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Une « étude sur la génération d’évidences sur la vulnération des droits des femmes migrantes et de leurs enfants au Maroc » présentée lors de cette rencontre par la chercheuse Helena Maleno a parfaitement illustré cette confusion à propos de l’image de la femme migrante. Basée essentiellement sur la parole des femmes migrantes recueillie lors de la réalisation d’entretiens dans plusieurs villes marocaines et destinée à mettre en évidence leur réalité spécifique et de leurs enfants, la rédactrice de cette étude a dû avoir du mal à identifier son objet d’étude. Pour elle, la catégorie « femme migrante » se résume aux seules femmes en provenance de l’Afrique de l’Ouest sans préciser pour autant leurs statuts juridiques ni leur situation dans le Royaume. S’agit-il de femmes en séjour administrativement régulier, irrégulier ou de réfugiées ? Sont-elles installées, provisoirement ou durablement, dans le pays? L’étude en question ne précise pas non plus leurs situations socioprofessionnelles. Et les Françaises, les Espagnoles et les Anglaises installées au Maroc ou celles en provenance de la Syrie, des Philippines, de la Chine ne font-elles pas partie toutes de la gent féminine migrante ?
Pour Helena Maleno, les migrantes sont issues des pays subsahariens et sont en quête d’autonomie et d’une vie meilleure pour elles, pour leurs enfants et pour les autres membres de leurs familles restés dans le pays. Dans leurs récits, ces femmes expliquent leur sentiment de frustration en arrivant au Maroc et le fait de devoir affronter de grandes difficultés pour survivre. Elles ont l’impression que le temps qui leur file entre les doigts ne leur permet pas de réaliser leurs projets migratoires.
Elles sont souvent obligées de mendier ou de se prostituer pour subvenir à leurs besoins. Deux activités considérées comme humiliantes, honteuses et comme une forme de violence. D’autres tentent de faire du commerce vu comme une sortie leur permettant d’être indépendantes et de ne pas supporter les abus. Elles se disent que les mêmes violences qu’elles subissent dans leurs pays d’origine se répètent, accentuées par des processus de vulnérabilité causés par leur situation migratoire. Elles déclarent être victimes de violence dans les pays de transit et de destination notamment dans les points de contrôle des frontières; une violence commise aussi par les compagnons de route.
Ces femmes interviewées lors de cette étude ont affirmé qu’elles sont souvent perçues au Maroc comme des femmes noires, pauvres, victimes, prostituées et analphabètes. Une dualité qu’on retrouve également chez les hommes migrants qui les considèrent comme vulnérables et putes, gentilles, fortes et capables.
Concernant l’accès aux services de base, ces femmes ont indiqué qu’elles ont des difficultés à accéder aux services de santé, à l’éducation pour leurs enfants et au marché du travail tout en précisant que cet accès est différent selon les régions. Parmi les problèmes soulevés, ceux relatifs à l’obtention du certificat d’accouchement à l’hôpital sont en haut de l’affiche. A ce propos, elles décrivent une procédure longue et ennuyeuse, notamment lorsque leurs ambassades ne daignent pas justifier leur nationalité ou lorsque des certificats de mariage sont demandés. Le racisme dans les centres scolaires et le manque de soutien scolaire ont été également pointés du doigt sans préciser, pour autant, la définition qu’elles donnent au terme “racisme”.
L’« étude sur la génération d’évidences sur la vulnération des droits des femmes migrantes et de leurs enfants au Maroc » fait donc appel aux mêmes histoires, aux mêmes sources et aux mêmes témoignages qui font des femmes migrantes une catégorie vulnérable, généralement sujette à l'exploitation et aux abus. Bref, des victimes qui posent problème.