Femmes et jeunes algériens logés à une trop navrante enseigne


Rachid Meftah
Lundi 28 Mars 2022

Le rapport de l’UNICEF est sans équivoque. Bizarrement, c’est le Maroc qui est pointé du doigt par Alger

Femmes et jeunes algériens logés à une trop navrante enseigne
Rudement touchés par le chômage et la précarité, les jeunes algériens sont également confrontés à une faible scolarisation et une exclusion économique”, indique le document
Encore et encore une fois, les dirigeants militaires d’Alger et leur président marionnette crient au complot--ourdi par leur voisin de l’ouest--aux mensonges et aux fake-news
Navrant, désoeuvrant, aberrant et surtout ridicule ! tels sont les qualificatifs qui collent objectivement, quand bien même on fait preuve de retenue, au déni du régime politico-militaire algérien et à l’hystérie médiatique de ses porte-voix officiels, chaque fois que de prestigieuses institutions spécialisées internationales établissent, sur la base de données scientifiques, des rapports précis mais somme toute accablants sur la situation politique, économique et sociale qui prévaut dans ce pays, par ailleurs ostentatoirement gazier et pétrolier.
Le fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) vient de rendre public un rapport détaillé, basé sur plusieurs indicateurs standards, sur la situation des jeunes et femmes en Algérie, sous le titre : « La transition des 15-24 vers la vie adulte ».
Le document, préparé et chapeauté par le docteur mauritanien Isselmou Boukhary, représentant de l’UNICEF à Alger, indique, entre autres, dans ses conclusions, que « rudement touchés par le chômage et la précarité, les jeunes algériens sont également confrontés à une faible scolarisation et une exclusion économique »
Les rédacteurs dudit rapport mettent la lumière sur des données et des statistiques, qui devraient normalement servir au pouvoir algérien pour lui permettre de réguler ses politiques publiques se rapportant aux jeunes et ainsi s’employer à rechercher des solutions aux problématiques auxquelles est confrontée cette catégorie de la population algérienne.
Ils précisent que la qualité de l’instruction reçue par les jeunes est « basse » en comparaison avec les standards internationaux et que le taux de décrochage scolaire est de 14% dans les familles où les parents ont reçu un enseignement supérieur et plus de 50% concernant ceux qui ont reçu un enseignement primaire.
S’agissant des femmes, le rapport met en relief que « la présence des femmes sur le marché du travail en Algérie est parmi les plus faibles du monde » avec un taux d’activité évalué à seulement 8,9%, ajoutant, en outre, que « 35% des jeunes femmes ne sont pas scolarisées, n’exercent aucun emploi et ne suivent aucune formation ».
Concernant, par ailleurs, la participation des jeunes de la tranche d’âge ciblée par l’étude à la vie économique, l’instance onusienne souligne que ces jeunes sont beaucoup plus touchés par le chômage (26%) et l’exclusion économique (27%) par rapport au reste de la population, précisant que « les jeunes diplômés universitaires sont particulièrement exposés par ce risque ». La réaction des autorités algériennes a été comme à l’accoutumée littéralement irrationnelle. Elle a dénoté d’une grandiose indigence quant à la gestion des affaires d’Etat et d’une incohérence sans pareille à l’égard des constats actés par les experts et spécialistes, qui plus est, sont affiliés à des institutions réputées pour leur neutralité et leur objectivité scientifiques.
En effet les données relevées par l’UNICEF n’ont fait qu’attiser davantage l’ire du régime d’Alger. Et c’est l’Agence de presse algérienne qui s’est chargée d’ouvrir le bal, en titrant : « Rapport de l’UNICEF : des mensonges énoncés volontairement pour noircir l’image de l’Algérie » et en s’interrogeant : « Où et pourquoi cette organisation est-elle allée chercher ça ? si ce n’est pour noircir l’image de l’Algérie.
Ainsi, encore et encore une fois, les dirigeants militaires d’Alger et leur président marionnette crient au complot ourdi par leur voisin de l’ouest- aux mensonges et aux fake-news. Il fallait bien trouver cette « main invisible » derrière ce rapport, pour « justifier » aux Algériens que ces données ne correspondent pas à la réalité et le coupable n’était pas à longtemps chercher puisqu’il était tout désigné et c’est toujours le même : le Maroc. « Cet énième rapport mensonger sur l’Algérie, qui porte la signature du représentant de l’UNICEF en Algérie, ce personnage qui émarge au Makhzen marocain, où il a obtenu son doctorat de médecine ne passera pas », martèle l’APS qui estime, sans vergogne, que ce document nuit à l’image de l’Algérie parce que le représentant de l’UNICEF a effectué une partie de ses études à Rabat au Maroc. «Qui mieux qu’un produit du Makhzen pour accomplir cette sale besogne », tance l’Agence, appareil de propagande fallacieuse et mystificatrice du régime d’Alger.
Quel n’est médiocre et infantile l’effort déployé par « des responsables politiques » pour inventer d’aussi misérables liens de causalité, car, en fait ce n’est pas qu’au Maroc que docteur Boukhary a fait ses études mais également au Canada et en France. D’ailleurs, le site des Nations unies indique qu’il a rejoint UNICEF Mauritanie en 1988, a occupé le poste de représentant adjoint au Niger de 2010 à 2014 et a de même travaillé aux bureaux du Bénin, Mali, Guinée, Libye. Pourtant, de tout ce parcours, seul son passage universitaire à Rabat est perçu par les autorités algériennes comme la raison d’un rapport jugé « mensonger » et tendancieux.
Cela rappelle l’épisode tout aussi inouï du rapport de la Banque mondiale rejeté par Alger car estimé « mensonger » du fait qu’il émanait du Tunisien Ferid Belhaj, qualifié dès lors de « douteux personnage malsain ». L’APS avait développé que la raison pour laquelle le rapport de cette instance financière internationale étant supposément « mensonger », c’est le fait que Ferid Belhaj avait été responsable des opérations de la Banque mondiale au Maroc, ce qui expliquerait « toute sa haine envers l’Algérie ». Ridicule !
Qu’est-ce qu’on pourrait déduire de tout ce tapage absurde ? Sinon qu’hélas, cette pauvre Algérie sombre sous la médiocrité avérée d’une bande d’usurpateurs en manque d’identité politique, de légitimité et de reconnaissance. 


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