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La 31ème édition du Festival international du court métrage de Clermont Ferrand, qui a pris fin samedi tard dans la soirée, a largement tenu ses promesses; elle vient surtout confirmer qu'il s'agit effectivement du plus grand rendez-vous mondial dédié au court. "Le Cannes du court" n'est pas une usurpation sémantique; c'est une réalité corroborée par les chiffres et au quotidien. D'abord par cet engouement public exceptionnel: cette année encore la barre des 130.000 spectateurs va être certainement dépassée. Et ce malgré les dommages collatéraux de la crise du capitalisme qui a pris pour cible les programmes publics d'aide à la culture. Déjà à l'ouverture de cette édition, les organisateurs ont fait part de leurs inquiétudes quant à l'avenir du festival. Le ministère des Affaires étrangères français a déjà coupé, dans le cadre de la rigueur en vogue dans les choix de "gouvernance libérale", ses subventions…D'autre part le développement public du festival bute sur deux obstacles majeurs : l'absence d'un lieu convivial de rencontre (la maison de la culture offre des lieux de projection et de travail) et d'une grande salle alternative pour les deuxièmes programmations ; les nombreuses petites salles essaimées à travers la ville ne parviennent pas à répondre à l'affluence des spectateurs; j'en ai fait l'expérience moi-même lorsque je suis allé voir un programme de court africain: trente minutes avant le début de la séance, la salle affichait déjà complet; certes elle n'offrait qu'une centaine de sièges face à une forte demande.
Cette forte affluence a conduit les organisateurs à proposer trois séances pour la cérémonie de clôture. Comprenez qu'il s'agit de la même cérémonie répétée trois fois pour un public chaque fois différent à 18H, 21h et 23H; les membres du jury refont leurs gestes trois fois ainsi que les lauréats des différents prix! La cérémonie d'ouverture avait été organisée de la même manière mais deux fois seulement. C'est pour dire le rapport que le festival entretient avec son public.
Le palmarès est très riche et varié. Le grand prix de la compétition internationale est allé au film “Everday everday” de Chui Mui tan (Malaisie), une radioscopie du couple moderne portée par une esthétique minimaliste: plan fixe, mouvement discret de la caméra…Le prix du jury est allé au film italien “L'arbitro” de Paolo Zucca qui fait actuellement un tabac dans les festivals internationaux… un palmarès qui reflète la nature éclectique du festival ouvert sur tous les genres embrassés par le court métrage. Il exprime davantage la nature de sa composition plus technique qu'artistique. Des films forts n'ont pas fait leur apparition. Je pense en particulier à notre coup de cœur, le court métrage australien “Le sol sous nos pas” de René Hernandez; une radioscopie de la violence au quotidien; il raconte un moment charnière d'un jeune adolescent qui, au contact d'un jeune autiste, va apprendre à maîtriser sa violence et à voir plus loin que ce que laissent transparaître les apparences.
Un récit plein d'émotion et porté par une splendide écriture cinématographique. Parmi les découvertes, j'ai déniché un court réalisé par un jeune marocain, présenté dans le cadre du programme français - le film étant produit dans le cadre de la Fémis- “H'rach” de Isamel Moula Iraki avec un Said Bay époustouflant. Avec “H'rach”, Casanegra apparaît comme une œuvre pudique. Ismael pousse en effet très loin la violence verbale du parler quotidien casablancais. Une vraie descente aux enfers. Le film a été récompensé deux fois: une mention spéciale du jury de la compétition nationale et le Prix Attention talent.