Flambée des prix des produits de consommation : Les consommateurs tafraoutis crient haro sur les commerçants


IDRISS OUCHAGOUR
Lundi 29 Août 2011

Flambée des prix des produits de consommation : Les consommateurs tafraoutis crient haro sur les commerçants
«On n’en peut plus d’être traités, à chaque saison estivale, comme des pigeons bons à plumer par les commerçants de la ville», s’indignent les consommateurs tafraoutis. En effet, en cette période de chaque année,  les prix de certains produits de consommation s’envolent enregistrant des hausses vertigineuses. Les affluences massives que connaît la région en cette saison de retour pour les originaires vivant dans les villes et la diaspora à l’étranger, constituent une opportunité pour certains commerçants. Lesquels majorent leurs bénéfices en étrillant sans vergogne leurs clients. Une rude épreuve pour les bourses! Puisque ce sont des produits de consommation quotidienne dont les tarifs de vente subissent des montées en flèche.  En premier lieu, le poulet et les œufs : les prix de ces produits ont accusé, du jour au lendemain, un bond spectaculaire.  «Avant l’arrivée des estivants, mon vendeur habituel écoulait un kilo de viande de poulet à 22 DH; dès l’arrivée des visiteurs,  le prix est propulsé à 32 DH», se plaignent plusieurs habitants du quartier populaire de Douar Reja Fellah, fustigeant la cupidité des marchands en cette période. Les œufs ne sont pas en reste. L’achat d’un plateau de trente pièces que l’on proposait à 24 DH,  soit 0,80 DH l’unité, est cédé à 33 DH. «Du jamais vu, comme augmentation au niveau des tarifs !», s’exclame un habitant qui fait ses emplettes rue Belkadi, en plein centre-ville. Les légumes et fruits sont aussi très affectés par cette spirale de cherté.  Les prix des tomates ont enregistré un pic rarement atteint, sur le marché national. Vendues auparavant 3 à 4 DH le kilo, leur prix est vite passé à 9 DH/kg.  Les pommes de terre, carottes, oignons, piments verts, autant que les légumes pour la préparation du couscous, notamment, les navets, les aubergines, la citrouille, le potiron, etc, ont vu leurs tarifs passer du simple au double. Oscillant avant entre 3 et 4 DH le kg, ils sont cédés entre 6 et 9 DH. Quant aux fruits, c’est encore plus exorbitant ! Raisin, pastèque, melon, pommes, oranges … fruits des plus prisés par ces temps de chaleur, ont vu leurs prix réaliser des hausses allant jusqu’à 200%.  «Prohibitif ! Inabordable pour les petites bourses ! Désormais on se résigne à n’en consommer qu’une fois par semaine», tonne un petit fonctionnaire communal, rencontré chez un marchand de légumes et fruits de la place Salam où il fait ses achats. Bref, c’est autant dire une véritable curée vers le gain sur le dos des consommateurs! crient les habitants et les visiteurs de la ville. Et c’est d’autant plus vrai qu’il est loin que ces hausses des prix pratiquées procèdent des mécanismes régissant les fluctuations des tarifs du marché de ces produits. Il suffit de faire une virée dans les souks et marchés d’approvisionnement des marchands incriminés pour s’en rendre compte. Les vendeurs de viande de poulet et d’œufs sont fournis par les éleveurs à partir de Tiznit. « Les prix sont restés relativement stables tout au long de la saison estivale à Tafraout. Bien au contraire, à cause de la chaleur torride dans la région, les tarifs sont revus à la baisse lors d’une certaine période. Les producteurs ayant préféré se débarrasser de leurs marchandises plutôt que de subir les dégâts qu’occasionnent les hausses de température en termes de décès de volaille», nous renseigne un éleveur de poules à Tiznit. Pour les produits agricoles, légumes et fruits, ils sont acheminés du marché municipal de gros d’Inezgane. Contacté par Libé, un marchand de gros nous a confirmé que les prix n’ont pas tellement bougé.  Et même s’il y avait, ajoute-t-il, de petites augmentations enregistrées par des primeurs,  comme le raisin,  son prix a vite subi un coup de baisse! Et donc, en général, cela reste minime pour induire de tels écarts de tarifs pratiqués à Tafraout, conclut notre source. Du côté des vendeurs tafraoutis, on argue les méfaits que cause la chaleur aux marchandises lors de leur acheminement depuis Inezgane.  «Cela nous fait des pertes que nous essayons de compenser », se justifie un marchand de légumes et fruits installé au marché de la ville. Une argumentation dont le prétexte est balayé d’un revers de main par les consommateurs,  sachant,  rétorquent-t-ils,  que le transport des marchandises se fait
pendant la nuit et que, sous la pression accrue de la demande, les vendeurs arrivent facilement à liquider leurs marchandises. Par contre,  le laxisme des autorités face au non-affichage flagrant des tarifs chez les marchands de fruits et légumes et l’absence de contrôle des prix sont constamment évoqués par les consommateurs comme étant la principale cause. Leurs plaintes ne cessent de se multiplier auprès des autorités locales. Toutefois, les agents compétents de celles-ci, ne l’entendent pas de cette oreille. Pour eux, les dispositions de la loi 06-99 sur la liberté des prix et de la concurrence, les dispensent de contrôler les tarifs,  où se joue désormais la libre concurrence.  Sauf que dans ce cas,  « le jeu de la concurrence des prix n’y est pas. Il s’agit au contraire d’une complicité entre les marchands de la ville qui ont décidé d’un commun accord d’imposer la loi des prix forts aux clients », réplique le président d’une association de développement local, en ajoutant  que dans ce cas, c’est une pratique anticoncurrentielle punie par la loi.

Une ville sans pain!

Dans un petit patelin comme Tafraout où cinq boulangeries pétrissent chaque jour des centaines de sacs de farine pour nourrir la ville,  manquer de pain,  est vite taxé d’une blague de mauvais goût! Et pourtant cela arrive ! A partir de 18h, il suffit de chercher à en acheter dans les magasins et boulangeries pour découvrir que leurs étagères à pain sont… vides !  Tout laisse croire que la ville est prise d’une faim pantagruélique pour avoir « ingurgité » toutes les fournées mises en vente ! Mais non ! Les disettes ne sont pas dues aux demandes accrues de cet aliment de base. Mais plutôt par les boulangeries qui rechignent à faire davantage de pain le soir,  même si ça se bouscule au portillon. Et ce, de peur de se retrouver avec des quantités invendues dont la qualité risque de prendre un coup le lendemain. Les acheteurs exigeant toujours du pain de la dernière fournée. Si les habitants avisés prennent des précautions pour s’approvisionner à temps,  les visiteurs étrangers ne cessent d’en payer les frais. Notamment par période estivale où les affluences s’accroissent. Beaucoup d’entre eux disent avoir mal vécu cette situation. Et trouvent affligeant que l’image de cette cité touristique,  risque d'être désormais associée tristement à celle d’une ville sans pain. 


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