Erdogan rejette les critiques sur le référendum : Nouvelle prolongation de trois mois de l'état d'urgence en Turquie


Mercredi 19 Avril 2017

Félicité par Donald Trump, le président turc Recep Tayyip Erdogan a célébré sa victoire au référendum sur l'hyper-présidentialisation du régime avec des milliers de partisans, dans son palais à Ankara, et tancé les observateurs étrangers qui ont mis en doute sa victoire.
Si globalement l'Europe a fait la fine bouche devant sa victoire d'une courte tête, une mission commune d'observateurs de l'OSCE et du Conseil de l'Europe ayant même estimé que le scrutin n'avait pas été "à la hauteur des critères" européens, le président américain a, lui, pris son téléphone pour féliciter personnellement son homologue.
Donald Trump "a parlé aujourd'hui avec le président turc Recep Tayyip Erdogan pour le féliciter de sa récente victoire au référendum", a ainsi précisé la Maison Blanche dans un communiqué lundi soir, en précisant que les deux hommes avaient également abordé le dossier syrien.
Coutumier des tensions avec les Européens, M. Erdogan a en tout cas rejeté par avance tout rapport critique qui pourrait venir de leur part: "Nous ne voyons et nous ne tenons pas compte de tout rapport que vous pourriez préparer", a-t-il lancé à ses supporters.
Le chef de la diplomatie turque a de son côté jugé les conclusions des observateurs "biaisées" et "inacceptables".
Les deux principaux partis d'opposition, le CHP (social-démocrate) et le HDP (prokurde), sont eux allés plus loin que les Européens dans leurs critiques, dénonçant des "manipulations" pendant le scrutin. Et ils ont annoncé leur intention de demander le recomptage des voix.
En cause, la décision du Haut-Conseil électoral (YSK) de considérer comme valides les bulletins non marqués du sceau officiel des autorités électorales. L'opposition y a vu une manoeuvre rendant possibles des fraudes.
"Des modifications tardives dans la procédure de comptage (des voix) ont supprimé un important garde-fou" contre les fraudes, a confirmé le rapport des observateurs européens.
M. Erdogan a aussi adopté un ton ferme à l'égard de l'Union européenne, évoquant l'organisation d'un référendum pour décider de poursuivre ou non les négociations d'adhésion de la Turquie.
"Ils nous font attendre à la porte de l'Union européenne depuis 54 ans, n'est-ce pas ? (...) Nous pourrons aller au-devant de notre peuple, et nous obéirons à sa décision", a lancé M. Erdogan, sans avancer de date pour une éventuelle initiative de ce type.
La veille il avait déjà lancé l'idée d'un référendum sur le rétablissement de la peine de mort. Paris a averti lundi qu'une telle mesure provoquerait une "rupture" avec l'Europe.
"L'Union européenne menace de geler les négociations. A vrai dire, ce n'est pas très important pour nous. Qu'ils nous communiquent leur décision!", a ajouté M. Erdogan.
Les relations entre Ankara et l'UE se sont fortement tendues ces derniers mois, le président turc accusant même certains dirigeants européens d'avoir eu recours à des "pratiques nazies" en décidant d'annuler des meetings pro-Erdogan, notamment en Allemagne et aux Pays-Bas.
A Istanbul, au moins 2.000 personnes sont descendues dans les rues lundi soir pour contester le résultat du référendum, sous un slogan clair: "Côte-à-côte contre le fascisme".
Avec sa victoire, M. Erdogan, qui a échappé à une tentative de putsch le 15 juillet, pourrait en théorie rester à la tête de l'Etat jusqu'en 2029. Il a occupé le poste de chef du gouvernement entre 2003 et 2014, avant d'être élu président.
Faisant fi des contestations de l'opposition, le parti au pouvoir (AKP) a d'ores et déjà annoncé qu'il proposerait fin avril à M. Erdogan de retrouver sa place dans ses rangs, appliquant ainsi le premier point d'une réforme --il ne pouvait jusqu'alors pas rejoindre un parti-- dont la plupart des volets entreront en vigueur après les élections présidentielle et législatives de 2019.
Dans la soirée, le Conseil national de sécurité turc a approuvé la prolongation de l'état d'urgence, pour la troisième fois depuis son entrée en vigueur après le putsch avorté de juillet.


Lu 524 fois

Nouveau commentaire :

Votre avis nous intéresse. Cependant, Libé refusera de diffuser toute forme de message haineux, diffamatoire, calomnieux ou attentatoire à l'honneur et à la vie privée.
Seront immédiatement exclus de notre site, tous propos racistes ou xénophobes, menaces, injures ou autres incitations à la violence.
En toutes circonstances, nous vous recommandons respect et courtoisie. Merci.

Dossiers du weekend | Actualité | Spécial élections | Les cancres de la campagne | Libé + Eté | Spécial Eté | Rétrospective 2010 | Monde | Société | Régions | Horizons | Economie | Culture | Sport | Ecume du jour | Entretien | Archives | Vidéo | Expresso | En toute Libé | USFP | People | Editorial | Post Scriptum | Billet | Rebonds | Vu d'ici | Scalpel | Chronique littéraire | Chronique | Portrait | Au jour le jour | Edito | Sur le vif | RETROSPECTIVE 2020 | RETROSPECTIVE ECO 2020 | RETROSPECTIVE USFP 2020 | RETROSPECTIVE SPORT 2020 | RETROSPECTIVE CULTURE 2020 | RETROSPECTIVE SOCIETE 2020 | RETROSPECTIVE MONDE 2020 | Videos USFP | Economie_Zoom | Economie_Automobile | TVLibe









L M M J V S D
  1 2 3 4 5 6
7 8 9 10 11 12 13
14 15 16 17 18 19 20
21 22 23 24 25 26 27
28 29 30 31      





Flux RSS
p