Forte de son sacre européen en Autriche, l'Espagne des orfèvres Xavi et Iniesta était favorite pour la première Coupe du monde organisée en Afrique.
Même si elle a été moins séduisante qu'à l'Euro, la "Seleccion" a parfaitement su réagir après une première claque contre la Suisse aussi surprenante qu'inattendue (1-0) pour enchaîner ensuite les victoires jusqu'à la frénétique finale du 11 juillet face aux Pays-Bas (1-0 a.p.). La délivrance (à la 116e minute) est venue du timide et travailleur Andrés Iniesta, longtemps remplaçant de luxe au FC Barcelone et enfin star.
En Espagne, la fête a été d'une ampleur inédite. Tout le pays a basculé dans l'euphorie, oubliant pendant quelques heures les effets dévastateurs de la crise économique.
Ce titre mondial dans le sport le plus populaire constitue un formidable point final pour la glorieuse décennie du sport espagnol après les succès planétaires de Rafael Nadal (tennis), Fernando Alonso (Formule 1), Alberto Contador (cyclisme) et Pau Gasol et consorts (basket-ball).
Nous sommes au sommet En sport, nous sommes au sommet, et ce succès est la consécration, avait clamé juste après la finale le chef du gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero.
"Notre sport vit une époque dorée, la meilleure de son histoire", s'était félicité son secrétaire d'Etat au Sport, Jaime Lissavetzky.
A Madrid, les supporteurs de l'équipe nationale de foot, la "Roja", étaient "plus d'un million" selon un commentateur de la télévision publique espagnole qui avait alors parlé de la "plus grande fête de l'histoire en Espagne".
"Merci les champions, au nom de toute l'Espagne et de tous les Espagnols", avait lancé le roi Juan Carlos lors de leur accueil triomphal dans la capitale espagnole.
Mais la petite étoile brodée sur les nouveaux maillots des joueurs espagnols implique aussi de grandes responsabilités.
Enormément sollicités par les médias et annonceurs, les joueurs sont restés concentrés sur leur objectif dans les qualifications de l'Euro-2012: une première place dans le groupe I avec trois victoires en trois matches.
En revanche, ils n'ont pas du tout été à la hauteur lors de matches amicaux de prestige contre des équipes de premier plan, l'Argentine de Lionel Messi (défaite 4-1) et le Portugal de Cristiano Ronaldo (défaite 4-0).
Le dernier revers, le 17 novembre, n'est pas du tout passé en Espagne alors qu'on pardonnait tout à la "Roja" depuis son éblouissant championnat d'Europe en 2008.
Le placide sélectionneur Vicente Del Bosque, chargé de prolonger l'état de grâce au moins jusqu'en 2012, a tapé du poing sur la table: "Nous n'avons pas d'excuses. Nous ne pouvons pas faire pire".
"On a manqué d'intensité, on a manqué de tout. C'est inquiétant", confiait Fernando Llorente, l'attaquant de l'Athletic Bilbao.
La "Roja", championne d'Europe et du monde, a encore beaucoup de crédit.
Mais l'équipe de France en avait aussi énormément après son doublé Mondial-98/Euro-2000. Et elle avait tout dilapidé lors d'une campagne désastreuse au Mondial-2002. Un fiasco dont les Espagnols devront se souvenir.