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Pour le doyen de la FPS, cette activité s’inscrit dans un esprit de continuité des initiatives prises par le département des sciences juridiques, économiques et sociales en vue d’accompagner la dynamique des réformes et mutations politiques que connaît le Maroc.
Said Khomri dans son intervention intitulée «Aspect institutionnel dans le programme gouvernemental», a mis en avant certaines mesures conjuguant la vision institutionnelle de l’actuel gouvernement telle la déclinaison démocratique et participative de la nouvelle Constitution, l’instauration de la régionalisation avancée et le renforcement du processus de décentralisation et de déconcentration, la réforme de l’administration et de la justice,entre autres. Ces mesures, poursuit Khomri, ressemblent à des principes généraux plus qu’à des mesures malgré leur aspect prometteur. Cependant, précise-t-il, il faut retenir certains indicateurs inquiétants qui ont alimenté les débats depuis la désignation du chef de gouvernement, à commencer par les nominations Royales de plusieurs conseillers et ambassadeurs sans attendre l’investiture du nouveau gouvernement, la nomination de nombreux ministres technocrates, le non-respect du principe constitutionnel de parité, l’hésitation du chef de gouvernement sur la question de présentation de son programme devant le Parlement en premier lieu, même si la Constitution ne l’oblige pas à le faire devant le Conseil des ministres en priorité, entre autres.
Pour Mustapha Sophi, la discussion du programme gouvernemental doit respecter certains paramètres à caractère méthodologique. A cet effet, il a insisté sur la nécessité de le situer dans son contexte conjoncturel et stratégique. La conjoncture de ce programme, précise Sophi, est ponctuée par l’adoption de la nouvelle Constitution, le Printemps arabe, le Mouvement du 20 février, une coalition gouvernementale loin d’être homogène, et une opposition partagée entre gauche et droite. Sur le plan stratégique, Mustapha Sophi s’est interrogé sur les connexions entre le programme du gouvernement Benkirane d’une part, et les politiques à caractère stratégique de l’Etat. Après avoir soumis le programme à une lecture juridique, Mustapha Sophi a remarqué qu’il s’agit d’un simple reflet des contenus de la nouvelle Constitution en termes de gouvernance, éradication de la dépravation, régionalisation avancée, réforme de la justice, droits et libertés, entre autres. Avant de conclure que c’est un programme qui peut déboucher sur une vraie transition démocratique, ou être tout simplement dédié à la consommation médiatique et politique, car la structure de l’actuel gouvernement posera problème à plusieurs niveaux.
Abdeljalil Bedraoui, représentant le PJD, a noté l’aspect positif des débats publics menés autour du programme gouvernemental, tout en assurant que le PJD aura le courage de dénoncer les poches de résistance aux réformes promises par l’actuel gouvernement qui est le fruit d’un contexte arabe et national assez favorable. Le PJD, a-t-il précisé, détient sa légitimité des élections du 25 novembre qu’il a qualifiées de proportionnellement crédibles. Avant de s’interroger sur les vrais responsables des problèmes structurels dont souffre le Maroc actuellement.
Mounir Chercki, à travers une lecture critique, a soulevé un vice de forme, car le programme a été élaboré sous forme de déclaration conformément à la Constitution de 96. Alors que l’actuelle Constitution parle d’un programme qui doit comporter objectifs, résultats, mesures et moyens de façon assez précise. Chercki a mis en exergue le caractère conservateur du programme qui a totalement ignoré le projet d’une société démocratique et moderniste respectueuse des engagements internationaux en matière de libertés et droits de la femme plus précisément. Une femme qui, a-t-il ajouté, est restée otage d’un imaginaire conservateur qui la réduit à ses attributions familiales. Au niveau économique, Chercki a soulevé l’aspect optimiste du programme qui n’a pas pris en considération la conjoncture économique assez difficile sur le plan international, européen surtout, et sans déterminer les sources de financement. A cet effet, le programme gouvernemental s’est juste engagé à poursuivre ou accélérer les projets structurants déjà entamés par l’ancien gouvernement comme c’est le cas pour « Maroc Vert», «Vision 2010/tourisme» «Vision 2015/artisanat». Pour ce qui est du social, Mounir Chercki a déploré le désengagement total du PJD relatif aux dossiers sociaux qui ont servi de catalyseur à sa compagne électorale, tout en mettant le doigt sur la régression du social parmi les priorités du gouvernement Benkirane.
Dans le cadre du débat ouvert à l’issue des différentes interventions, Mohammed Dahnoune a, dans une rétrospective, rappelé au représentant du PJD les positions claires, audacieuses et historiques de Maître Abderrahmane El Youssoufi sur la question des poches de résistance. L’actuel gouvernement avec toutes les prérogatives dont il dispose, doit énormément aux acquis du gouvernement d’alternance. A ce sujet, Dahnoune a rappelé au représentant du PJD que la déclinaison et l’interprétation démocratique de la nouvelle Constitution ne sont pas seulement la mission du gouvernement, mais surtout celle de tout un peuple.
A l’issue de ce débat reflétant une diversité enrichissante sur la voie de l’instauration d’un Etat démocratique et respectueux des droits et des libertés, la FPS de Safi a rendu un férvent hommage à Abdelfettah Aboulaiz en signe de reconnaissance et d’estime pour ses qualités humaines et ses contributions académiques.