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Voici un des rares jeunes artistes marocains - il est né en 1972- chez qui la création plastique est une épreuve de force, une confrontation et un pari à remporter.
Calligraphe d'une inventivité particulière, Larbi Cherkaoui a depuis longtemps libéré la lettre arabe de son orthodoxie pour en faire un signe universel, qui relèverait de la cosmogonie, l'inscrivant dans un espace optique de type abstrait.
Lyrique, suggestif, le mouvement a fini par subvertir la normalité des formes littérales qui vont se répercuter diversement sur la peau en ondes de choc optimales, en touches et en taches spontanées, se lovant à qui mieux mieux dans un quadrillage eurythmique et à la fois emblématique : secret d'une composition/puzzle qui exige initiation préalable. L'élément contraste, notoire chez l'artiste, fait ressurgir un résultat calibré, traces cryptogrammatiques dont les effets lumineux renforcent la teneur en tons chauds et la qualité pigmentaire.
On a parfois l'impression d'assister à des résolutions graphiques d'un genre nouveau, avec une tendance à la verticalité/: allusions symboliques à un lettrage durement tronqué, qui s'adresse sans doute exclusivement au regard, exception faite de toute sonorité. Ecriture émotionnelle vidée de tout esthétisme, traduite énergiquement en des formes abstraites pures.
Avec l'arrivée de Larbi Cherkaoui à l'emploi d'un polychromatisme qui n'est pas forcément une figure de style : nuances colorées, jeu de focalisation en profondeur et gerbes lumineuses débordant sur les côtés. C'est assurément un pas en avant dans la recherche, s'élargissant à d'autres tons et d'autres valeurs afin de s'en approprier l'esprit et la matière générale. C'est également un clin d'œil constant à un legs linguistique social déterminé, autant dire au patrimoine et un maintien plus ou moins conscient de la revendication identitaire.