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"La nouvelle vague est née à la fin des années 80 car nous voulions rompre avec la censure, l'hypocrisie communiste, et montrer notre cinéma au reste du monde", raconte le réalisateur kazakh Ermek Chinarbaev, l'un des principaux invités à Vesoul (est de la France).
Encore méconnu en Occident, le cinéma kazakh est à l'honneur du festival qui lui consacre une rétrospective de 1938 à 2011. Selon les organisateurs, le public a apprécié le cinéma sensible et poétique de cette république d'Asie centrale.
Léopard d'or à Locarno (Suisse) en 1993 pour Ma vie sur le bicorne, Ermek Chinarbaev a débuté sa carrière à l'époque soviétique "où tout était fait pour que le cinéma kazakh n'existe pas".
"Les russes demandaient aux réalisateurs de faire des films de propagande ou des films légers, sans réflexion", dit le chef de file de cette nouvelle vague d'Astana.
Depuis la dissolution de l'Union soviétique en 1991, le Kazakhstan est dirigé par Noursoultan Nazarbaïev. Il s'est fait réélire en avril 2011 avec plus de 95% des voix, à l'âge de 70 ans.
Le président s'est fait attribuer en 2010 le titre de chef de la nation qui lui confère des pouvoirs perpétuels. Un film retraçant son enfance est sorti en 2011.
En janvier, l'Union européenne a regretté que les élections législatives, largement remportées par le parti au pouvoir, "n'aient pas respecté les principes de base de la démocratie". Trois dirigeants d'un parti d'opposition kazakh ont également été condamnés à des peines de prison pour une manifestation non autorisée.
Selon M. Chinarbaev, "depuis 2009, grâce au président Nazarbaïev, le Kazakhstan est un Etat qui finance énormément son cinéma. Il est assez sage pour comprendre l'importance d'un financement d'Etat pour la production et les équipements nécessaires. En 2011, 42 films de toutes sortes (documentaires, fictions...) étaient en production dans notre pays"
Mais au Kazakhstan, il est interdit de dire du mal du pouvoir. "Les réalisateurs peuvent faire les films qu'ils veulent, à condition de ne pas parler de politique", résume Eugénie Zvonkine, spécialiste française du cinéma d'Asie centrale.
Mais pour Guillaume de Seille, producteur-distributeur chez Arizona Films (France), "si les réalisateurs kazakhs s'autocensurent sur les thèmes politiques, car ils ont besoin de l'argent du studio d'Etat Kazakhfilm, ils font en revanche des films parfois très critiques sur leur société".
Le thème d'une jeunesse kazakhe désemparée, perdant ses repères par le passage au capitalisme effréné, est récurrent. Sunny Days (2011) de Nariman Turebaev, en compétition au FICA, aborde ainsi le quotidien d'un jeune homme ordinaire lesté par les fardeaux du passé.
"Le cinéma kazakh est en train de se réveiller, les responsables de Kazakhfilm cherchent à se servir des nouveaux talents et ils ont envie de bien faire", estime Guillaume de Seille.
Problème de taille, les films kazakhs sont peu distribués dans leur propre pays, les exploitants de salles préférant les films russes ou américains, plus attractifs et plus rentables.
De l'avis de Rachid Nougmanov, réalisateur et ancien opposant politique exilé, "le nouveau défi du cinéma kazakh est maintenant de trouver comment créer un réseau de distribution viable".