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Très attendu, le dernier long métrage du réalisateur Nabil Ayouch, adapté du roman «Les étoiles de Sidi Moumen», a drainé un public nombreux et hétéroclite venu découvrir le parcours de deux frères tombés dans le fanatisme religieux.
Au cœur du bidonville de Sidi Moumen, où règnent violence, misère et drogue, Yacine et son frère Hamid vivent comme ils peuvent de trafic et petits boulots. Ce dernier s’étant fait emprisonner, Yacine alors âgé de 10 ans doit apprendre à voler de ses propres ailes. Mais une fois sorti, Hamid n’est plus le même : le petit caïd du quartier, devenu un islamiste radical, parvient à convaincre Yacine et leurs amis de le suivre.
A travers ce film, librement inspiré des attentats du 16 mai 2003, Nabil Ayouch propose un autre regard sur ces actes terroristes.« J’ai eu envie d’aller de l’autre côté du miroir », confie-t-il. Explications : «On s’est intéressé jusqu’à présent aux premières victimes de ce drame, celles qui sont mortes ou ont perdu des proches. J’ai donc voulu qu’on puisse aussi voir les autres victimes à travers ce film : ces jeunes de vingt ans qu’on embrigade, manipule et qu’on envoie se faire sauter au milieu d’innocents», a-t-il ajouté.
Comme il est rappelé dans le film, ces jeunes suivront une formation sous la supervision de l'imam Abou Zoubeir, avant d’être choisis comme kamikazes.
Sur l’accueil réservé au film à l’étranger, le réalisateur déclare: «J’ai été heureux de voir à tel point le film avait été compris sur différents cieux ».
A propos des prestations des jeunes protagonistes du film, le réalisateur dit avoir travaillé avec «des garçons extrêmement sensibles, lucides et intelligents qui ont beaucoup de talent et de choses à exprimer». Et de préciser : «On a beaucoup travaillé sur leur vécu à eux, qui est très proche de ce que vous avez pu voir dans le film. Et qui, je pense, a dû les aider». Quel message pourrait-on tirer de son long métrage ? A cette question Ayouch rétorque : « Je ne fais pas de films à message. Je fais des films pour exprimer mes idées, sentiments et points de vue sur le monde qui m’entoure».
Mais après une immersion dans les bidonvilles et un travail aussi important sur un sujet si délicat, le réalisateur tire au moins un enseignement : l’équation consistant à dire « misère économique et sociale égale attentat suicide est loin d’être vrai. Outre les raisons d’ordre général et géopolitique, il y a aussi celles d’ordre personnel liées au parcours et au chemin de vie de tout un chacun », estime-t-il.
Mais ce soir, la plus grande satisfaction pour le cinéaste a été sans doute «le fait que certaines familles aient pu venir assister à la projection du film bien qu’elles aient perdu un parent, veut dire qu’on n’est peut-être pas loin d’une réconciliation», a-t-il conclu.
En compétition officielle au 14ème Festival national du film de Tanger, «Les chevaux de Dieu» a déjà obtenu quatorze prix à travers le monde.