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Fenêtre... : De la pensée d’Abdallah LarouiJeudi 25 Février 2010
Historien, philosophe, essayiste et romancier, Abdallah Laroui occupe une place de choix dans le paysage intellectuel marocain et universel. Intellectuel organique, Abdallah Laroui s’intéresse essentiellement au devenir de la société arabo-musulmane, laquelle société n’arrive toujours pas à se démarquer de cette léthargie historique qui continue de peser si lourd sur sa vision du monde. Tout se passe chez Abdallah Laroui comme s’il s’agissait de répondre à une question très simple en apparence mais fort délicate quant à sa teneur ontologique: que faire pour accéder à la modernité ? Ou encore : comment se réaliser dans l’Histoire ? La question est certainement provocante du fait que l’énigme de la sortie du bourbier intéresse, certes, tout un chacun mais personne ne veut y voir clair. La pensée d’Abdallah Laroui creuse davantage la plaie tout en s’attardant sur le mal d’être des arabo-musulmans et sur les possibilités qui leur permettront de passer le cap de leur mort symbolique. Dans ses écrits, aussi bien essayistiques que romanesques, Abdallah Laroui développe le concept de retard historique et tranche que la crise des arabo-musulmans n’est autre que leur abstinence de s’inscrire dans le cours de l’Histoire. L’Histoire demeure, à plus forte raison, le mot d’ordre fondamental qui structure la pensée d’Abdallah Laroui dès lors qu’il considère qu’il n’y a point de modernité sans compréhension du sens de l’Histoire en tant que « critique du récit », selon ses propres propos. Il s’agit ici, d’une manière ou d’une autre, de la critique des structures qui fondent le mythe de l’appartenance culturelle. Dans « L’Europe comme mythe », texte qui figure dans Esquisses historiques, Abdallah Laroui voit, en perspicace penseur, que l’aventure occidentale est avant tout l’aventure de l’histoire humaine. Son analyse l’emmène à poser, également, que l’Europe en tant qu’idée est synonyme d’histoire, et qu’être historique c’est être moderne, c’est-à-dire être inscrit dans un continuel changement. Se saisir comme être et comme objet qui ne cesse de changer, se considérer comme œuvre historique, nécessite, de la part du sujet arabo-musulman, un effort inouï fondé sur deux principes fondamentaux relatifs au système de la pensée d’Abdallah Laruoi : une révolution culturelle et un esprit critique visant la modernité et la modernisation de la société. Moderniste et rationnelle, la pensée d’Abdallah Laroui s’inscrit dans une perspective qui remet en question le cadre philosophico-politique des fondamentalistes. Il traite des questions d’actualité dans une logique plutôt historiciste, c’est dire fondée sur la compréhension des mécanismes et des rouages d’un événement pris, nécessairement, dans son contexte historique et non pas séparément de ses conjonctures. Abdallah Laroui prône une rupture indispensable avec le passé et ses représentations traditionnelles et patrimoniales en ceci que, désormais, il ne représente plus une question pressante. Cependant, la gageure est on ne peut plus épineuse si l’on considère la montée de la pensée intégriste, pensée anhistorique et anachronique incompatible avec le sens de l’Histoire. Dans Les carnets d’Idris, adaptation française de Awraq, Abdallah Lroui retrace le cheminement d’un intellectuel qui aspire à tous les changements possibles dans sa société et qui fait de la modernité sa fin suprême. Objectivement ce n’est point possible car la société d’Idris demeure arrimée à son passé fort lointain. D’où sa mort symbolique. Si ce personnage a subi une telle fin, tout comme le personnage d’Al-Gurba du même Abdallah Laroui, c’est parce qu’en croyant découvrir son être, il rencontre l’histoire qui se dévoile à travers lui, suivant la logique analytique d’Abdallah Laroui. En d’autres termes, Idris fut victime de sa fidélité, de ses convictions et de sa prise de conscience dans une société difficile à traiter…
Atmane Bissani
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