-
Taounate : Plus de 1000 bénéficiaires d'une caravane médicale multidisciplinaire
-
Le Salon de l'artisanat d'Agadir Ida-Outanane, du 11 au 17 janvier prochain
-
Béni Mellal : Ouverture du Salon provincial de l'Artisanat
-
Institut supérieur des pêches maritimes d'Agadir: Remise des diplômes aux lauréats de la promotion 2023-2024
-
La gestion durable des zones humides, thème d'un atelier jeudi à Ifrane
En l'espace d'une dizaine d'années, elle a pu acquérir une bonne notoriété dans le marché mondial pour devenir une bonne carte postale pour le tourisme national.
Cependant, le processus de désenclavement de la ville qui repose principalement sur le secteur touristique a été accompagné par un effort financier d'investisseurs étrangers qui ont succombé au charme de cette ville millénaire faite de partage et de diversité culturelle. Une passion qui ne manquait pas de pragmatisme puisque chaque sou investi dans les pierres de Mogador s'est avéré être une très bonne affaire.
« Essaouira représente un marché vierge et prometteur pour les petits capitaux européens . Le marché des investissements est presque saturé chez nous, et les idées sont consommées, contrairement au Maroc, où il y a toujours moyen de concrétiser certaines idées et faire fortune ». C’est la déclaration pleine d'enseignements d'un touriste européen dans la fin des années 90 en réaction à l'engouement constaté des touristes européens pour l'achat des vieilles demeures à Essaouira.
Une autre déclaration, plus signifiante d’un simple agent immobilier qui ne passait jamais inaperçu durant les années 90, et dont le nom restera lié à la fièvre des ventes des maisons historiques de l'ancienne médina. C'était dans le cadre d'un reportage réalisé par une chaîne de télévision marocaine qui essayait d'accompagner cette soi-disant dynamique économique que commençait à connaître la ville des alizés : "Nous avons tout vendu, tout", déclara-t-il visiblement enthousiaste du fait qu'il croyait réaliser un exploit en facilitant la vente d’un maximum de vieilles demeures à des Européens. Sur le plan personnel, il se sent comblé puisque chaque transaction lui valait la bagatelle de quelques millions de centimes, mais concernant le processus de désenclavement de la ville, c'est un enthousiasme à reconsidérer et examiner à la loupe des différents problèmes structurels constatés après quelques années de cette cession précipitée.
Certes, plusieurs investisseurs européens avaient fait preuve de professionnalisme, d'intégrité avec un grand respect des lois marocaines. Certains d'entre eux ont été même à l'origine d'un savoir-faire d'un grand appui à de nombreux opérateurs touristiques locaux qui traînaient un amateurisme aberrant. Mais, il y a une autre catégorie de résidents étrangers qui avaient fait irruption à l'entame de cette métamorphose, avec un bon sens commercial, et moins de respect des règles du jeu, pour infiltrer le marché des activités touristiques à l'insu des lois en vigueur.
Le pire des cauchemars des opérateurs touristiques. Il y avait d'abord plusieurs dizaines de ressortissants européens qui ont pu réaliser de très bonnes affaires en achetant, en réhabilitant, et en revendant de vieilles demeures de l'ancienne médina. On peut évoquer le cas de ce citoyen marocain qui avait vendu sa vieille maison à un Européen à un prix avoisinant un million de dirhams. Il était aux anges au début, mais trois ans après, il ressentait un immense sentiment d'amertume et de regret, parce que sa demeure réaménagée a été revendue à un Italien au prix de quatre millions de dirhams.
Mais le pire des cauchemars des opérateurs touristiques d’Essaouira reste cette catégorie de faux investisseurs étrangers qui ont toujours opéré dans le noir sans payer le moindre dirham à l'Etat marocain. Ils se servaient de la complicité d'une main-d'œuvre à bon marché, et usant de méthodes illégales pour acheter le silence des " mauvaises langues". On se souvient encore d'une déclaration d'un ex-responsable au ministère du Tourisme à Essaouira, qui, dans le cadre de ses efforts déployés afin d'organiser le secteur, avait fait une enquête pour identifier le nombre d'établissements touristiques opérant dans la clandestinité. A sa grande surprise, ils étaient au nombre de plusieurs dizaines ! La démarche est on ne peut plus simple : un ressortissant européen s'amène avec son petit capital, s'achète une vieille maison dans l'un des recoins de l'ancienne médina, la réaménage, et la transforme clandestinement en maison d'hôtes. Il n'a besoin ni d'autorisation, ni de se conformer aux normes de classement des établissements touristiques. Il n'est pas non plus obligé de payer la moindre taxe, ni de rester sur place pour faire tourner son affaire. Il rentre chez lui, où il coordonne et gère toutes les opérations de voyage et d'accueil de ses clients. Même les règlements du séjour se font en Europe et les faux opérateurs touristiques n'ont qu'à assurer le minimum pour faire fonctionner leurs soi-disant maisons d'hôtes. Et ce ne sont pas les exemples qui manquent. Pis, personne ne sait ce qui se trame derrière les portes de ces maisons d'hôtes clandestines, car on n'a pas toujours affaire à des touristes amoureux de nos murs, de nos plages et en quête de soleil. Il y a aussi des homosexuels, des drogués, et de maudits pédophiles!
Cependant, il faut revenir sur les multiples cas d'opérateurs touristiques européens qui ont démarré à zéro. Plusieurs d'entre eux avaient débarqué sans même avoir de quoi payer les frais d'hôtel. Ils ont pu en l'espace de quelques années, devenir propriétaires d'hôtels et de maisons d'hôtes en amassant de vraies fortunes. Le cas de cette dame infortunée qui avait fait irruption vers la fin des années 90 en est l'illustration. Elle a pu infiltrer le cercle de l'élite locale et profiter au maximum de l'influence de certains responsables pour réaliser son "rêve marocain " , et ainsi devenir propriétaire d'une maison d'hôtes autorisée et œuvrant dans les normes. Aujourd'hui, et avec l'optimisation du tourisme rural qui avait pour but d'améliorer et diversifier le produit touristique local en vue de relever la moyenne de séjour ne dépassant guère deux nuitées, on se trouve face à une nouvelle catégorie de faux opérateurs européens qui ont su anticiper et ainsi réorienter leurs intérêts vers les zones périphériques d'Essaouira. Ils achètent plusieurs hectares de terres agricoles, qu'ils transforment en résidences privées avec piscine, promenade et tous les avantages du confort. Ensuite, ils vendent le produit de tourisme rural à leurs amis et connaissances, mais toujours dans la clandestinité et sans verser le moindre dirham à la trésorerie marocaine. Un phénomène vécu sur la route reliant Essaouira et Agadir, où de nombreuses résidences, loin d'être privées, se multiplient par dizaines.
Certains établissements touristiques opérant dans la légalité sont loin d'être conformes.
Ce ne sont que quelques facettes des interminables problèmes structurels qui entachent le secteur touristique à Essaouira. Certains établissements opérant dans la légalité, sont loin d'être aux normes. On se souvient de ce restaurant infect dans l'ancienne médina. La commission de contrôle a été choquée par l'état insalubre de sa cuisine envahie par les rats. Malheureusement, elle s'était contentée de lui adresser un avertissement verbal alors qu'il fallait ordonner la fermeture de ce trou à rats.
L’on doit être pour le processus de mise à niveau du secteur et le respect des lois en vigueur, mais on ne peut tolérer le mutisme actuel des services compétents devant ce secteur parallèle qui favorise une culture de fraude et de clandestinité.
Enfin, les responsables doivent concentrer leurs efforts pour venir à bout de ces structures touristiques gérées dans l’illégalité par de petits spéculateurs et assainir le secteur.