FDT, CDT et UMT font front contre les dérapages du gouvernement Benkirane

Les trois centrales syndicales imputent à l’Exécutif la responsabilité du blocage du dialogue social et de la dégradation des conditions de vie


Mourad Tabet
Vendredi 31 Janvier 2014

FDT, CDT et UMT font front contre les dérapages du gouvernement Benkirane
 
Que Abderrahman Azzouzi, Noubir El Amaoui, et El Miloudi Moukharik prennent une photo de famille, que ces trois dirigeants de la FDT, de la CDT et de l’UMT se mettent d’accord sur une stratégie commune pour contrer la politique antisociale du gouvernement Benkirane, cela était impensable voire inconcevable avant ce mercredi.  
«Le 29 janvier 2014 marque une étape importante dans la concrétisation de l’unité syndicale», «Cette journée marque un tournant  dans l’histoire du syndicalisme marocain», «C’est un pas de géant»… Les dirigeants des trois centrales syndicales ont été unanimes à mettre en valeur l’importance de cette démarche lors d’un point de presse organisé, mercredi après-midi, dans une salle archicomble au siège central de l’UMT à Casablanca. A raison, puisque c’est la politique que mène le gouvernement depuis son investiture, il y a presque deux ans, qui les a incités à mettre au placard leurs divergences, leurs dissensions et les «tabous» d’antan. 
Lors de la première et rare rencontre avec les syndicats, le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane leur avait, en effet, promis de ne prendre aucune décision ayant trait à la classe ouvrière sans concertation préalable avec les centrales syndicales et de mettre en application l’Accord du 26 avril 2011. Mais il n’a pas tenu parole. Pis, il s’entête à élaborer des projets de loi importants comme celui relatif au droit de grève, à la mutualité, ou aux syndicats sans prendre langue avec eux.
Aussi les trois centrales syndicales ont-elles entamé des tractations il y a trois mois pour mettre en  place une stratégie commune visant à lutter contre les dérives, les régressions et les atteintes aux acquis sociaux. 
La déclaration commune lue, mercredi lors du point de presse, résume les démarches qu’elles escomptent entreprendre pour faire face à la politique du pire initiée par l’actuel Exécutif en mode de gouvernance.
En effet, la FDT, l’UMT et la CDT élaboreront à partir de lundi prochain un mémorandum contenant leurs principales revendications. Une délégation composée des membres dirigeants de ces centrales le remettra au chef du gouvernement au cours de la semaine prochaine. 
Pour El Miloudi Moukharik, deux logiques gouvernent l’action syndicale: la logique du dialogue et celle de la lutte. Pour le moment les trois centrales ont opté pour la première afin de démontrer leur bonne foi. Cela signifie en d’autres termes que les syndicats n’écartent pas l’option de recourir à la grève générale si le chef du gouvernement persiste dans sa politique antisociale et antipopulaire. 
 «Cette réunion n’est pas conjecturelle»,  a-t-il ajouté en précisant qu’«il ne s’agit pas de tactique, mais de stratégie et qu’elle «traduit une conviction profonde de toutes les instances et organisations syndicales», de «la nécessité de sortir de l’état de division pour passer à une étape de coordination des initiatives et d’unification des efforts des militants syndicalistes pour faire face aux tentatives visant le mouvement syndical et la classe ouvrière».
Cette initiative commune vise ainsi, selon lui, à «réaliser un objectif dont rêvent tous les militants, à savoir l’unité syndicale». 
Et pour dissiper tout amalgame, les trois dirigeants ont insisté sur l’indépendance de leur action qui n’a pas de finalité politique. Ce qui importe, pour eux, c’est de préserver les acquis sociaux, de défendre les droits des travailleurs et des couches populaires et de contrer tous les projets du gouvernement qui portent atteinte à leurs droits. 
«Ce qui nous intéresse ce n’est pas de prendre le pouvoir, mais de défendre les droits des couches populaires», a expliqué Noubir El Amoui dans ce sens. 
«Le Maroc d’aujourd’hui bénéficie de toutes les potentialités pour donner une vie décente à l’ensemble des citoyens», a-t-il fait savoir en notant que «la nouvelle Constitution doit contribuer à assurer le contrôle nécessaire du gouvernement et des institutions de l’Etat».
 Il a aussi demandé le retour au dialogue social et son institutionnalisation à travers la tenue de deux réunions par an pour examiner tous les dossiers et les questions intéressant la classe ouvrière dans tous les secteurs, soulignant que la coordination, l’engagement et la participation dans tous les dialogues et les initiatives communes pourraient contribuer à la construction de la démocratie et la consolidation des libertés ainsi que la mise en place d’une pratique syndicale de nature à contribuer au contrôle de l’action du gouvernement et d’autres institutions de l’Etat.
Pour sa part, Abderrahman Azzouzi a souligné que cette initiative historique «vient en réponse aux aspirations de la classe ouvrière à unifier l’action syndicale et à institutionnaliser l’unité syndicale dans une atmosphère caractérisée par une grande tension sociale en raison des violations continues des droits des travailleurs et des salariés, des atteintes aux libertés syndicales et de la réduction du pouvoir d’achat des classes populaires». Il a également précisé que la réunion du 29 janvier constitue un début, mais  le plus difficile c’est la continuité, car les «ennemis» feront tout ce qui est en leur pouvoir pour faire avorter cette nouvelle alliance syndicale.
Avant cette conférence de presse, les dirigeants des trois centrales ont tenu une réunion préliminaire au siège central de la CDT au Maarif, avant de se déplacer à la Bourse du travail pour présider la réunion des bureaux exécutifs de leurs centrales. Les dirigeants de l’UMT ont tenu à ce que cette réunion se tienne autour de la même table que d’autres dirigeants historiques ont utilisée pour  débattre et prendre des décisions politiques importantes dans l’histoire du Maroc tels que Mahjoub Benseddik (ancien patron de l’UMT), Mehdi Ben Barka, Abderrahim Bouabib, Abdellah Ibrahim (chef du gouvernement en 1959), Abderrahim El Youssoufi. «C’est autour de cette table que les grandes décisions de l’histoire politique du Maroc ont été prises comme celle relative à la formation du premier gouvernement progressiste et populaire au Maroc en 1959 ou à l’élaboration du premier plan quinquennal», a tenu à expliquer El Miloudi Moukharik à ses hôtes. 
Il convient de préciser qui les trois centrales, qui ont imputé au gouvernement la responsabilité du blocage du dialogue social et de la négociation collective ainsi que de la dégradation des conditions de vie,  ont exigé le retrait de l’ensemble des projets de loi relatifs aux classes laborieuses et aux salariés et de toutes les décisions impopulaires portant un coup au pouvoir d’achat des citoyens. 


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