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L’ombre des retombées de la tragédie Argana était fortement présente avec la spectaculaire réduction du nombre de nuitées dans les hôtels classés dont la moyenne de remplissage devient de plus en plus alarmante. D’autre part, l’affaiblissement du pouvoir d’achat des citoyens s’est fait fortement sentir cette année. Bazaristes, artisans, et restaurateurs même, tous s’accordent à constater la régression de leurs chiffres d’affaires durant cette saison.
« Cette année, on a moins de visiteurs, et même les gens qui ont choisi la destination d’Essaouira, sont de plus en plus réticents quant à la question des achats. On a vraiment l’impression que les visiteurs se contentent de l’essentiel sans s’aventurer à s’offrir un (luxe) qui pourrait faire souffrir leurs bourses apparemment essoufflées ! », nous a déclaré un commerçant au Souk Jdid, dans l’ancienne médina.
La concurrence déloyale imposée aux opérateurs hôteliers par les propriétaires des appartements meublés a gagné encore plus de terrain ; elle est de plus en plus tolérée par les autorités locales et les forces de l’ordre qui n’ont manifesté aucune réaction à l’égard des enfants et jeunes éparpillés à l’entrée de la ville avec leurs fameuses clés.
« Je pense que les opérateurs hôteliers d’Essaouira se sont adaptés à cette pratique informelle et illégale ; certains d’entre eux ont même procédé, depuis plusieurs années, à l’aménagement d’appartements et de maisons dédiés à la location clandestine par nuitée. Il faut reconnaître quand même qu’on n’a pu ni éradiquer, ni formaliser encore moins organiser cette pratique : c’est un échec collectif ! », nous a confié un opérateur hôtelier commentant l’image de plusieurs dizaines d’enfants et jeunes proposant des appartements meublés aux visiteurs de la ville.
D’ailleurs, les visiteurs d’Essaouira, toutes catégories confondues, paraissent satisfaits de l’existence de cette opportunité qui leur assure une offre variée et adaptée à leurs budgets
« Je trouve le phénomène de location d’appartements meublés tout à fait en faveur des visiteurs de la ville. C’est un levier informel pour la promotion du tourisme interne, malheureusement boudé par les opérateurs hôteliers qui n’ont pas manifesté suffisamment d’enthousiasme envers le projet Kounouz Biladi. Je trouve même que la qualité des appartements s’améliore avec le temps ; il faut juste repenser organisation et suivi sécuritaire », a affirmé un habitué de la ville des alizés.
Pourtant, la saison des vacances n’a vraiment duré que quinze jours à Essaouira, car la ville n’a connu une forte affluence que durant la deuxième quinzaine du mois de juillet. Tout de suite après, la grande masse des visiteurs sont rentrés chez eux pour passer le mois du jeûne dans le calme et la piété.
« Je préfère toujours passer le mois de Ramadan chez moi, le quotidien ramadanesque est tout à fait différent du reste de l’année ; de ce fait, je vois mal comment je pourrais préserver mes habitudes et mes activités liées au mois du jeûne loin de ma maison et ma famille » nous a confié un visiteur marocain, ayant hâte de regagner sa ville.
Cependant, plusieurs dizaines de citoyens fuyant le climat caniculaire de leurs villes, ont préféré passer le Ramadan dans la fraîcheur singulière d’Essaouira.
« Je suis originaire de Marrakech, chez nous la chaleur atteint son pic durant le mois d’août qui coïncide cette année encore avec le Ramadan. Ayant fait l’expérience de l’année dernière qui a été assez pénible, je préfère cette fois passer le mois du jeûne à Essaouira où le climat est exceptionnellement frais » affirme un citoyen originaire de Marrakech.
D’autre part, l’anarchie a battu son plein durant cette saison d’estivage à Essaouira, à commencer par les marchands ambulants qui ont pris la liberté d’occuper tous les passages, les places et les artères de l’ancienne médina. A Bab Doukkala, comme aux boulevards des agrumiers, Al Massira et Al Haddada, l’anarchie était toujours la même, des dizaines de marchands ambulants occupaient les moindres recoins des passages barrant ainsi les chemins et offrant une malheureuse image d’absence de contrôle et d’organisation.
« Je visite Essaouira chaque saison, et je ne l’ai jamais vue dans cet état d’anarchie et de laisser-aller, à tel point que les forces de l’ordre se contentaient de regarder sans intervenir pour rétablir la situation », commente un visiteur de la ville.
Près de la place Moulay El Hassan, on pouvait facilement remarquer que le souci du conseil élu était autre que d’organiser les activités et veiller au respect de la loi en vigueur, car l’espace public n’avait plus rien de public, les passants n’avaient plus droit qu’à une petite partie du grand passage puisque restaurateurs, cafés et snacks se sont abusivement emparés de l’espace. Et toujours sans aucune réaction des autorités locales et des élus.
A Bab Marrakech, Bab Sbaa, El Haddada, place El Menzah, le paysage n’était plus le même, car les travaux du projet de réaménagement du réseau d’assainissement liquide de la ville ont coïncidé avec la saison d’estivage. Des gravats entassés, des fossés mal obstrués, des flacs d’eaux usées en plein milieu du boulevard El Haddada, entre autres. On avait l’impression de marcher au milieu d’un grand chantier.
« Essaouira est devenue méconnaissable à cause des travaux. En tant que visiteur, je trouve le moment mal choisi pour démarrer les travaux, mais je pense quand même qu’il vaut mieux sacrifier une saison d’estivage pour résoudre définitivement le problème de l’assainissement liquide plutôt que de continuer à souffrir à chaque hiver » commente un citoyen.
On peut dire que la saison estivale à Essaouira a été aux couleurs de la conjoncture difficile que traverse le secteur touristique, avec bien sûr les ingrédients faisant la spécifité locale telles la médiocrité et l’insouciance du conseil élu.