des frappes contre Assad


Samedi 18 Juin 2016

Les bombardements meurtriers ont repris dans la métropole d'Alep, quelques heures après l'annonce par la Russie de l'entrée en vigueur d'une nouvelle trêve temporaire dans cette ville dévastée par les combats.
De telles trêves dans Alep, ville divisée du nord de la Syrie en guerre, ont été régulièrement annoncées ces derniers mois, avant que le front ne s'embrase à nouveau. Les habitants sont victimes d'un côté des frappes du régime et, de l'autre, des tirs de roquettes des insurgés sur les quartiers gouvernementaux.
La Russie, alliée politique et militaire du régime de Bachar al-Assad, avait annoncé l'entrée en vigueur de la dernière trêve à partir de jeudi "à 00H01 (21H00 GMT mercredi)" et pour 48 heures, afin selon elle de "réduire le niveau de violence" dans la ville meurtrie.
Mais l'annonce russe a cette fois provoqué des grincements de dents à Damas, une source proche du régime affirmant à l'AFP qu'il s'agit d'un "cessez-le-feu conclu de connivence" avec les Etats-Unis qui eux soutiennent l'opposition à M. Assad.
L'aviation du régime a d'ailleurs repris ses frappes dans l'après-midi de jeudi et en soirée sur les quartiers rebelles dans l'est de la ville, selon un correspondant de l'AFP sur place et l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Au moins quatre civils ont péri, a précisé l'ONG.
En riposte, les groupes rebelles ont bombardé à l'artillerie lourde les quartiers ouest aux mains des pro-régime, a ajouté l'OSDH.
Profitant des quelques heures de répit le matin, les habitants du secteur rebelle avaient pu pour la première fois depuis le début du mois de jeûne musulman du ramadan début juin, faire leurs achats.
A Damas, une source proche du régime a exprimé le mécontentement du pouvoir après l'annonce de la trêve. "A chaque fois que l'armée avance au nord d'Alep (près du Castello) et est sur le point d'assiéger la ville, la Russie intervient pour décréter un cessez-le-feu en connivence avec les Américains. Manifestement, Moscou ne veut pas que nous prenions Alep".
Pour les experts, les violences se poursuivront à Alep, deuxième ville du pays et enjeu stratégique du conflit, tant qu'il n'y a pas d'effort véritable pour relancer un processus politique de règlement qui n'a pas encore véritablement démarré entre régime et opposition.
Le conflit en Syrie, déclenché en mars 2011 par la répression de manifestations proréformes, s'est complexifié avec une multitude d'acteurs syriens, régionaux et internationaux et surtout la montée en puissance de groupes jihadistes comme le groupe Etat islamique (EI). Il a fait plus 280.000 morts et des millions de déplacés et de réfugiés.
En outre, près de 600.000 personnes vivent dans 18 zones ou localités assiégées.
Dans ce contexte, une cinquantaine de diplomates américains ont formé un groupe "dissident" réclamant que les Etats-Unis frappent militairement le régime syrien, une critique sévère de la politique menée depuis cinq ans par le président Barack Obama pour tenter d'arrêter cette guerre.
Le ministère américain des Affaires étrangères, piloté par le secrétaire d'Etat John Kerry, a reconnu jeudi soir l'existence d'un "télégramme (diplomatique) dissident rédigé par un groupe d'employés du département d'Etat concernant la situation en Syrie".
Son porte-parole John Kirby a toutefois refusé de dévoiler le contenu précis de ce texte diplomatique, le Wall Street Journal (WSJ) et le New York Times (NYT) affirmant que ce télégramme demande explicitement des frappes militaires américaines contre le régime du président syrien Bachar al-Assad.
Le document plaide, selon le NYT, pour un "recours judicieux" à des frappes de missiles ou de drones américains.
Sur le fond, le mémo juge "évidente et incontestable la logique morale à agir pour mettre fin aux tueries et aux souffrances en Syrie, après cinq années d'une terrible guerre", selon le NYT.
Toujours d'après le quotidien américain, les responsables américains critiquent dans leur télégramme "le statu quo en Syrie (qui) continuera de provoquer des situations de plus en plus catastrophiques en matière humanitaire, diplomatique et de terrorisme".
A sa réélection, Obama avait promis d'agir contre la Syrie en cas de franchissement d'une telle "ligne rouge". Depuis, l'administration américaine refuse tout engagement militaire d'envergure en Syrie, en proie à une guerre civile qui a fait 280.000 morts.
La France, mais aussi l'Arabie Saoudite, n'ont jamais complètement digéré le renoncement du président des Etats-Unis. Jamais, cette ligne non interventionniste défendue par la Maison Blanche n'avait ouvertement été critiquée.
De fait, les Etats-Unis et la Russie sont les coparrains d'un processus diplomatique pour la Syrie -- tentatives de cessez-le-feu, d'une solution politique, d'acheminement d'aide humanitaire -- mais qui est moribond.
Washington pilote toutefois une coalition militaire internationale qui a effectué 13.000 bombardements aériens depuis l'été 2014 contre le groupe jihadiste Etat islamique en Syrie et en Irak.
Les Américains ont également des dizaines de forces spéciales au sol en Syrie mais Obama a toujours refusé le déploiement de dizaines de milliers de soldats.


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