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Un festival légitimé au départ par la pertinence de la rencontre entre une ville, Agadir et un thème, les migrations.
Agadir est en effet la capitale d'une région déterminée par les flux migratoires. Souss a été choisie très tôt, dès le début du XXème siècle, par les stratèges de la colonisation comme une zone cible de la quête de la main d'œuvre. Pour Lyautey, le seul moyen de "pacifier" ce haut lieu de résistance est d'organiser le départ massif vers la zone industrielle de la région parisienne et les mines de charbon du Nord ; il disait dans ce sens qu’"un ouvrier soussi à Gennevilliers, c'est un fusil de moins dans la région du Sud".
Tout un programme qui a évolué dans le temps mais qui est resté le même dans ses objectifs. Mais Souss est également une région de mouvement migratoire interne…le cinéma ne pouvait que rencontrer cet axe dramatique d'un scénario toujours d'actualité. Un hasard heureux a voulu que le président d'honneur de cette édition, la star Said Taghmaoui soit la figure emblématique de cette tendance caractéristique des Soussis. Il est lui-même originaire de la région, du côté de Haha, et il a prolongé ce départ initial de sa famille vers la France en "immigrant" vers les USA dessinant une boucle qui dit que la migration, le départ est une composante génétique de l'espèce humaine. Ce n'est pas les flux migratoires qui sont un problème, ce sont les frontières. Nos cousins proches, les Touaregs, dessinent, dans leur pratique et leurs mœurs, la carte d'un monde utopique de demain, celle d'un monde sans frontières.
Pour le moment, dans un monde complexe, replié sur des choix communautaires et frontaliers, c'est le cinéma qui porte cette utopie. Des films présentés à Agadir ont permis à un public spontané et enthousiaste de découvrir des approches plurielles d'une problématique qui le touche de près. Le film d'ouverture a particulièrement marqué les esprits. Le « Dernier maquis » de Rabeh Ameur-Zaimech est un film inscrit dans l'esprit du temps: il met en jeu de manière frontale l'alliance entre le capital et la religion. C'est presque un huis clos filmé au sein d'une entreprise qui voit la lutte des classes noyée dans le prosélytisme d'un patron. Mao dirige en effet une entreprise de réparations de palettes et de camions poids lourds dans la région parisienne. Il décide de construire une mosquée pour ses ouvriers au sein même de l'usine. Ameur-Zaimech va filmer cette histoire comme une satire sociale dont la forme et les choix esthétiques trahissent en filigrane cette violence symbolique qui caractérise les rapports sociaux. La prédominance du rouge qui annonce la confrontation finale, le rythme quasi documentaire pour saisir les gestes quotidiens de l'univers infernal de l'entreprise, la bande-son omniprésente dénonçant le calme factice des relations entre les protagonistes.
Le festival a connu en outre des moments d'une intense émotion avec les hommages rendus à Izza Genini, Hassan Benjelloun, Yamina Benguigui, Mourad Aït-Babbouche.