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C'est ce qu'on appelle jeter un pavé dans la mare. Philippe Even, pneumologue et pionner de la lutte contre le tabagisme en France, a affirmé ce lundi au Parisien que la nocivité du tabagisme passif n'a jamais été prouvée scientifiquement, et que les rares études montrent qu'elle serait soit «inexistante», soit «extrêmement faible». Des propos qui suscitent des réactions indignées en cette Journée mondiale sans tabac. Et pourtant...
«On a créé de toutes pièces une peur qui ne repose sur rien», clame Philippe Even, fustigeant l'absence de «donnée scientifique solide». Faux, répondent en coeur le ministère et les spécialistes. «La nocivité du tabagisme passif n'est plus à démontrer, a réagi le ministère de la Santé. Depuis de nombreuses années, il est établi que le tabagisme passif est responsable en particulier de cancers, d'infarctus et d'accidents vasculaires cérébraux.»
«Le tabagisme passif tue», enchaîne le pneumologue Bertrand Dautzenberg, auteur en 2001 d'un rapport sur le tabagisme passif. Un document dans lequel il indique pourtant, à l'époque, qu'«aucune estimation objective n’est disponible en France» et qu'«il n’existe pas de source fiable d’estimation du nombre de décès liés au tabagisme passif en France».
En réalité, «la nocivité du tabagisme passif est très difficile à objectiver», a expliqué à 20minutes.fr le docteur Anne Borgne, addictologue et porte-parole de la Société française de tabacologie. La raison? «il y a beaucoup d'inconnues», comme la durée quotidienne d'exposition au tabac, le volume de l'espace enfumé dans lequel évolue le sujet...
«L'imprégnation chronique au tabac est difficile à évaluer, et on connaît mal les critères choisis par les études existantes», note Anne Borgne. Mais si «affirmer des chiffres est difficile», la spécialiste convient que «l'exposition à la fumée est forcément mauvaise».
La tabacologue ne comprend pas bien la saillie de Philippe Even et estime qu'il est «dommage de faire naître le doute en cette Journée mondiale sans tabac, axée cette année sur les femmes». Car en matière de prévention, Anne Borgne note que pour une fois, «dans le doute on s'abstient». Il n'y a pas de fumée sans feu, en somme.